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Vie politique - Brusque inégalité dans le partage des parts Le sort du gouvernement de nouveau en balance

Le fameux système de partage du gâteau se trouve désormais compromis. Pourquoi ? Parce que le président Nabih Berry n’a plus de représentants directs au sein du gouvernement. En effet, comme on sait, le mouvement Amal, que le chef du Législatif dirige, a décidé de retirer leurs cartes de membres à ses deux ministres, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun et Ali Abdallah. Au motif, pudiquement exprimé, qu’ils ont échoué dans leur tâche. Dès lors, il y a une brèche politique dans la composition du cabinet. Souffrant déjà à la base de failles représentatives, à cause de l’exclusion du camp de l’Est, il accuse dorénavant un déséquilibre même dans sa texture loyaliste. Et cela au plus haut niveau, à celui des trois présidences, dont l’aura surpasse en termes d’influence et de pouvoir effectif l’ensemble des partis. Ordinairement, après le largage de deux piliers, un pont gouvernemental s’effondre, et il faut le remplacer. Mais nous ne sommes pas en des temps ordinaires, et c’est là un euphémisme. C’est pourquoi il était initialement convenu, entre les parties concernées, de remettre le changement ministériel à l’après-guerre. Car cet événement et ses résultats peuvent tout conditionner, depuis le choix des parties à inclure dans le cabinet jusqu’à celui des ministres. En passant par la composition qualitative et quantitative de l’équipe. Mais on pensait alors que la guerre serait vite terminée. Or, elle traîne, et nul ne sait quand elle finira. Or, il est difficile de continuer plus longtemps avec les Trente, déjà fortement décriés avant même l’éviction politique du couple Beydoun-Abdallah. Le pays ne dispose plus, en effet, que d’un gouvernement chargé, en pratique, d’expédier seulement les affaires courantes. Ce qui est largement insuffisant en cette période inquiète. Ce que le président Berry traduit en ces termes : « Supposons que la guerre dure des mois. Faudrait-il alors que le pays reste ligoté et la marche des administrations paralysée ? » En termes de jeu politique, du moment qu’Amal n’est plus représenté au gouvernement, le bloc de Berry n’est plus tenu de soutenir les Trente, place de l’Étoile. En cas de séance consacrée aux questions ou interpellations parlementaires, pour peu que Berry veuille affaiblir le cabinet afin de le porter à démissionner, il aurait beau jeu de lancer contre lui ses seconds. En martelant, notamment, le thème toujours porteur des revendications sociales. Cependant, il est évident qu’aucune cuisine ne se mijote encore activement. Aucun groupe n’a demandé à ses ministres de démissionner, pour précipiter les choses. Tout simplement parce que, comme nul ne l’ignore, le sort du gouvernement dépend non pas de la volonté d’un pôle ou d’un parti. Mais de tout un tas de considérations internes ou extérieures. De plus, un examen au microscope montre que, sur un plan strictement local, l’important ce n’est pas de garder ou non les Trente, mais de conforter la cohabitation entre les présidents Lahoud et Hariri. Sans une entente minimale entre eux, il est du reste extrêmement difficile de nommer un nouveau gouvernement en évitant une crise prolongée. Qui affecterait cette stabilité rare dont jouit aujourd’hui le pays, grâce à l’unité de ses rangs face à la question irakienne. Une autre évidence qui saute aux yeux : il faut que la Syrie apporte sa contribution diligente à la consolidation de l’harmonie entre les dirigeants libanais. Sans quoi, leurs divergences se poursuivraient, et risqueraient même de s’aggraver, à l’ombre des retombées ultérieures de la guerre en Irak comme d’un changement ministériel. La belle unité nationale présente volerait en éclats, du haut de l’échelle jusqu’à la base. Le problème est de taille. D’autant que la règle du jeu adoptée jusque-là est, justement, de contourner la règle. C’est-à-dire que, pour limiter les risques d’une crise aiguë du pouvoir, les dirigeants sont tacitement convenus d’oublier cette Constitution dont ils ont la garde. Et qui commande qu’en cas de litige, le Conseil des ministres tranche en faisant voter ses membres. Un tel arbitrage, juridiquement inattaquable, est en pratique impossible. Car le verdict de l’urne ne serait pas accepté par les perdants. Et ce serait la rupture, la dislocation du système, certes boiteux mais qui tient encore debout, grâce au colmatage des décideurs. En outre, le recours au vote rendrait plus difficiles les procédures de changement ministériel. Car la bataille serait encore plus âpre pour se gagner le contrôle, soit d’une majorité au Conseil des ministres, soit d’une minorité de blocage, de veto effectif, (un tiers des voix). Dans ces conditions, la logique la plus élémentaire commande que les présidents s’entendent pour de bon. Ce qui signifie qu’au lieu de geler leur contentieux, ils doivent le régler au cas par cas, au coup par coup, à l’amiable. Une démarche qui, d’ailleurs, présenterait l’avantage certain, notamment pour le pays économique, de débloquer des dossiers ou des projets importants, comme les privatisations. Dans le même esprit, par les nominations, on redonnerait de l’activité aux administrations. Certains relèvent à ce propos que les voyages du président Hariri, pour utiles qu’ils soient dans les circonstances actuelles en termes de défense des intérêts du Liban, constituent sur le plan intérieur une fuite en avant qui ne facilite pas les solutions requises. Au sujet, répétons-le, de problèmes concrets comme les suivants : – Le cellulaire, son adjudication, le cahier des charges, le matériel monitor. – La restructuration du Conseil de développement et de reconstruction et la location de bureaux pour cet organisme dans le centre-ville. – La prorogation des effets de la loi sur les fusions bancaires. – Le lourd dossier de l’Électricité du Liban, les complications concernant sa privatisation et le conflit chronique entre l’office et le ministère de l’Énergie. – Le mouvement diplomatique, gelé pour la toute première fois depuis l’institution du système de rotation ou de nominations, ce qui nuit évidemment à la diplomatie libanaise, absente de bien des scènes et partiellement paralysée. – Les postes qui restent vacants depuis trop longtemps dans nombre d’administrations. On sait en effet que les candidats qui ont passé avec succès les épreuves de recrutement organisées par le Conseil de la Fonction publique n’ont toujours pas été engagés. Soit à cause de considérations de quotas confessionnels, soit par suite de pressions politiques. – Enfin, toujours dans ce domaine, le sort des fonctionnaires mis à disposition, depuis de nombreuses années déjà, reste toujours en suspens. Émile KHOURY
Le fameux système de partage du gâteau se trouve désormais compromis. Pourquoi ? Parce que le président Nabih Berry n’a plus de représentants directs au sein du gouvernement. En effet, comme on sait, le mouvement Amal, que le chef du Législatif dirige, a décidé de retirer leurs cartes de membres à ses deux ministres, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun et Ali Abdallah. Au motif,...