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Les conseils des décideurs ne sont pas entendus Solide stagnation sur la scène locale

L’on avait pensé que le communiqué des évêques maronites allait enclencher une dynamique de rapprochement entre l’Est et le pouvoir. D’autant que la Syrie avait applaudi ce texte, qui l’applaudissait elle-même, à tout rompre. Et qu’elle avait instamment pressé les loyalistes de se montrer gentils avec les opposants. Il y a eu, certes, quelques envolées lyriques sur le thème de l’unité nationale retrouvée, des embrassades allégoriques. Mais tout cela s’est limité à des parolé-parolé, comme le fredonnaient la regrettée Dalida et l’éternel Delon. Pas d’actes sur la scène locale, dirait ce comédien. Pourtant, répétons-le, les Syriens ont non seulement vivement recommandé l’ouverture, mais prêché d’exemple. On sait en effet que le président Assad, malgré la guerre en Irak, a consacré beaucoup de temps à recevoir un impressionnant défilé de notables libanais de divers horizons. On sait aussi qu’il a fait de fracassantes déclarations élogieuses sur l’Église, sur Bkerké, sur le rôle des maronites. On n’ignore pas enfin que de son côté l’officier traitant sur le terrain du dossier libanais, le général Rustom Ghazalé, a multiplié les agapes d’échanges avec tout un kaléidoscope de professionnels du cru. Répercutant de leur côté les orientations syriennes, des pôles du Rassemblement parlementaire de concertation se sont dévoués, par d’inlassables démarches tous horizons, pour que le dialogue prenne corps. Mais rien n’y a fait. Pourquoi ? Parce que, répond l’opposition, le régime déclare portes ouvertes, mais n’invite personne. Plus précisément, le chef de l’État a déclaré qu’il recevrait quiconque en ferait la demande. À cette importante nuance près qu’il refuse de rencontrer Kornet Chehwane en tant que telle. Et cela ne s’arrête pas là, soulignent les opposants, puisque le président a expressément renvoyé la balle dans le camp de la Chambre. En affirmant que c’est là que les sujets candidats du dialogue, comme la loi électorale, les naturalisations ou la décentralisation doivent être débattus. Donc, c’est le gel et rien ne semble devoir bouger avant que la guerre d’Irak ne prenne fin. Cependant les modérés préparent le terrain, à tout hasard. Ainsi des membres du Rassemblement parlementaire de concertation multiplient les rencontres, loin des feux de la rampe, avec des collègues de Kornet Chehwane. Ils essaient de dégager des convergences dans le débat sur les sujets qui fâchent. Ces contacts sont confirmés par le député opposant Farès Souhaid. Il indique qu’à la suite du communiqué des évêques, des personnalités proches de Damas ont pris l’initiative de relancer l’Est. Pour le moment, ajoute-t-il, les échanges ne modifient ni les données ni les positions de base des uns et des autres. Il n’y a donc pas eu de progrès accomplis. Mais Souhaid remarque qu’il est normal qu’en des temps pareils chacun préfère attendre un peu avant de proclamer ses vues. Ce même parlementaire invite par ailleurs les présidentiables à se déclarer dès maintenant. Pour que les électeurs aient le temps d’étudier les différents programmes ainsi que les conditions à poser dans le cadre de ce que l’on appelle le cahier de charges. Souhaid indique que Kornet Chehwane a pour sa part défini ses termes et ses revendications. D’autres opposants notent pour leur part qu’en réalité, et en coulisses, la course à la présidence a déjà commencé. Des présidentiables auraient de la sorte pris le dialogue potentiel pour couverture d’un démarchage de promotion personnelle. Les opposants leur répondent que pour leur part ils ne comptent pas bouger. Parce qu’ils ne croient pas que parler du dialogue soit très sérieux avant que la guerre d’Irak n’ait pris fin. En effet, les retombées de cet événement peuvent bouleverser toutes les données courantes, ajoutent ces opposants. Et personne ne souhaite brûler ses cartes trop tôt. D’autant, disent-ils encore, que les États-Unis ont clairement révélé de nettes intentions de remodelage régional. En précisant que l’Irak, pour eux, ce n’est qu’un début, qu’il va y avoir un nouveau système au Moyen-Orient. Tant que les opérations se poursuivent sur le terrain, la faisabilité des plans américains, leurs contours même restent dans le flou. Il faut donc attendre une phase de meilleure visibilité pour fixer ses positions politiques, reprendre des thèmes anciens ou les abandonner, ajoutent les opposants. Qui répètent que cela ne les empêche pas de voir les confrères du camp d’en face, du RPC, du moment que cela ne modifie en rien leurs convictions propres. Du moment aussi qu’ils ne sont pas disposés à marchander avec des visiteurs masquant sous l’étiquette du dialogue leur statut de candidats à la prochaine présidentielle. À noter que lors de la dernière audience accordée aux députés loyalistes, le chef de l’État a relevé que certains font du dialogue leur cheval de bataille parce qu’ils briguent un portefeuille ou un strapontin place de l’Étoile. Philippe ABI-AKL
L’on avait pensé que le communiqué des évêques maronites allait enclencher une dynamique de rapprochement entre l’Est et le pouvoir. D’autant que la Syrie avait applaudi ce texte, qui l’applaudissait elle-même, à tout rompre. Et qu’elle avait instamment pressé les loyalistes de se montrer gentils avec les opposants. Il y a eu, certes, quelques envolées lyriques sur le...