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Pour la nouvelle équipe, priorité à la cohésion pour affronter les défis régionaux Un gouvernement de confrontation et tant pis pour la représentativité

«Ce sera un gouvernement de confrontation. » C’est par cette formule lapidaire qu’un ministrable résume la situation actuelle. Selon lui, la priorité du troisième gouvernement du mandat Lahoud est la cohésion, afin de pouvoir affronter les graves échéances régionales qui guettent le Liban et la Syrie. La représentativité n’est donc plus le souci principal. Ce qui compte pour ceux qui veillent à la formation de cette troisième équipe est d’avoir un groupe homogène, en mesure de prendre des décisions importantes. « L’ensemble de la région est sur un volcan, ajoute le ministrable. Le Liban doit être prêt à tous les développements, en se tenant aux côtés de la Syrie ». Voilà, l’essentiel est dit. Ceux qui rêvaient d’un gouvernement regroupant des personnalités crédibles, ou en tout cas plus représentatives, seront sans doute déçus. L’équipe en gestation ne changera pas beaucoup et les nouveaux-venus ne sont pas choisis pour leur popularité, mais pour leur habilité à s’entendre entre eux sur des décisions précises et probablement impopulaires ou difficiles. Consolider le ventre mou En fait, le thème d’un changement gouvernemental revient sur le tapis à chaque crise entre les responsables. Toutefois, avant les derniers développements régionaux, les Syriens faisaient savoir que l’heure n’était pas aux changements et qu’il fallait plutôt se préparer à affronter la guerre en Irak. Il était donc devenu acquis qu’un nouveau gouvernement naîtrait après cette guerre. Mais nul ne s’attendait à ce qu’il voit le jour si vite après la fin de la guerre. Selon un ministrable, c’est justement la rapidité de la chute du régime irakien, et surtout la campagne américaine contre la Syrie qui ont imposé le changement. Les Syriens, selon lui, essayaient de faire traîner les choses, mais c’est lorsque le président américain George W. Bush a lui-même attaqué la Syrie que le président Assad a décidé de mettre les bouchées doubles. C’est ainsi qu’il aurait été demandé au président du Conseil Rafic Hariri de présenter la démission du gouvernement, de même que lui auraient été communiquées les grandes lignes auxquelles doit répondre la nouvelle équipe : trente ministres, des figures politiques, des personnalités inamovibles et de nouveaux-venus aux allégeances sûres. Pour le reste, c’est avec le président Lahoud qu’il devrait s’entendre. D’ailleurs, selon des sources parlementaires, M. Hariri aurait bien fait comprendre cette situation à ses interlocuteurs, pendant les consultations parlementaires, en accordant cinq minutes d’audience à chaque bloc, sans même prendre des notes, pour bien montrer qu’il s’agit de consultations de pure forme. Les mêmes sources précisent que le président du Conseil voulait garder la même équipe jusqu’à la fin du mandat présidentiel, dans une sorte de politique d’usure. Mais les Syriens en ont décidé autrement, soucieux de « consolider leur éternel ventre mou, le Liban ». Entre Lahoud et Hariri, il y a bien sûr eu des tiraillements sur les noms, le président du Conseil ne voulant pas entendre parler, par exemple, d’une participation de M. Tammam Salam. Il aurait ainsi obtenu gain de cause. Par contre, selon certaines sources, il aurait aussi opposé un veto à la désignation du chef du parti Kataëb, M. Karim Pakradouni et à celles de MM. Élie Skaff et Farès Boueiz, mais là ses souhaits n’auraient pas été pris en considération, Pakradouni faisant partie de toutes les formules, même si le parti qu’il préside souhaitait obtenir le portefeuille de l’Éducation, sinon il aurait préféré un ministère d’État. Selon le ministrable interrogé, le nouveau gouvernement serait donc le fruit d’un accord entre Lahoud, Berry et Joumblatt avec l’aval de Hariri, alors que la précédente équipe était le fruit d’un accord entre Hariri, Berry et Joumblatt avec l’aval de Lahoud. Mais finalement, les équilibres politiques actuels sont globalement respectés et surtout le pari de la rapidité, voulu par les Syriens, tenu, puique le président Assad souhaitait, dit-on, avoir l’équipe en place avant la visite du secrétaire d’État américain à Damas, prévue pour la semaine prochaine. Les menaces américaines prises très au sérieux Le ministrable, proche de la Syrie, estime que le régime du président syrien prend très au sérieux les menaces américaines et il aurait déjà une idée précise de la liste des revendications que lui présentera probablement M. Colin Powell. Certaines sont liées au dossier irakien : ne pas fournir d’asile aux anciens dirigeants du régime irakien, ne pas intervenir dans le nouvel Irak et reconnaître le gouvernement formé sous la férule des États-Unis. Ces conditions, la Syrie pourrait y répondre favorablement sans trop se faire prier. Mais il y en a d’autres qui concernent principalement le Liban. D’où la nécessité pour les Syriens d’avoir au pays des Cèdres, un gouvernement uni, qui leur est acquis. Il s’agirait donc ainsi de la fermeture des permanences du Jihad islamique, du Hamas et du FPLP, au Liban et en Syrie, du désarmement du Hezbollah et de l’envoi de l’armée libanaise au Liban-Sud. D’ailleurs, selon le même ministrable, le ministre français des Affaires étrangères, M. Dominique de Villepin, aurait déjà donné un aperçu de ce qui attend le Liban et la Syrie dans les prochains mois. Il aurait ainsi demandé aux autorités libanaises et syriennes deux choses essentielles : appuyer les efforts français pour que le Coneil de sécurité retrouve un rôle dans l’après-Saddam, en Irak, et accepter la feuille de route comme début du réglement du conflit israélo-palestinien. Si le Liban et la Syrie ont répondu favorablement au premier point, le second est plus difficile à adopter, la « feuille de route » comportant une renonciation au droit de retour des Palestiniens et donc, une acceptation de leur implantation dans les pays d’accueil. C’est dire si le bras de fer s’annonce difficile et le nouveau gouvernement n’aura certes pas une tâche aisée. Le ministrable le qualifie « d’équipe politique par excellence », puisque ce sont les problèmes de ce type qui vont dominer les débats au cours des prochains mois. La gestion du quotidien restera certes importante, mais le plus grave sera ailleurs, au niveau régional. Les Syriens sont catégoriques : la période qui commence s’annonce sous le signe de la confrontation et la priorité est au resserrement des rangs. Les promesses de démocratie en Irak ne semblent pas devoir atteindre le Liban. Scarlett HADDAD
«Ce sera un gouvernement de confrontation. » C’est par cette formule lapidaire qu’un ministrable résume la situation actuelle. Selon lui, la priorité du troisième gouvernement du mandat Lahoud est la cohésion, afin de pouvoir affronter les graves échéances régionales qui guettent le Liban et la Syrie. La représentativité n’est donc plus le souci principal. Ce qui...