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La 1441 aurait pu suffire Erreur technique des USA, juge un expert libanais

Selon un ancien ministre des Affaires étrangères, les États-Unis ont livré une bataille diplomatique sinon perdue d’avance du moins inutile. À son avis, en effet, Washington aurait dû considérer la 1441 comme suffisante pour partir en guerre. Sans courir derrière une deuxième résolution volatile faute de majorité garantie. Les Américains auraient pu, en outre, s’armer de la 1373 concernant la lutte contre le terrorisme, pour se considérer autorisés à attaquer un Irak qu’ils accusent de coopérer avec el-Qaëda. Il existe, dans le même sens, une autre référence que les USA auraient pu utiliser : la 1689. Cette résolution, adoptée par le Conseil de sécurité en date du 13 août 1998, interdit à tout État membre de l’Onu d’organiser des actions subversives dans un autre État, de soutenir de telles actions ou d’héberger des cellules capables de s’y livrer. En base du fameux Chapitre Sept de la charte internationale, le financement direct ou indirect doit être combattu par les États membres qui sont tenus de geler, de bloquer tout fond suspect. En d’autres termes, toujours selon l’ancien ministre, les USA auraient dû axer leur argumentaire de justification non pas sur le désarmement de l’Irak mais sur son implication dans le terrorisme et sa collusion avec el-Qaëda. Dans les faits, les États-Unis ont pensé que Saddam refuserait de désarmer et qu’ils auraient alors un prétexte tout trouvé pour l’attaquer. Mais il s’est plié à la 1441, ne serait-ce que par à-coups, par tranches. Ce qui a provoqué le litige entre les USA et leurs alliés d’un côté, la France et ses partenaires d’un autre côté. Les Américains soutiennent que Saddam cache toujours un arsenal de destruction massive. Ils affirment qu’il n’a cessé de le faire pendant des années, en ne faisant des aveux, ou des révélations, que sous de fortes pressions. Les Français répliquent qu’il faut laisser aux inspecteurs le soin, et le temps, de trancher sur le point de savoir s’il y a ou non dissimulation irakienne. Ils ajoutent que des progrès manifestes ont été accomplis, qu’on ne doit pas interrompre la mission d’inspection avant que les deux chefs des inspecteurs ne concluent à l’obstruction. Le conflit, enchaîne l’ancien ministre, ne tourne pas en réalité autour du désarmement mais autour de la nature du régime irakien. La 1441 dit simplement que ce régime doit désarmer et que, s’il ne le fait pas, il s’expose à de graves conséquences. Or il semble qu’il se soumette, même si ce n’est pas avec la célérité ou la bonne volonté requise. Pour éviter la guerre, la France et ses alliés cherchent à donner un délai de grâce, d’un mois au moins, à l’Irak et aux inspecteurs. Saddam Hussein a invité les chefs des inspecteurs à se rendre à Bagdad pour leur livrer toutes ses données et les porter à remettre au Conseil de sécurité un rapport concluant au dépouillement total de l’Irak en matière d’armes de destruction massive ou prohibées. Les USA veulent de leur côté le renverser. Pour avoir l’aval de la légalité internationale, ils s’appuient sur la question de l’arsenal et refusent de donner un délai supplémentaire aux inspections. Car ils craignent que les inspecteurs n’arrivent à la conclusion que l’Irak est effectivement devenu propre. Aux Açores, le camp des Américains a effectué une dernière tentative de convaincre la France et ses partenaires d’adopter une position commune en Conseil de sécurité. Faute de quoi la guerre serait déclenchée, sous le couvert de la 1441 et des résolutions sur le terrorisme. Sauf, évidemment si Saddam acceptait de partir, comme le président Bush et Dick Cheney l’y invitent expressément. À la suite du reste de pays arabes, notamment du Golfe. Qui indiquent, entre les lignes, qu’un autre régime irakien les rassurerait, même s’il continuait à disposer d’armes de destruction massive. Émile KHOURY
Selon un ancien ministre des Affaires étrangères, les États-Unis ont livré une bataille diplomatique sinon perdue d’avance du moins inutile. À son avis, en effet, Washington aurait dû considérer la 1441 comme suffisante pour partir en guerre. Sans courir derrière une deuxième résolution volatile faute de majorité garantie. Les Américains auraient pu, en outre, s’armer...