Vie politique - Réunion ce matin au Sérail pour apporter la dernière touche à la déclaration ministérielle Le nouveau cabinet insistera sur la solidarité avec Damas(photos)

La commission élargie chargée d’élaborer la déclaration ministérielle doit se réunir ce matin à 10h, au Sérail, sous l’égide du président du Conseil Rafic Hariri, pour apporter la touche finale au projet de déclaration qui devrait être soumis jeudi au nouveau gouvernement pour approbation. Assaad Diab, membre de la commission, a donné à la « Voix du Liban » quelques indications sur le projet. Selon lui, il y sera question surtout de la situation régionale et de la nécessité de coopérer plus que jamais avec la Syrie. Le processus des réformes économiques constituera aussi l’un des thèmes essentiels de la déclaration sans toutefois entrer dans les détails de l’application. En effet, on se contentera de souligner la nécessité de hâter la réalisation des projets de privatisation conformément aux engagements pris à Paris II. Sur le plan politique, une source ministérielle indique que la déclaration insistera en particulier sur l’importance de la solidarité interne à la lumière des circonstances régionales. D’où la nécessité d’un dialogue entre toutes les parties pour aboutir notamment à un accord sur une nouvelle loi électorale. Le ton du programme gouvernemental avait été déjà donné samedi lors de la première réunion du Conseil des ministres présidé par le chef de l’État, le général Émile Lahoud. Celui-ci avait affirmé que le nouveau cabinet devait être au service de tous les Libanais sans exception. Il avait aussi souligné l’importance du timing de la formation de ce gouvernement dans la mesure où le Liban et la Syrie font l’objet de pressions considérables inspirées par Israël. Le cabinet a formé ensuite la commission chargée d’élaborer les grandes lignes de la déclaration ministérielle, présidée par M. Hariri, et composée de MM. Marwan Hamadé, Assaad Hardane, Farès Boueiz, Assaad Diab, Michel Samaha, Fouad Siniora, Jean Obeid, Ayoub Hmayed et Karim Pakradouni. Sleiman Frangié (en voyage) et Talal Arslane se sont absentés de la réunion. Prenant la parole après le président Lahoud, le Premier ministre a mis en garde contre le Syria Accountability Act que le Congrès américain prépare et qui, selon lui, « aurait de graves répercussions aussi bien sur la Syrie que sur le Liban ». D’où la nécessité d’une coopération étroite entre les deux pays de manière à amortir au maximum les effets d’une telle mesure. Sur le plan régional, M. Hariri a réitéré la position du Liban concernant la crise irakienne, réclamant ainsi le retrait des forces étrangères du sol irakien et la formation d’un gouvernement sur des bases démocratiques. Dénonçant les accusations américaines dont Damas a été la cible ces derniers temps, il a en outre insisté pour une relance du processus de paix à travers des négociations visant à l’application des résolutions de l’Onu. Abordant le volet économique, M. Hariri a insisté sur une compression des dépenses de manière à respecter le déficit de 25 % fixé par le gouvernement précédent. Il a souligné d’autre part sa détermination à « hâter la mise en application du processus de privatisation et à augmenter les recettes du Trésor ». Les précisions de Samaha À l’issue de la réunion, le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Information, Michel Samaha, a déclaré, en réponse à une question sur la représentativité du nouveau cabinet : « Je voudrais demander à cette partie (l’opposition) si elle désirait effectivement intégrer le gouvernement (...). En effet, nous ne les avons pas vus se solidariser avec les prises de position du patriarche (Sfeir) ou avec celles de l’Assemblée des évêques maronites. » En tout état de cause, « la prochaine étape sera celle de l’entente sur tous les dossiers, de manière à en accélérer l’application », a déclaré M. Samaha, qui a reçu du ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, un télégramme de félicitations à l’occasion de sa nomination à la tête du ministère de l’Information. Notons qu’avant la réunion du Conseil des ministres, les membres du nouveau gouvernement s’étaient tous rendus au palais de Baabda où ils ont posé pour la photo-souvenir traditionnelle. À la demande du président Lahoud, ils ont observé une minute de silence en mémoire du photographe de la présidence de la République récemment décédé, Antoine Dalati. Réactions mitigées au nouveau cabinet Par ailleurs, la composition de la nouvelle équipe a continué à susciter des réactions mitigées… parmi certains de ses membres. En effet, si Michel Samaha estime que ce cabinet a été formé « conformément à l’intérêt national », et que « nous représentons tous la position du patriarche maronite », d’autres, comme le ministre d’État Assem Kanso, ont exprimé quelques réserves. De fait, M. Kanso aurait souhaité que le Hezbollah et certains opposants soient représentés dans le nouveau gouvernement. Selon lui, le député « modéré » Nassib Lahoud aurait très bien pu représenter le Rassemblement de Kornet Chehwane. Et d’ajouter : « Si certaines forces au sein de ce Rassemblement continuent à miser sur des bouleversements ou sur la politique israélo-américaine, cela n’est pas dans l’intérêt du Liban. » De son côté, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Ayoub Hmayed, a exhorté toutes les parties à « œuvrer en vue d’augmenter la confiance dans l’État et ses institutions au lieu de perdre le temps à mettre en doute la représentativité du gouvernement ». Critiquant ainsi les détracteurs du nouveau cabinet, il a estimé que « ceux-là font partie du passé ». Par ailleurs, le ministre des Déplacés, Abdallah Farhat, a déploré les critiques adressées au gouvernement alors que celui-ci n’a pas encore élaboré son programme d’action et sa déclaration ministérielle. Il a en outre qualifié de « difficile » le travail dans ce ministère « après la gestion réussie de Walid Joumblatt et de Marwan Hamadé ».