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L’État pratiquement paralysé... au nom de l’unité nationale !

C’est bien beau, l’unité nationale. Mais sans doute pas quand elle sert de prétexte à une préjudiciable stagnation institutionnelle. Qui aggrave, du même coup, le marasme économique. La classe politique, poussée par l’opinion, commence à murmurer. Le Conseil des ministres ne se réunit plus pour gérer les affaires publiques, qui vont dès lors à la va-comme-je-te pousse, ou à vau-l’eau. Les responsables s’inscrivent aux abonnés absents. À un moment où, au contraire, ils auraient dû mettre les bouchées doubles. Et former une cellule de crise, comme le suggère un pôle avisé. Pour qui une évidence saute aux yeux : il ne suffit pas de soutenir que le pays se ressentira moins que d’autres des effets de la guerre. Car sa part de retombées serait en tout cas suffisante, étant donné son état de santé, pour lui poser nombre de difficultés, notamment sur le plan économique. Ce professionnel indique que les ministres auraient dû se mobiliser, pour travailler ensemble au sein de ce comité d’urgence. Afin de traiter plus efficacement les innombrables problèmes déjà posés et de prendre, autant que faire se peut, des précautions pour l’avenir, dans tous les domaines. Le dernier Conseil des ministres en date, déplore cette source, n’a été consacré qu’à la question irakienne, sans mesures locales consistantes. Il a même ignoré son propre ordre du jour, ce qui frise l’anticonstitutionnalité. Pas de rendez-vous cette semaine, en raison du voyage européen de Hariri. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé : il serait inconcevable, dans d’autres pays, que la machine s’arrête parce que l’un des conducteurs est indisponible. Surtout quand il y a des dossiers brûlants, comme le mouvement diplomatique (nominations et permutations), les privatisations et les réformes que le pouvoir s’est engagé à introduire en vertu de Paris II. Certes, indique un opposant, la Syrie n’a pas tort quand elle demande aux dirigeants libanais de mettre de côté les sujets qui fâchent. Mais cela ne veut pas dire qu’elle les invite à se croiser les bras pour regarder passer le train. Le gouvernement a des responsabilités, prévisionnelles ou au jour le jour, et il doit les assumer, ajoute-t-il. Ainsi, les sinistrés des intempéries de février attendent toujours des secours, des travaux d’endiguement, de réparations ou des dédommagements. Le pouvoir s’est contenté de former une commission paradoxalement dite d’urgence, qui n’a pas encore rendu ses conclusions de bilan. D’autre part, les corrections de tir exigées par les donateurs lors de Paris II sur le plan des finances, du budget de l’Administration, restent gelées. Sous prétexte qu’en discuter provoquerait des tiraillements entre responsables et que la trêve relationnelle passe avant tout. La stabilité est assurée, affirment les dirigeants. En oubliant un peu vite qu’on leur demande également un effort pour stabiliser le domaine important des législations, des règlements en vigueur, dans plus d’un domaine administratif. Ainsi, aucun accord n’a été préparé, et encore moins conclu, sur la question majeure des privatisations, cellulaire et électricité en tête. Tout ce que l’on sait, c’est que les Trente restent et qu’il n’y aura pas de crise ministérielle. Loin de rassurer l’opinion, cet élément la raffermit dans l’idée qu’on fait du surplace. Et aussi dans la conviction que l’harmonie entre les pôles du pouvoir n’est que de façade. Car s’ils s’entendaient vraiment, ils n’auraient aucun problème pour mettre le moteur en marche. Et éventuellement, pour remplacer un gouvernement qui se distingue par son impéritie. Le cellulaire, rappelle un politicien, a montré la précarité de la détente relationnelle affichée par les dirigeants. Ils ne sont en effet parvenus à aucun compromis, ni sur l’adjudication ni sur la cession de parts au public. Du fait de ce gel, et des événements, les compagnies susceptibles de concourir à l’adjudication ne se montrent plus enthousiastes et ne se pressent plus au portillon. Pour les politiciens opposants, ce blocage, au lieu de décourager les responsables, devrait les inciter à trouver d’autres solutions. Ou, encore, à s’occuper enfin de la réforme administrative qu’ils ont promise aux donateurs de Paris II. Au lieu de se justifier en invoquant la situation régionale, concluent ces sources, le pouvoir devrait y trouver au contraire une raison supplémentaire pour s’activer. Ou encore pour conforter l’entente nationale par un nouveau gouvernement. Que Damas, qui conseille cependant d’attendre, estime devoir être de réconciliation. Pour le moment, les tuteurs laissent entendre qu’ils sont contre un cabinet de technocrates ou de fonctionnaires et préfèrent le maintien des Trente. En attendant que les circonstances permettent l’installation d’un gouvernement politique fort. Dans un climat de bonne entente avec Bkerké... Philippe ABI-AKL
C’est bien beau, l’unité nationale. Mais sans doute pas quand elle sert de prétexte à une préjudiciable stagnation institutionnelle. Qui aggrave, du même coup, le marasme économique. La classe politique, poussée par l’opinion, commence à murmurer. Le Conseil des ministres ne se réunit plus pour gérer les affaires publiques, qui vont dès lors à la va-comme-je-te...