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Les effets économiques restent imprécis À Beyrouth, le pouvoir se montre rassurant

Le président Hariri ne cesse de répéter que le Liban et la Syrie se ressentiront moins que d’autres des retombées de la guerre. Ce qui ne signifie pas, précise-t-il, qu’ils ne se sentent pas concernés par cet effroyable événement. Le chef du gouvernement ne développe pas son analyse, ne donne pas de détails sur les motifs qui lui permettent de se montrer rassurant. Ses proches indiquent toutefois qu’il se sent l’esprit tranquille tout d’abord en raison de l’actuelle stabilité, politique et sécuritaire, dont le pays bénéficie. En effet, ajoutent ces sources, les dirigeants observent entre eux une trêve relationnelle notable. Les différentes parties locales partagent un même point de vue quant aux secousses régionales ou aux périls à craindre. Et sur le terrain, des mesures préventives ont été prises pour étouffer dans l’œuf toute tentative des fauteurs de troubles. Sans compter que l’armée et le Hezbollah sont d’accord pour appliquer, sur directives de l’autorité politique, des dispositions de contrôle de la frontière sud. Tant pour y maintenir le calme militaire direct que, sur un plan concomitant, pour prévenir un afflux de Palestiniens chassés des territoires occupés par Israël. Ainsi que pour empêcher une éventuelle agitation des camps de déborder hors de leurs limites. Dans l’ensemble, ajoutent les haririens, le Liban affronte une situation éminemment dangereuse en position exceptionnelle de force. Grâce à son unité intérieure et grâce à une parfaite coordination avec la Syrie. Mais Sharon ne va-t-il pas saisir l’occasion pour attaquer ? Les haririens en doutent. Ils relèvent qu’Israël ne peut pas, en bonne logique, gêner son allié américain par l’ouverture d’un deuxième front. D’autant que Bush n’a pas manqué de proclamer son intention d’étreindre sous peu à bras le corps le dossier palestinien, pour relancer les négociations en base de la feuille de route du quartette. Les haririens citent ensuite les récentes déclarations d’un officiel israélien affirmant que l’État hébreu n’a nulle intention « de déclencher l’escalade sur le front nord (le Liban-Sud) où, à notre connaissance, la situation est contenue. » De son côté, sayyed Hassan Nasrallah a confirmé que le Hezbollah ne prendrait pas l’initiative d’une escalade. Tout en précisant qu’en cas d’agression israélienne, la riposte serait immédiate et dure. Il y aurait donc, le cas échéant, réaction mais en aucun cas action, de la part de la Résistance. Il est clair, en somme, que le Liban, toutes parties confondues, ne veut pas donner à l’ennemi un prétexte quelconque d’attaque. C’est donc en grande partie à cause du calme frontalier, qui concerne finalement la Syrie comme le Liban, que le président Hariri estime que les deux pays frères ont de bonnes chances d’amortir l’impact de la guerre en Irak. Il fonde sans doute ses assurances sur des informations sûres recueillies en Amérique et en Europe. Des données qui classent au simple chapitre de la guerre psychologique les menaces proférées récemment par des officiers israéliens. Qui annoncent vouloir détruire l’infrastructure militaire du Hezbollah, surtout ses batteries de missiles, pour créer un nouvel état de fait aux frontières nord de l’État hébreu. Mais qu’en est-il des retombées de la guerre sur l’économie et les finances libanaises ? Les spécialistes apportent des réponses différentes à cette question. Certains soutiennent que sur ce front le Liban ne devrait pas se ressentir à court terme des secousses régionales, car il se trouve protégé par sa stabilité politique et sécuritaire. Le taux de croissance a été de 1,5 % l’an dernier. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est littéralement mieux que rien. D’autant qu’il y a eu un afflux de 7 milliards de dollars en dépôts et investissements étrangers. D’où un excédent dans la balance des paiements. D’où, aussi, le renforcement du bouclier de devises fortes, les réserves de la Banque centrale sautant à quelque 7 milliards de dollars également. Ces mêmes sources ajoutent que Paris II a porté ses fruits et qu’il faut maintenant savoir bien les croquer, parallèlement à la baisse des taux d’intérêt et à la contribution du secteur bancaire. Dans ce cadre, les officiels continuent à s’occuper des privatisations, notamment du cellulaire et de l’énergie électrique. Cependant, d’autres experts se montrent moins optimistes. Ils relèvent qu’un pays convalescent ne peut pas espérer s’en tirer indemne après un séisme régional, sauf si la secousse est brève et d’une magnitude réduite. En d’autres termes, si la guerre en Irak devait se prolonger, ou encore si l’anarchie devait s’instaurer dans ce pays après une éventuelle éviction de Saddam Hussein, l’incertitude saperait la confiance dans la région. Et on sait que sur le plan économique et financier, la confiance est tout à fait primordiale. Certes, ajoutent ces techniciens, dont l’ancien ministre Corm, l’amélioration de la balance des paiements apporte un soulagement passager au pays, mais elle n’est pas suffisante, à leurs yeux, pour contrebalancer les éléments économiques négatifs qui perdurent. Comme la baisse des ressources, signe indéniable de marasme, ajoutent-ils. Ces sceptiques veulent bien reconnaître que Paris II a eu du bon, mais ils craignent que les résultats n’en soient ébréchés par la guerre en Irak. Car dans les dernières années, les exportations du Liban en direction de ce pays ont fait un bond spectaculaire en avant, surtout dans le domaine industriel et agroalimentaire. Jacques Sarraf, qui fut le premier à conclure des contrats industriels avec Bagdad en 1996 pour y introduire des produits made in Lebanon, pense que les préjudices de la guerre vont fatalement se répercuter sur les pays voisins, proches ou lointains, de l’Irak. Tout comme ils vont affecter la plupart des marchés liés avec l’Irak au titre du programme de l’Onu pétrole contre nourriture. Pour Sarraf, les retombées économiques sur le Liban ne doivent pas être négligées, car leurs effets sont durables. En effet, même si les opérations militaires sont brèves, souligne l’ancien président de l’Association des industriels, il faudra du temps pour organiser la paix ensuite. Selon ses estimations, le Liban va accuser, en perte de contrats, un manque à gagner de 1,4 milliard de dollars. Il reconnaît toutefois qu’il y a une compensation dans l’afflux de capitaux arabes en direction du secteur bancaire libanais. Ainsi que dans l’arrivée de particuliers fuyant la guerre, ce qui va pousser à la consommation sur le plan local. Émile KHOURYLe président Hariri ne cesse de répéter que le Liban et la Syrie se ressentiront moins que d’autres des retombées de la guerre. Ce qui ne signifie pas, précise-t-il, qu’ils ne se sentent pas concernés par cet effroyable événement. Le chef du gouvernement ne développe pas son analyse, ne donne pas de détails sur les motifs qui lui permettent de se montrer rassurant. Ses proches indiquent toutefois qu’il se sent l’esprit tranquille tout d’abord en raison de l’actuelle stabilité, politique et sécuritaire, dont le pays bénéficie. En effet, ajoutent ces sources, les dirigeants observent entre eux une trêve relationnelle notable. Les différentes parties locales partagent un même point de vue quant aux secousses régionales ou aux périls à craindre. Et sur le terrain, des mesures préventives ont été prises pour étouffer dans l’œuf toute tentative des fauteurs de troubles. Sans compter que l’armée et le Hezbollah sont d’accord pour appliquer, sur directives de l’autorité politique, des dispositions de contrôle de la frontière sud. Tant pour y maintenir le calme militaire direct que, sur un plan concomitant, pour prévenir un afflux de Palestiniens chassés des territoires occupés par Israël. Ainsi que pour empêcher une éventuelle agitation des camps de déborder hors de leurs limites. Dans l’ensemble, ajoutent les haririens, le Liban affronte une situation éminemment dangereuse en position exceptionnelle de force. Grâce à son unité intérieure et grâce à une parfaite coordination avec la Syrie. Mais Sharon ne va-t-il pas saisir l’occasion pour attaquer ? Les haririens en doutent. Ils relèvent qu’Israël ne peut pas, en bonne logique, gêner son allié américain par l’ouverture d’un deuxième front. D’autant que Bush n’a pas manqué de proclamer son intention d’étreindre sous peu à bras le corps le dossier palestinien, pour relancer les négociations en base de la feuille de route du quartette. Les haririens citent ensuite les récentes déclarations d’un officiel israélien affirmant que l’État hébreu n’a nulle intention « de déclencher l’escalade sur le front nord (le Liban-Sud) où, à notre connaissance, la situation est contenue. » De son côté, sayyed Hassan Nasrallah a confirmé que le Hezbollah ne prendrait pas l’initiative d’une escalade. Tout en précisant qu’en cas d’agression israélienne, la riposte serait immédiate et dure. Il y aurait donc, le cas échéant, réaction mais en aucun cas action, de la part de la Résistance. Il est clair, en somme, que le Liban, toutes parties confondues, ne veut pas donner à l’ennemi un prétexte quelconque d’attaque. C’est donc en grande partie à cause du calme frontalier, qui concerne finalement la Syrie comme le Liban, que le président Hariri estime que les deux pays frères ont de bonnes chances d’amortir l’impact de la guerre en Irak. Il fonde sans doute ses assurances sur des informations sûres recueillies en Amérique et en Europe. Des données qui classent au simple chapitre de la guerre psychologique les menaces proférées récemment par des officiers israéliens. Qui annoncent vouloir détruire l’infrastructure militaire du Hezbollah, surtout ses batteries de missiles, pour créer un nouvel état de fait aux frontières nord de l’État hébreu. Mais qu’en est-il des retombées de la guerre sur l’économie et les finances libanaises ? Les spécialistes apportent des réponses différentes à cette question. Certains soutiennent que sur ce front le Liban ne devrait pas se ressentir à court terme des secousses régionales, car il se trouve protégé par sa stabilité politique et sécuritaire. Le taux de croissance a été de 1,5 % l’an dernier. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est littéralement mieux que rien. D’autant qu’il y a eu un afflux de 7 milliards de dollars en dépôts et investissements étrangers. D’où un excédent dans la balance des paiements. D’où, aussi, le renforcement du bouclier de devises fortes, les réserves de la Banque centrale sautant à quelque 7 milliards de dollars également. Ces mêmes sources ajoutent que Paris II a porté ses fruits et qu’il faut maintenant savoir bien les croquer, parallèlement à la baisse des taux d’intérêt et à la contribution du secteur bancaire. Dans ce cadre, les officiels continuent à s’occuper des privatisations, notamment du cellulaire et de l’énergie électrique. Cependant, d’autres experts se montrent moins optimistes. Ils relèvent qu’un pays convalescent ne peut pas espérer s’en tirer indemne après un séisme régional, sauf si la secousse est brève et d’une magnitude réduite. En d’autres termes, si la guerre en Irak devait se prolonger, ou encore si l’anarchie devait s’instaurer dans ce pays après une éventuelle éviction de Saddam Hussein, l’incertitude saperait la confiance dans la région. Et on sait que sur le plan économique et financier, la confiance est tout à fait primordiale. Certes, ajoutent ces techniciens, dont l’ancien ministre Corm, l’amélioration de la balance des paiements apporte un soulagement passager au pays, mais elle n’est pas suffisante, à leurs yeux, pour contrebalancer les éléments économiques négatifs qui perdurent. Comme la baisse des ressources, signe indéniable de marasme, ajoutent-ils. Ces sceptiques veulent bien reconnaître que Paris II a eu du bon, mais ils craignent que les résultats n’en soient ébréchés par la guerre en Irak. Car dans les dernières années, les exportations du Liban en direction de ce pays ont fait un bond spectaculaire en avant, surtout dans le domaine industriel et agroalimentaire. Jacques Sarraf, qui fut le premier à conclure des contrats industriels avec Bagdad en 1996 pour y introduire des produits made in Lebanon, pense que les préjudices de la guerre vont fatalement se répercuter sur les pays voisins, proches ou lointains, de l’Irak. Tout comme ils vont affecter la plupart des marchés liés avec l’Irak au titre du programme de l’Onu pétrole contre nourriture. Pour Sarraf, les retombées économiques sur le Liban ne doivent pas être négligées, car leurs effets sont durables. En effet, même si les opérations militaires sont brèves, souligne l’ancien président de l’Association des industriels, il faudra du temps pour organiser la paix ensuite. Selon ses estimations, le Liban va accuser, en perte de contrats, un manque à gagner de 1,4 milliard de dollars. Il reconnaît toutefois qu’il y a une compensation dans l’afflux de capitaux arabes en direction du secteur bancaire libanais. Ainsi que dans l’arrivée de particuliers fuyant la guerre, ce qui va pousser à la consommation sur le plan local. Émile KHOURY
Le président Hariri ne cesse de répéter que le Liban et la Syrie se ressentiront moins que d’autres des retombées de la guerre. Ce qui ne signifie pas, précise-t-il, qu’ils ne se sentent pas concernés par cet effroyable événement. Le chef du gouvernement ne développe pas son analyse, ne donne pas de détails sur les motifs qui lui permettent de se montrer rassurant. Ses...