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SOCIÉTÉ - Une complicité à tout casser, une relation parfois poussée à l’extrême Qui est qui ? Les vrais jumeaux, si pareils et si différents à la fois (photos)

Les reconnaître relève d’une véritable prouesse car ils sont souvent identiques ou presque. Un grain de beauté, une cicatrice, un regard, une démarche ou une intonation de voix sont souvent les seules façons de les identifier. Vivant et se déplaçant souvent en paire, voire en couple, leur troublante ressemblance physique ne manque pas d’intriguer et d’attirer les regards amusés. Que de fois leurs propres parents les ont confondus. Que de fois le bain, le biberon ou le médicament ont été donnés deux fois de suite au même enfant, alors que l’autre s’époumonait à réclamer sa part. Les vrais jumeaux ne semblent pas se plaindre de leur situation, bien au contraire. De cette gémellité naît souvent une complicité telle, qu’elle devient imperméable à toute intervention extérieure. Rencontre avec plusieurs paires de vrais jumeaux, dans un univers empreint d’amour et de complicité, de farces et de coïncidences, de rires et de larmes, où l’attachement à son double prime et où chacun tente de se bâtir une identité propre à soi. Deux bébés de même sexe et, par surcroît, identiques, ce n’est pas toujours facile à gérer pour les parents. Et pourtant, passé le stade difficile des nuits sans sommeil, des couches biberons et du travail en double, l’expérience s’est avérée, pour la plupart d’entre eux, une véritable révélation. Ils se plaisent alors à décrire, dans leurs moindres détails, les similitudes et les différences entre leurs jumeaux, non seulement physiques mais au niveau du caractère ou du comportement. Comment ceux-ci adoptent la même position pour dormir, répondent d’une même voix, détestent les mêmes aliments, exercent les mêmes activités, ont les mêmes bobos au même endroit, insistent pour porter les mêmes habits ou présentent les mêmes manies. Mais aussi comment ils peuvent être complémentaires, l’un extraverti, l’autre introverti, l’un sociable, l’autre solitaire, l’un sensible, l’autre plus indifférent, l’un malin, l’autre sérieux. Des prénoms qui riment souvent Les termes de « photocopie », « couple », « miroir », « moitié », « cocon » ou, pour être à la page, « copier-coller » fusent souvent de la bouche des parents et même des jumeaux. Ils évoquent ainsi cette complicité unique qui les lie, ce langage propre à eux, ce bonheur d’être ensemble, cette tristesse d’être séparés. Les albums de famille que l’on ressort sont alors prétexte à des séances d’identification de l’un et de l’autre (opération des plus ardue lorsque les jumeaux sont habillés pareil dans les photos), à se rappeler les méprises des proches, les farces, les troublantes coïncidences, mais aussi l’émergence d’une identité propre à soi, qui se traduit par un refus de certains jumeaux d’être identiques, de s’habiller pareil et par la mise en valeur de leurs différences. À la naissance, rien que le choix des prénoms est déjà matière à confusion. Généralement, les parents optent pour des prénoms qui se ressemblent : même nombre de lettres ou de syllabes, mêmes rimes, comme pour accentuer la ressemblance entre les nourrissons. Et comme pour confirmer cette règle, les vrais jumeaux que nous avons rencontrés se prénomment Freddy et Edy, Gabrielle et Michelle, Karim et Walid, Cynthia et Pia, Léa et Joy... C’est d’autant plus facile que leurs parents les appellent souvent par les deux prénoms à la fois. Mais comment leurs proches ont-ils appris à les différencier ? Souvent, un grain de beauté, une cicatrice ou une tache de naissance sont d’un précieux secours pour les parents et les éducateurs. Encore faudrait-il qu’il soit placé au bon endroit, bien en évidence, ce qui n’est pas toujours le cas. On imagine la panique qui peut s’emparer des éducatrices ou des parents contraints de déshabiller les jumeaux pour donner le médicament à l’un d’eux. « Durant leur première enfance, la seule façon de différencier Walid et Karim était un grain de beauté sur le torse, se souvient leur mère. D’ailleurs, c’est quand ils étaient nus que je les reconnaissais l’un de l’autre.» À présent qu’ils sont âgés de 7 ans et 8 mois, il est plus aisé de distinguer les deux frères lorsque leurs cheveux allongent, car ceux-ci ne poussent pas de la même façon. De plus, explique leur mère, à part leurs caractères et leurs comportements qui sont différents, Walid est légèrement plus grand que son frère et quand il est fatigué, son œil a tendance à se fermer à moitié. » Quant à leurs camarades de classe, même les plus proches, c’est tout simplement à leurs chaussures qu’ils les reconnaissent. Des caractères parfois différents Malgré ces différences, certes parfois à peine perceptibles, il arrive aux parents de se tromper, provoquant souvent l’exaspération des jumeaux. En effet, ces derniers ne supportent pas une éventuelle méprise de la part de leurs géniteurs. « Je les identifie à leur regard, mais je me trompe encore de temps à autre, avoue la mère de Joy et Léa, actuellement âgées de 7 ans. Mes filles m’en font d’ailleurs le reproche. » « Il arrive à notre mère de demander deux fois de suite l’agenda scolaire à l’une de nous pour vérifier nos leçons », racontent à leur tour, et d’une seule voix, Pia et Cynthia, malgré les efforts des deux adolescentes de 12 ans et demi de se donner chacune un look différent. Quant à Amine et Joseph, aujourd’hui âgés de 22 ans, il était quasiment impossible de les différencier durant leur première enfance. « La seule façon pour nous de les reconnaître, se souvient leur mère, était de lire leurs noms sur les gourmettes qu’ils portaient au poignet.» Mais elle évoque en riant la panique qui a gagné la famille lorsque ces plaques ont été égarées. « Ce jour-là, ajoute-t-elle, nous avons donné deux fois le bain et le biberon à l’un, alors que l’autre hurlait à s’époumoner. » Si les jeunes gens arborent actuellement des looks différents et présentent des caractères plutôt opposés, il arrive encore à leurs parents de les confondre, notamment lorsqu’ils les voient de dos. Il en est de même pour Gabrielle et Michelle, dont les parents se trompent encore, malgré une petite différence dans la forme du visage et les yeux, alors que les deux jeunes femmes ont atteint leur 32e année et sont mariées chacune dans un pays différent. « Non seulement nous nous ressemblons énormément, constate Gabrielle, mais nous avons la même voix, le même caractère, les mêmes goûts et les mêmes manies. » Quant aux éducateurs et aux camarades, ils accumulent les erreurs, provoquant, tour à tour, l’exaspération et l’amusement des jumeaux. « J’ai été grondée à l’école par une enseignante qui m’a prise pour Léa », raconte Joy, ajoutant qu’elle n’avait pas vraiment apprécié la méprise de l’éducatrice. Par contre, les fillettes avouent taquiner leurs camarades durant les récréations en se faisant passer l’une pour l’autre. Walid et Karim déclarent eux aussi leur gêne d’avoir été au centre de la farce qu’une enseignante avait faite à une collègue, en leur faisant changer de classe, l’espace d’un cours. D’ailleurs, lorsque quelqu’un se méprend sur leur identité, aucun des deux ne répond, pas plus qu’il ne relève l’erreur, histoire de marquer sa désapprobation. Quant à Pia et Cynthia, même leurs amis intimes les confondent encore. « Ils savent pertinemment bien que l’une de nous a un grain de beauté sur la joue, mais ils ne font même pas l’effort de se rappeler de laquelle il s’agit. Ils continuent à nous demander qui est qui et, pourtant, nous nous trouvons différentes », disent-elles en chœur. Seuls les frères et sœurs des jumeaux, qui ont grandi avec eux et partagé leurs jeux et leur intimité, ne les confondent pratiquement jamais. Prendre la place de l’autre, une farce courante Progressivement, au fil des ans, les vrais jumeaux apprennent à s’amuser des méprises que leurs similitudes entraînent, certains poussant même la farce un peu loin. De ces agissements naît d’ailleurs une complicité unique, une relation binaire de laquelle tous les autres sont exclus, même les parents. Lorsqu’elles veulent éviter à l’une des deux d’être punie, Léa et Joy s’adressent à leurs parents en cachant toutes deux leur œil droit, celui sur lequel Joy a un grain de beauté. Pour Amine et Joseph qui étaient placés dans des sections différentes, changer de classe vers l’âge de 16 ans était un moyen de mettre un peu d’ambiance dans un cours ennuyeux. « C’était amusant et les enseignants n’y voyaient que du feu, se souvient Amine. Mais nous n’avons jamais passé d’examens l’un à la place de l’autre. Nous n’avions tout simplement pas confiance. » Leur gémellité était aussi pour les deux frères un moyen de taquiner leurs petites amies, notamment au tout début d’une relation. Mais ils disent n’avoir jamais voulu pousser les choses trop loin. Des devoirs et des examens que l’on passe à la place de l’autre, Gabrielle et Michelle en ont elles aussi l’expérience, d’autant plus qu’elles étaient assises sur le même banc d’école. Gabrielle avoue avoir même voyagé avec le passeport de sa sœur jumelle, car le sien était périmé, sans que personne ne s’en doute. Pour Freddy et Edy, toujours aussi identiques à 37 ans, malgré quelques kilos de différence, les petites permutations scolaires, les examens faits à la place de l’autre, les cours que l’un suit pour deux, ils les ont pleinement vécus jusqu’au jour où ils en ont subi le revers. « Nous comptions tellement l’un sur l’autre en classe que nous avons tous deux échoué, se souvient Freddy. C’est alors que nous avons été placés dans des sections différentes. Chacun a été obligé de compter sur lui-même. » Quant à la permutation la plus audacieuse de leur existence, elle date d’il y a tout juste une année. « J’étais invité à un mariage à l’étranger, là où résidait mon frère jumeau. Pour m’éviter de faire le déplacement, mon frère y est allé à ma place. Les mariés n’y ont vu que du feu et m’ont chaleureusement remercié d’avoir fait le voyage. Ils ne savent toujours pas que ce n’était pas moi mais mon frère », raconte Freddy, regrettant néanmoins de n’avoir pas informé ultérieurement le couple de la farce. Mais comment les enfants prennent-ils conscience de leur gémellité et quelle relation en découle ? Pour de nombreux jumeaux, la prise de conscience s’est faite progressivement durant l’enfance. Les explications de leurs parents, les remarques des proches ou tout simplement les commentaires amusés de l’entourage ont suffi à leur faire prendre conscience de cette particularité. Contrairement aux autres jumeaux, la prise de conscience s’est faite de manière plus brutale pour Léa et Joy, peu avant l’âge de deux ans. « En effet, se souvient leur mère avec amusement, Léa a crié le nom de sa sœur en se regardant un jour dans le miroir. Et lorsque cette dernière est venue se placer à côté d’elle, son air ébahi en disait long. » Aujourd’hui, cette similitude continue d’amuser les jumelles qui insistent encore à s’habiller pareil, histoire de se faire passer l’une pour l’autre lorsqu’elles en ont envie. Pour Walid et Karim, qui ont réalisé leur gémellité à travers le regard des gens, cette situation semble bien moins amusante. En effet, Karim exprime clairement son agacement d’être jumeau. Son frère semble d’ailleurs du même avis. « Ils ont horreur d’être comparés », précise leur mère, déplorant cette tendance qu’ont les gens de les comparer aussitôt qu’ils se trouvent en leur présence. Coïncidences et télépathie Et pourtant, la relation entre les deux frères est aussi forte que celle qui lie la grande majorité des jumeaux. Une relation faite de jeux, de complicité, de petites disputes jamais trop graves, d’un refus d’être séparés, mais aussi de coïncidences aussi drôles qu’invraisemblables. « Lorsqu’ils étaient petits, se souvient leur mère, leurs lits étaient placés dans la même chambre, loin l’un de l’autre. Systématiquement, et je ne sais de quelle manière, ils se rapprochaient et je retrouvais les deux lits collés l’un à l’autre, le pied ou la main de l’un touchant celui de l’autre. De plus, à une semaine d’intervalle, ils se sont tous deux cassé le nez. Ils n’avaient pas deux ans. » Quant à Léa et Joy, installées dans le même berceau lorsqu’elles sont nées, elles ont été retrouvées une fois l’une suçant le pouce de l’autre. Si elles se tiennent encore la main pour dormir, formant toujours une sorte de cocon, aux dires de leur mère, ce n’est qu’à partir de l’âge de 4 ans qu’elles ont accepté de communiquer avec le monde extérieur. « Avant cela, se rappelle-t-elle, leur relation était si forte qu’elles s’étaient construites un langage propre à elles ; langage que seule la proche famille pouvait déchiffrer. » Pour Pia et Cynthia, la complicité n’est pas moins solide. Bien au contraire, les deux adolescentes n’ont pas besoin de se parler pour deviner la pensée l’une de l’autre. S’amusant à se lancer de petites critiques au cours d’une conversation, elles se liguent contre leurs parents et se protègent mutuellement lorsque ces derniers grondent ou punissent l’une d’entre elles. Par ailleurs, lorsque l’une des deux sœurs passe quelques jours loin de la maison, l’autre ne peut s’empêcher de pleurer le soir, au moment de s’endormir. Car si elles commencent à faire certains programmes l’une sans l’autre, elles ne supportent pas d’être séparées. Amine et Joseph font partie de ces jumeaux qui sont proches tout en revendiquant deux identités bien distinctes. Placés dans des classes différentes dès l’enfance, dormant dans des chambres séparées à partir de l’adolescence, ils ont toujours refusé de s’habiller pareil. Aujourd’hui, ils passent la semaine chacun dans un studio à proximité de son université et avouent ne pas souffrir véritablement de cette séparation. Cependant, une petite heure de conversation téléphonique, la nuit, régulièrement, leur fait le plus grand bien, à l’un comme à l’autre. Quant à la télépathie, elle a toujours été forte entre eux. En effet, leur mère évoque le jour où Joseph a été électrocuté en ouvrant le réfrigérateur au moment où la foudre tombait. « Au même instant, dit-elle, Amine, qui était dans mon lit, a ressenti la même décharge. » Entre Gabrielle et Michelle, et malgré leur éloignement, la relation demeure exclusive. « Au début de mon mariage, raconte Gabrielle, j’avais prévenu mon mari qu’il nous épousait toutes les deux. Aujourd’hui, ma sœur est mariée et nous souffrons énormément de vivre loin l’une de l’autre. D’ailleurs, nous nous parlons tous les jours au téléphone. » Et de raconter la forte télépathie qui existe entre elles, mais aussi les nombreuses coïncidences qui jalonnent leur vie. « Nous sommes fortuitement tombées enceintes en même temps et avons perdu l’enfant au même moment, poursuit-elle. Par ailleurs, lorsque nous nous retrouvons, nous sommes souvent habillées de la même manière, comme par hasard. » Une relation bizarre, voire même extrême, c’est ainsi que Freddy qualifie le « couple » qu’il forme avec Edy. « Nous ressentons et partageons tout ensemble, même le bouton que nous avons eu tous deux derrière l’oreille la même semaine », ajoute-t-il en riant. Dormant jusqu’il y a 5 ans dans le même lit, désirant par-dessus tout continuer de se ressembler comme deux gouttes d’eau, séparés depuis quelques années pour les besoins du travail, ils n’ont qu’un seul but : se retrouver dans le même pays, se marier le même jour et partager le même immeuble. « D’ailleurs, précise Freddy, l’avis de mon frère pésera lourd dans le choix de ma future épouse. Je suis certain qu’il en est de même pour lui. » Un seul hic dans la gémellité, à leurs dires : les reproches que leur font les gens qu’ils ne saluent pas, car ce sont tout simplement les amis de l’un des jumeaux. Une situation non seulement agaçante, mais surtout embarrassante… La psychologue Viviane Touma : Deux entités distinctes, deux personnalités différentes à développer Les jumeaux, qu’ils soient vrais ou faux, ne se développent pas de la même façon. Dès leur petite enfance, un des deux se développe plus rapidement que l’autre, tant sur le plan biologique qu’affectif. « Afin de neutraliser cette différence et d’aider chacun d’eux à former sa propre personnalité, il est impératif de considérer chaque enfant comme une personne à part entière », conseille la psychologue Viviane Touma. « Aussi faudrait-il éviter, dès le départ, d’interpeller ses enfants en utilisant le terme de « jumeaux », d’autant plus que, précise-t-elle, il y a toujours un moyen de les distinguer et d’éviter de se tromper. » Car l’enfant procède par identification, par imitation et par habitude. Par ailleurs, il est nécessaire de les habiller de manière distincte et de leur donner des accessoires différents, dès le départ, lorsqu’ils n’ont pas encore conscience des choses. « Cependant, constate-t-elle, cela amuse les parents d’habiller leurs jumeaux de la même façon. Et pourtant, confondre deux enfants est mauvais pour eux car cela implique que l’on ne reconnaît pas l’identité et l’entité de chacun. » Et de déplorer le fait que de nombreux jumeaux dorment dans le même lit. « Cela n’est certes pas un besoin mais une habitude qu’ils prennent sous l’influence des parents », regrette-t-elle. « Quant aux comparaisons, poursuit Mme Touma, il faut impérativement les éviter, car établir une comparaison entre deux jumeaux ne ferait qu’installer entre eux un climat de compétition et de jalousie. » L’idéal serait de donner à chaque enfant sa propre importance, de respecter son rythme, ses capacités et ses habitudes, afin de favoriser entre les jumeaux une relation d’entraide et de complicité. Pour cela, il est conseillé de séparer les enfants de classe, dès la petite enfance. « Il ne s’agit pas dans cette action de briser le couple qu’ils forment, précise la psychologue, mais simplement de couper le cordon. De cette manière, l’enfant peut évoluer indépendamment dans son groupe scolaire, être apprécié et aimé pour ce qu’il est et avoir ainsi la possibilité de renforcer sa personnalité. » Certes, conclut Viviane Touma, il ne faut pas négliger le facteur biologique : les similitudes sont nombreuses entre les jumeaux et impliquent une grande tendresse partagée, une complicité implicite, une affinité très forte ainsi qu’une possible télépathie. Mais chacun vit les choses différemment, et il est essentiel pour les parents de savoir donner une base au développement de la personnalité de chaque enfant, afin d’éviter l’émergence d’une relation conflictuelle. Le facteur génétique privilégié dans les comportements des jumeaux monozygotes De nombreuses études scientifiques ont été menées sur les comportements des vrais et faux jumeaux, respectivement appelés monozygotes et hétérozygotes. « Les thèses actuelles privilégient la prédominance des facteurs génétiques sur ceux de l’environnement dans la similarité des comportements des vrais jumeaux, malgré la difficulté de dissocier ces deux facteurs l’un de l’autre », souligne le Dr Robert Sacy. C’est ce que montre une étude américaine présentée il y a trois ans au cours du congrès de l’American Society of Pediatric Research de New Orleans, réalisée sur 120 paires de jumeaux séparés dès la naissance et élevés dans des environnements totalement différents. En effet, chez la plupart de ces jumeaux élevés séparément, on retrouve les mêmes facteurs de comportement, notamment au niveau du tabagisme, de l’alcoolisme, de la délinquance, de l’intelligence et du taux de divorce. De même, poursuit le pédiatre, une étude allant dans le même sens sur les attitudes d’hérédité a été publiée en juin 2001 par l’American Psychological Association. Cette étude a été conduite par James Olson, Philip Vernon et Julie A. Harris du département de psychologie de l’University of Western Ontario et par Kerry Lang du département de psychiatrie de l’University of British Columbia. Le document qui a porté sur 195 paires de jumeaux monozygotes et 141 paires de jumeaux dizygotes a mis en relief la prédominance génétique d’un grand nombre de facteurs similaires, notamment au niveau de l’attitude, des croyances, de l’avis sur la peine de mort, des traits de personnalité, des capacités académiques, de l’apparence physique, de l’aptitude au sport, du goût pour la lecture, de l’attitude envers la cigarette, de l’avortement, etc. Ces deux études bouleversent certaines idées qui prédominaient jusque-là concernant l’importance de l’environnement sur l’attitude des vrais jumeaux. Aussi fausses que vraies! Karma et Dia sont de fausses jumelles. Et pourtant, il est quasiment impossible de les différencier si on ne les connaît pas vraiment. Pour les identifier plus facilement et pour permettre à leurs camarades de les reconnaître, leur éducatrice a expressément demandé à leur mère de les habiller différemment. Âgées de deux ans et demi, elles ont été placées dans deux groupes séparés d’une même section de maternelle. « Elles auront le temps d’être complètement séparées à l’école. De cette manière, chacune peut faire son travail indépendamment, sans toutefois perdre sa sœur du regard », remarque leur éducatrice. Se cherchant perprétuellement durant la journée, ayant les mêmes goûts et dégoûts alimentaires, les deux sœurs ont aussi la même façon de travailler, de peindre et de dessiner. Leurs dernières peintures libres, réalisées alors qu’elles étaient séparées l’une de l’autre, à des moments différents, présentent une étonnante similitude, tant au niveau de la forme que des couleurs. Anne-Marie EL-HAGE
Les reconnaître relève d’une véritable prouesse car ils sont souvent identiques ou presque. Un grain de beauté, une cicatrice, un regard, une démarche ou une intonation de voix sont souvent les seules façons de les identifier. Vivant et se déplaçant souvent en paire, voire en couple, leur troublante ressemblance physique ne manque pas d’intriguer et d’attirer les regards...