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EXÉCUTIF - Principal obstacle pendant de longues semaines : les exigences du chef du gouvernement Le scandaleux retard dans les nominations diplomatiques pourrait être réglé demain en Conseil des ministres

Le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, a élaboré une nouvelle mouture du train diplomatique, comportant des nominations d’ambassadeurs – ou de diplomates ayant le titre d’ambassadeur – de l’administration centrale vers les missions à l’étranger et vive versa ; ainsi que des permutations entre différentes ambassades. Ce train de nominations « complet » n’est pas lié à d’autres dossiers, et le fait que le chef de la diplomatie l’ait présenté hier au chef de l’État permet de dire qu’« il a franchi des étapes décisives ». Cela ne veut certes pas dire qu’il sera proposé demain au Conseil des ministres parallèlement à l’ordre du jour. Il est d’ailleurs possible qu’il soit approuvé dans le cadre de l’entretien qu’aura Mahmoud Hammoud avec le Premier ministre, Rafic Hariri, une fois retourné d’Arabie saoudite. Quoi qu’il en soit, des sources ministérielles citant un haut responsable et rapportées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, ont assuré que la cuisson des nominations est arrivée à terme et que « rien ne les empêche donc d’être présentées demain en Conseil des ministres ». Sachant que le ministre des AE ne le fera pas s’il n’est pas sûr que la quarantaine de postes à pourvoir sera approuvée. C’est-à-dire que tout dépendra de son entretien avec le n° 3 de l’État. Ce sur quoi, entre autres, les responsables achoppent est le point suivant : le cas de plusieurs diplomates accrédités dans des capitales mondiales et qui ne leur reste plus, des dix années qu’ils sont censés passer à l’étranger, que douze ou dix-huit mois. Avant de regagner de facto l’administration centrale. Seront-ils transférés vers de nouveaux postes (Rome ou Le Caire par exemple) ? Certains diplomates, devenus de véritables Saint-Thomas, affirment qu’ils attendront de voir avant de se prononcer. « L’heure est venue de mener à terme ces nominations et de régler les conflits qui en sont nés. Ceux-ci sont normaux et routiniers, cela se passe ainsi dans tous les pays du monde, dont le Liban. Sauf qu’ici, ces nominations étaient soumises, pendant les cinq dernières années, aux tiraillements politiques », a rappelé l’un d’entre eux. L’on espère juste, s’il est vrai que le plat est sur le point d’être passé à table, que le critère de compétence soit pris en compte, que l’on nomme le bon ambassadeur au bon poste, que l’on dépasse le complexe du confessionnalisme (en ce qui concerne, surtout, les postes sensibles). L’on espère, en gros, qu’on se souviendra que l’ambassadeur, quel qu’il soit, est censé servir son pays et non pas tel ou tel président. L’on espère enfin que ne soient pas occultés la catégorie et le grade de l’ambassadeur. Voilà quels sont les souhaits des diplomates, tels que formulés off the record, bien évidemment. Les postes – Le projet des nominations vise à remplir les postes vacants, laissés vides en raison des mises en retraite ou pour une série d’autres motifs. a) Les Nations unies ; l’Italie ; l’Unesco ; le Soudan et le Pakistan. b) L’Allemagne, après que l’ancien ambassadeur Mohammed Issa fut nommé au poste de secrétaire général du palais Bustros. c) L’Indonésie, après que l’ambassadeur Nazih Achour eut demandé à être transféré à l’administration centrale, et sur décision du Conseil des ministres. d) La Yougoslavie, à cause des incidents qui ont secoué ce pays et sur la base du boycottage diplomatique. e) Le Liberia et le Congo. – Le projet vise également à remplacer les ambassadeurs dont la durée de service à l’étranger est arrivée à terme. Il s’agit de Boutros Assaker (Russie) ; Nasrat el-Assaad (Corée du Sud) ; Charbel Aoun (Ghana) ; Abdel-Majid Kassir (Roumanie) et Moustapha Moustapha (Maroc). – Il s’agit ensuite de nommer à l’étranger des ambassadeurs qui continuent de stagner (depuis fort longtemps pour certains d’entre eux) à l’administration centrale. a) Pour les maronites : le directeur des Affaires politiques du palais Bustros Nagi Abi-Assi ; le directeur du Centre des études juridiques et de documentation Gilbert Aoun ainsi que son adjoint Victor Bitar ; le directeur du service des chiffres Fouad Khoury Ghanem ; Charbel Estéphan, de la direction des Affaires financières et administratives ; le directeur du service Étrangers, Farès Eid ainsi que Gabriel Geara, de la direction des Affaires arabes. b) Pour les sunnites : le directeur du protocole, Abdel-Latif Mamlouk ; le directeur des Affaires arabes, Hicham Demashkieh et le conseiller Jad el-Hassan, le directeur du service Ligue arabe. Parmi les candidats sunnites aux postes d’ambassadeurs : le consul général du Liban à Djeddah, Ahmed Chmat. c) Pour les chiites : le directeur du bureau du ministre, Mohammed el-Dib, ainsi que le conseiller Hassan Saad, de la direction du protocole. d) Pour les grecs-catholiques : le directeur des Affaires arabes, Massoud Maalouf ; Micheline Abi-Samra de la direction des Affaires politiques, et Nicolas Khawaja. e) Pour les grecs-orthodoxes : le directeur des Affaires internationales, Gebrane Soufane, ainsi que le directeur du service des Organisations internationales, Antoine Chédid. f) Pour les druzes : le directeur des Affaires financières et administratives, Assem Jaber, et le conseiller Hassane Abi-Akar. g) Pour les minorités : le directeur du service culturel au sein de la direction des organisations, Noël Fattal, ainsi que Jamil Nahas. – Les candidats à des permutations interambassades sont : Sylvie Fadlallah, première conseillère près l’ambassade du Liban en France ; la consule générale à Milan, Inaam Osseirane, ainsi que Saïd Bitar, de l’ambassade en Tunisie. Il convient d’ailleurs d’ajouter que, toujours selon les sources bien informées rapportées par notre correspondant au ministère des AE, Nagi Abi-Assi serait nommé représentant permanent auprès des Nations unies à Genève à la place de Walid Nasr ; Sami Kronfol, représentant permanent auprès des Nations unies à New York après son transfert du Caire ; quant à Hicham Demashkieh, il serait nommé à Berlin (ces deux derniers postes ayant posé de sérieux problèmes entre les dirigeants). Les raisons des retards Pourquoi avoir remis à plusieurs reprises l’adoption de ce train des nominations ? Pourquoi avoir laissé vacants plusieurs postes d’importance ? Pourquoi le retard dans la signature du décret d’entrée en fonctions des jeunes diplomates de troisième catégorie ayant remporté le concours d’entrée il y a plusieurs semaines ? Une seule réponse, connue de tous : les tiraillements entre les trois présidents. Oui, mais quels tiraillements ? En l’occurrence, et selon une source autorisée au palais Bustros interrogée par L’Orient-Le Jour, le principal mécontent dans toute cette affaire serait le Premier ministre Rafic Hariri (qui semble s’être arrogé, au vu des heures de vol qu’il a accumulées entre une capitale et une autre, le portefeuille des AE). Qui a fait de son antipathie à l’égard du très lahoudien ambassadeur libanais à Washington, Farid Abboud, et de sa volonté de l’écarter de ce poste-clé une véritable affaire personnelle, frôlant l’obsession. Il s’est heurté en cela au niet intransigeant du chef de l’État qui en a également fait une espèce d’affaire d’honneur. On murmure aussi en coulisses que le n° 3 de l’État souhaiterait nommer à ce poste sa conseillère pour les Affaires internationales, Amal Mudallali. Voilà justement un autre point de discorde, toujours selon la source précitée, entre les deux pôles de l’Exécutif : Rafic Hariri entend nommer des ambassadeurs hors cadre, ce qui implique une nécessaire approbation du locataire de Baabda, lequel, pour l’instant, s’y refuse. En ce qui concerne les jeunes diplomates, il semblerait toujours que ce soit encore le Premier ministre qui retarde le tout. Pour des raisons confessionnelles cette fois, sachant que, sur les 25 admis, la proportion de diplomates sunnites est particulièrement faible, notamment au regard des 15 chrétiens. Rafic Hariri sachant pertinemment que ces fonctionnaires aujourd’hui de troisième catégorie seront tous des ambassadeurs dans dix ans. Quant au président de la Chambre, Nabih Berry, après avoir exprimé pendant de très nombreux jours, lui aussi, son mécontentement, il a fini par céder, bon gré mal gré, au diktat, tout naturel, de la compétence. Il aurait été particulièrement peu inspiré de continuer à faire obstacle à cette liste d’admis, vu qu’au précédent concours, la majorité des admis – soit neuf – étaient chiites et que les deux autres présidents avaient fini par céder au bon sens. Quoi qu’il en soit, on se dirigerait, dans ce cas, vers une normalisation de la situation. « Tout cela est fort dommage », indique la source en question. Parce que, explique-t-elle, les jeunes diplomates d’aujourd’hui, toutes confessions confondues, « sont d’un excellent niveau, contrairement aux années de guerre, où il y avait des lacunes monstres au sein du corps diplomatique ». À croire qu’il n’y a qu’une chose qui motive et stimule les trois présidents : placer leurs gens au lieu de servir leur pays et son image à l’étranger. Ziyad MAKHOUL
Le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, a élaboré une nouvelle mouture du train diplomatique, comportant des nominations d’ambassadeurs – ou de diplomates ayant le titre d’ambassadeur – de l’administration centrale vers les missions à l’étranger et vive versa ; ainsi que des permutations entre différentes ambassades. Ce train de nominations « complet...