Joumblatt craint l’instauration du Grand Israël

En visite au Liban, l’ancien président du l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, a rendu visite hier au président de la Chambre, Nabih Berry, et au chef du PSP, Walid Joumblatt, pour deux entretiens qui ont principalement porté sur la guerre contre l’Irak. Si au terme de sa visite à Moukhtara M. Gorbatchev s’est contenté d’une déclaration laconique, dans laquelle il a notamment affirmé sa volonté de maintenir ses contacts avec le leader druze, M. Joumblatt, lui, s’en est violemment pris à l’Administration américaine et aux régimes arabes. » Nous devons être vigilants – et je compte écrire un long article sur cette question – car je n’ai jamais pensé pouvoir malheureusement assister à l’avènement du Grand Israël, du Nil jusqu’à l’Euphrate », a affirmé M. Joumblatt, estimant que « ce projet voit le jour grâce à une collusion américano-juive, exprimée par les faucons de l’Administration américaine en collaboration avec certains régimes arabes ». Après avoir dénoncé « le projet destructeur américain », il s’en est pris avec véhémence à la Jordanie, « qui aurait mieux fait de chasser les experts et les forces spéciales américaines et israéliennes de son territoire ». Dans une récente déclaration, M. Joumblatt avait également critiqué l’Arabie saoudite. « Mais je n’avais pas qualifié Saoud el-Fayçal (le chef de la diplomatie saoudienne) de stupide. J’avais dit que c’était sa déclaration qui l’était. En tout état de cause, que Dieu préserve ce pays de la génération des jeunes princes qui sont prêts à réaliser la paix avec Israël », a-t-il souligné, avant de faire état d’un lobby juif qui, » aux États-Unis, pense qu’il est possible de se débarrasser de l’Arabie saoudite en tant que pays ami ». « Il n’y a rien qui empêche de contrôler, au besoin, les puits de pétrole (saoudiens) et d’occuper La Mecque », a-t-il conclu. L’entretien de MM. Joumblatt et Gorbatchev, qui a été entrecoupé d’un déjeuner, a eu lieu en présence de MM. Marwan Hamadé, Bassem Sabeh, Ghassan Tuéni, de l’ambassadeur de Russie, Boris Bolotine, de cadres de la chancellerie et de responsables du Parti communiste libanais et de l’Organisation de l’action communiste.