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Actualités

Témoignage La quête du Graal

Je vis Le Jour il y a trente-huit ans. C’était magique, la forêt de Brocéliande. J’avais vingt-deux ans, un vrai Galahad. J’ai commencé l’apprentissage, comme il se doit, tout en bas. Au sous-sol. Où, à côté des rotatives et du cliquetis incessant, assourdissant du moule à caractères de plomb, une verrière abritait M. Zeinoun, M. Zeitouni et deux ou trois autres correcteurs. J’entrevis, au marbre, une dame d’une imposante, d’une sévère beauté de statue grecque, à blond chignon. Elle devait contrôler l’un de ses textes. Je savais qui c’était, sans doute par les mardis du Faubourg qu’animait André Kécati, mon boss précédent du Soir. Ce cénacle hebdomadaire était le rendez-vous de l’intelligentsia et des ambassadeurs étrangers qui donnaient des conférences culturelles rédigées par d’obscurs attachés. Je me souviens de Jalal Khoury intervenant dans un débat sur le H. Et je me souviens de la grève de la LIA, mon premier reportage. J’étais prêt à tout rapporter : tête brûlée à l’école, j’avais souffert des mouchards et je voulais leur rendre la monnaie de leur pièce, convaincu que cette mauvaise graine ne pouvait qu’être devenue de la crapule. Nous étions tous, ou presque, des justiciers parce que l’époque était trouble. Puis il y a eu la guerre et notre premier disparu, Édouard Saab. Aujourd’hui, ces murs de Hamra que nous quittons gardent le souvenir. Kantari, c’est l’avenir. Nous avions notre songe et il était beau. Bientôt, notre génération passera le flambeau. Pour qu’à leur tour nos jeunes collègues puissent rêver. À ce Graal de la vérité introuvable et jamais trouvé. J.I.
Je vis Le Jour il y a trente-huit ans. C’était magique, la forêt de Brocéliande. J’avais vingt-deux ans, un vrai Galahad. J’ai commencé l’apprentissage, comme il se doit, tout en bas. Au sous-sol. Où, à côté des rotatives et du cliquetis incessant, assourdissant du moule à caractères de plomb, une verrière abritait M. Zeinoun, M. Zeitouni et deux ou trois autres...