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Consommation - « Il n’y a pas de raison qu’il y ait des problèmes », assurent des importateurs Les produits de première nécessité disparaissent plus vite des étagères

Parler de panique des consommateurs libanais aux premiers bruits de la guerre en Irak serait certainement exagéré. Mais ce qui est sûr, c’est que les étalages de produits de base ont tendance à se vider plus vite dans les grands magasins, depuis le début de la semaine. Certains consommateurs préfèrent stocker des boîtes de conserve, de l’huile, du sucre, de la farine, du riz, différentes sortes de céréales... « au cas où ». Par peur de futures carences ou d’une éventuelle hausse des prix. Y a-t-il vraiment des raisons de se faire du souci à cet égard ? Les importateurs que nous avons contactés affirment qu’il n’y a aucun motif de crainte, mais le comportement de certains consommateurs s’est sans aucun doute modifié. Par ailleurs, rappelons que le communiqué du Conseil des ministres de jeudi précise qu’« un contrôle plus strict des prix sera exercé pour empêcher d’éventuels accapareurs d’augmenter leurs prix de manière injustifiée ». Les témoignages de clients rencontrés dans les supermarchés sont très mitigés, beaucoup d’entre eux n’ayant cédé à aucun mouvement de panique alors que d’autres déclarent préférer prendre des précautions, « ça ne fait pas de mal ». Toutefois, l’opinion de cette consommatrice qui a opté pour un approvisionnement substantiel reste caractéristique de l’état d’esprit qui prévaut dans certains milieux : « La guerre en Irak, je ne pensais pas qu’elle puisse avoir un impact sur nous. Mais on ne cesse de me répéter partout qu’il faut que je stocke les produits de première nécessité à la maison, surtout ceux qui sont essentiels pour les enfants. Alors j’ai fini par faire des provisions plus importantes que d’habitude. » De quoi aurait-elle peur ? « Que certains produits ne deviennent introuvables, que les prix ne renchérissent, qu’il n’y ait un marché noir, tout, quoi ! », répond-elle. Alors, les craintes de cette consommatrice sont-elles justifiées ? « Nous ne sommes qu’aux premiers jours de la guerre, mais il n’y a aucun problème en vue », assure Zeina Sara, responsable de la communication à la chaîne de supermarchés Spinneys, qui appartient à un groupe basé à Dubaï et importe ses propres produits. Elle affirme que dans n’importe quel cas de figure, « nos prix ne seront pas augmentés ». Toutefois, dans cette chaîne de supermarchés, on a remarqué une recrudescence de l’achat des produits de base. Ce n’est pas exactement le cas au Monoprix, également importateur, où « aucune consommation supplémentaire d’un quelconque produit n’a été constatée », nous dit-on. Là aussi, on pense qu’il n’y aura aucun problème lié à la guerre, ni aucune hausse des prix. Prix inchangés « Nous sommes ouverts sur la mer et il n’y a aucune raison pour que nous ayons des problèmes d’approvisionnement », fait remarquer Youssef Daaboul, directeur de la branche de Hamra du supermarché Idriss. Dans cette chaîne, qui possède des usines de production de produits alimentaires mais qui traite également avec de nombreux fournisseurs, une légère augmentation dans la vente de produits de première nécessité a été constatée. « Les gens ont l’expérience des guerres chez nous, et ceux qui perdent les nerfs effectuent des achats supplémentaires, même si ce n’est pas justifié », explique-t-il. « Ce sont eux qui peuvent créer la crise. » Interrogé sur une éventuelle hausse des prix, il ne la considère pas imminente et estime que « même si une augmentation mondiale due à une éventuelle flambée des prix du pétrole survient, elle serait très limitée ». Ce qui est sûr, c’est qu’aucune hausse des prix n’a eu lieu sur les marchés, ni, apparemment, aucune pénurie, ce qui contredit de nombreuses rumeurs sans aucun fondement qui circulent en ville. D’autant plus que d’importants stocks existent chez les fournisseurs, selon les échos qui nous sont parvenus. Interrogés, les clients de plusieurs grands espaces dans différentes régions libanaises ont eu pour leur part des réactions mitigées. Beaucoup d’entre eux considèrent qu’il n’y a aucune raison de paniquer. « Nous avons vécu dix-sept ans de guerre sans jamais mourir de faim », dit une consommatrice. Une autre raisonne de la manière suivante : « Même si, au pire des cas, la guerre nous rattrape au Liban, tous les stocks que nous aurons empilés ne nous empêcheront pas d’avoir des manques à la maison. Et puis, pourquoi devrais-je paniquer ? Je ne me considère pas mieux que les autres. À la grâce de Dieu. » Elle déclare s’attendre, toutefois, à une hausse des prix dans l’avenir. D’autres types de témoignages sont également récurrents : « Il n’y aura certainement pas plus de problèmes que durant la guerre, mais nous préférons prendre des précautions », « Nous avions besoin de ces denrées dans tous les cas, et puis, avec les nouvelles de la guerre, ça ne fait pas de mal »... Un mouvement irrationnel ? Probablement, vu les données actuelles. Mais on peut se demander si ces réflexes sont hérités de la guerre, s’ils reflètent une angoisse plus profonde liée à une incertitude face à l’avenir, ou s’il s’agit effectivement de simples précautions. Suzanne BAAKLINI
Parler de panique des consommateurs libanais aux premiers bruits de la guerre en Irak serait certainement exagéré. Mais ce qui est sûr, c’est que les étalages de produits de base ont tendance à se vider plus vite dans les grands magasins, depuis le début de la semaine. Certains consommateurs préfèrent stocker des boîtes de conserve, de l’huile, du sucre, de la farine, du...