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Un concept qui a particulièrement séduit Donald Rumsfeld « Choc et stupeur », ou comment rendre l’ennemi aveugle et sourd

La doctrine « choc et stupeur » qu’affectionne le Pentagone préconise une « domination rapide » du champ de bataille par l’utilisation d’une force écrasante dès le début des hostilités, de façon à rendre l’ennemi « aveugle » et « sourd ». Cette théorie militaire, que les États-Unis ont commencé à mettre en œuvre en Irak en lançant d’intenses bombardements vendredi sur Bagdad, découle d’un constat simple. Les militaires américains disposent désormais d’une telle supériorité technologique sur n’importe quel ennemi potentiel qu’il ne leur est plus nécessaire d’engager sur le champ de bataille les énormes contingents déployés par le passé, en particulier durant la première guerre contre l’Irak en 1991. Elle a été formulée par Harlan Ullman et James Wade, deux polémologues américains peu connus en dehors des cercles d’initiés, dans un livre paru en 1996 et passé inaperçu à l’époque (Choc et stupeur : parvenir à une domination rapide). L’objectif était de formuler une nouvelle doctrine pour l’armée américaine de l’après-guerre froide, fondée sur l’idée de forces plus légères et plus souples. « Leurs noms seront associés à cette guerre pour le meilleur et pour le pire, et pour un bon moment », prédisait quelques jours avant le conflit John Pike, expert militaire au centre d’analyses indépendant GlobalSecurity.org. La doctrine « choc et stupeur » postule que l’obtention d’une « domination rapide » et totale du champ de bataille induit chez l’ennemi des effets psychologiques tels, qu’en définitive il renonce à se battre. Dans le cas de guerre contre des pays comme l’Irak, l’emploi d’une puissance de feu massive dès le début des hostilités vise les centres de commandement, de contrôle et de communication, les radars, les structures informatiques. Ensuite, l’escalade des bombardements a pour objectif d’épuiser lentement mais sûrement les nerfs de l’adversaire. Privé des moyens de communiquer, de voir et de penser clairement, ce dernier se résigne rapidement à l’inéluctabilité de la défaite. Ancien sous-secrétaire à la Défense, James Wade, âgé de plus de 70 ans, est aujourd’hui membre du Conseil scientifique de la Défense. S’il dit ne rien savoir de la stratégie mise au point par le Pentagone contre l’Irak, il a gardé des liens avec les stratèges américains. « Ils utilisent les résultats de nos travaux », confiait-il peu de temps avant le début de la guerre. Son collègue, Harlan Ullman, 61 ans, ancien combattant du Vietnam, a raconté s’être aperçu de la popularité de sa théorie lorsqu’il a entendu les généraux du Pentagone reprendre le titre du livre pour avertir l’Irak de ce qui l’attendait. Leur théorie avait été introduite dans les plus hauts cercles militaires lors de réunions d’un panel d’experts en 1999. Donald Rumsfeld, coprésident du panel, et qui devait devenir secrétaire à la Défense seize mois plus tard, avait été particulièrement séduit par ce concept. Trois anciens secrétaires à la Défense avaient estimé, dans une recommandation au chef du Pentagone de l’époque, William Cohen, que cette doctrine « avait suffisamment d’intérêt pour mériter une évaluation et une expérimentation ». Depuis, Wade et Ullman ont raffiné leur théorie pour prendre notamment en compte les effets de bombardements ciblés à effets particuliers (bombe thermobarique, électronique, etc).
La doctrine « choc et stupeur » qu’affectionne le Pentagone préconise une « domination rapide » du champ de bataille par l’utilisation d’une force écrasante dès le début des hostilités, de façon à rendre l’ennemi « aveugle » et « sourd ». Cette théorie militaire, que les États-Unis ont commencé à mettre en œuvre en Irak en lançant d’intenses bombardements...