Des positions ont été évacuées, d’autres ont été maintenues Le redéploiement des forces syriennes au Liban-Nord a été suivi d’une relève de troupes(photos)

Il a fallu six jours à l’armée syrienne pour évacuer ou alléger ses positions dans les cazas de Batroun et du Koura. Lundi dernier, les soldats syriens avaient achevé leur retrait partiel du Liban-Nord, laissant plusieurs points de rassemblement stratégiques sous leur contrôle et évacuant complètement les hauteurs de Batroun. Les troupes de Damas ont toutefois gardé d’autres positions dans ce caza, notamment à Kfarabida, non loin du pont de Madfoun, à Chekka, et à Hamate, localité qui a vu néanmoins un véritable allègement de soldats. Au caza de Koura, quatre points de rassemblement qui abritaient quelques dizaines de soldats ont été évacués. D’autres, plus importants en nombre de soldats et en quantité d’armement, selon des témoins, ont été préservés. Selon le témoignage de divers habitants de Chekka, Kfarabida et Hamate, où plusieurs positions ont été maintenues, l’armée syrienne a procédé en fait à une relève de ses troupes. Rares sont donc les unités de soldats syriens qui ont gardé les mêmes positions dans ces localités. Selon des témoins, un nombre non négligeable de nouveaux soldats ont pris la relève de leurs camarades à Chekka, Kfarabida et Hamate. Dans les hauteurs de Batroun donc, les positions de Kfifane, Jrane et Ibrine ont été complètement évacuées. Et l’armée libanaise a interdit l’accès à ces anciens points de rassemblement syriens. Le bâtiment de la Régie (à 2 kilomètres de la ville de Batroun), qui abritait une centaine de soldats et une quantité impressionnante de munitions, a été également évacué. L’entrée de l’ancienne caserne était toujours interdite hier, des sommiers à ressorts rouillés barrant la porte d’entrée. À Kfarabida, un important dépôt de munitions et plusieurs positions syriennes ont été évacués. Seules trois positions des troupes de Damas étaient maintenues : un poste des services de renseignements couvrant la région de Batroun, une position de DCA au-dessous du pont de Madfoun et un petit point de rassemblement sur ce même pont qui servait de point de passage entre la banlieue est et le Nord durant les événements du Liban. Hier, l’armée libanaise avait dressé un barrage à proximité de ce point stratégique du temps de la guerre. Un peu plus loin, sur la route maritime, à la bifurcation de Wej el-Hajar (menant à Hamate), un important point de rassemblement qui était en cours d’évacuation la semaine dernière a été maintenu avec une dizaine de soldats. Non loin de là, une position d’artillerie est restée intacte. À proximité de la plage de Beaulieu à Chekka, deux positions ont été préservées. Deux autres ont été allégées. Dans la même localité, le point de rassemblement connu sous le nom de la Centrale, évacué la semaine dernière, a été regarni. Seule une importante position syrienne à Chekka el-Atika a été complètement évacuée. Qu’en est-il de Hamate ? Les habitants s’attendaient à un retrait total de la localité. Ce n’est pas le cas, même si les effectifs des troupes de Damas ont été réduits à 70 %. Plusieurs positions ont été totalement évacuées, notamment Mar Élias, le dispensaire, Notre-Dame-des-Prés et le barrage de Kfarhata à l’entrée nord de la localité. Non loin de l’aéroport de Hamate, un bâtiment qui abritait un nombre non négligeable de soldats a été allégé. La position de Deir el-Nourié qui englobe plusieurs points de regroupement a été à moitié évacuée, notamment le lieu nommé le « café du couvent ». La position de Mar Semaan, qui abritait l’armée libanaise avant 1978, et où les troupes syriennes ont installé leurs radars, dans une région à majorité chrétienne, a été préservée. À l’aéroport de Hamate, position qui servait entre autres à l’entraînement des soldats syriens, un bâtiment de trois étages où logeaient les militaires est vide. Sur la piste de l’aéroport cependant, une dizaine de tentes – abritant une unité de soldats – étaient toujours dressées. Le caza de Koura : une position située dans une impressionnante villa où logeaient une dizaine de militaires a été évacuée la semaine dernière à Btaaboura. Dimanche dernier, les soldats de Damas ont quitté trois petits points de rassemblement sur la route principale de Kfarhazir. Une position d’artillerie de Bechmezzine, la plus importante de cette région du Liban-Nord, est restée intacte. Un autre point de rassemblement syrien dans la localité a également été maintenu. Une position de DCA de Bterrame (appelée al-Ajamié) est restée en place. Les troupes syriennes ont aussi préservé leurs positions à Abba, Tratij, Batroumine, Deir el-Khoury, des localités situées sur la route menant du Koura à Tripoli. Le centre des services de renseignements à Ammioun, couvrant tout le caza, est toujours en fonction. À Bécharré, caza touché par le premier redéploiement syrien de juin 2001, un centre des services de renseignements de l’armée syrienne a été maintenu. Les petites positions du caza de Zghorta sont toujours là. Rappelons qu’une source officielle avait indiqué mardi que ce retrait partiel du Liban-Nord, le troisième depuis 2001, a concerné 3 500 à 4 000 soldats qui ont tous regagné la Syrie. Toujours selon cette source, moins de 20 000 soldats syriens sont désormais stationnés au Liban. Rappelons que les redéploiements précédents de juin 2001 et d’avril 2002 avaient ramené les effectifs syriens au Liban de 35 000 à 20 000 soldats. Patricia KHODER