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Actualités

Opinion La démocratie piégée

La guerre en Irak, en dépit des opinions mondiales unanimement contraires, est en marche avec sa cohorte d’horreurs, d’autant plus impardonnable qu’elle était évitable sans chirurgie mutilante. Bientôt (?) les Américains auront occupé Bagdad et chassé le despote en dépit d’une résistance qu’ils espéraient occulter (où est donc la guerre courte et propre ?) Que feront alors ces prophètes d’un nouveau messianisme : resteront-ils, partiront-ils ? De ces angoissantes questions va dépendre le nouveau visage d’un monde dont l’actuelle fracture risque de s’élargir dangereusement. Dans le premier cas de figure, après avoir installé un nouveau régime savamment étiqueté « Liberté pour l’Irak » les Américains resteront au Proche-Orient pour favoriser « la contagion démocratique ». Qu’arrivera-t-il alors en Arabie saoudite, en Syrie, en Palestine, en Égypte, en Iran ? Très probablement d’insoutenables tensions débouchant sur de nouvelles guerres. Nous assisterons alors à l’émergence en dogme d’une stratégie néoconservatrice fondée sur la seule force des armes, vision politique en harmonie avec la pensée perverse des faucons du clan Bush. Si l’Amérique succombe à cette dérive en rupture avec son histoire, elle provoquerait la naissance de blocs hostiles et précipiterait le monde dans l’inconnu. Dans le second cas de figure où – sagesse tardive – les États-Unis se retireraient, ils abandonneraient une région dangereusement ébranlée, courant au chaos et faisant là aussi basculer ce siècle dans de nouveaux cauchemars. Dans les deux hypothèses, force nous est de constater la perversité d’une Amérique s’érigeant en nation impériale, dominatrice du monde, marginalisant l’Onu et accréditant l’inacceptable théorie que la politique d’une nation est déterminée par ses moyens militaires. Il est regrettable de constater qu’obnubilée par son obsession irakienne, l’Administration Bush n’a pas pris en compte l’histoire du monde arabe, de ses blessures et frustrations répétitives, de la tardive prise de conscience de ses inégalités, de sa douloureuse incapacité à s’unir pour s’imposer, bref de ses compréhensibles complexes. De même qu’on ne devient pas libre par l’oppression, on ne devient pas démocrate par la force. Ce leurre, selon lequel les Américains pourraient installer une contagieuse démocratie dans un islam brimé par ses despotes « made in USA », tiendrait alors de l’aveuglement ou du cynisme. Paul Ph. EDDÉ
La guerre en Irak, en dépit des opinions mondiales unanimement contraires, est en marche avec sa cohorte d’horreurs, d’autant plus impardonnable qu’elle était évitable sans chirurgie mutilante. Bientôt (?) les Américains auront occupé Bagdad et chassé le despote en dépit d’une résistance qu’ils espéraient occulter (où est donc la guerre courte et propre ?) Que...