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THÉÂTRE - « Retours », par la compagnie Arcinolether, au théâtre Béryte, les 27, 28 février et les 1er, 6, 7 et 8 mars, à 20h Instants de mémoire(photo)

La mort et l’amour, l’enfance et la société : un homme et ses souvenirs au milieu de ces trois réalités d’une vie. C’est la trame de Retours : théâtre d’images, mise en scène par Christophe Cotteret (*). Le projet est ambitieux : il s’agit, à partir de l’image, qui prend le dessus sur le texte, de donner le rôle principal à la mémoire, ce condensé d’« impulsions » liées entre elles sans raison apparente. Trois parties donc, et près de deux heures de spectacle, sans compter l’entracte (une formule qui reprend parfois le dessus). Cela peut s’expliquer par une seconde haute exigence que s’est fixée l’équipe auteur-metteur en scène- scénographe (respectivement Ivan Bertoux, Christophe Cotteret et Roy Dagher) : donner à voir une durée dramatique particulière, reproduisant celle de l’esprit qui se souvient, avec ses distorsions imprévisibles, ses raccourcis fulgurants et ses rêveries déroutantes. Avec de telles gageures théâtrales, l’ensemble est évidemment un mélange d’heureuses réussites et de déceptions presque prévisibles. Rupture et violence L’ouverture d’abord : déroutante, et belle parce que déroutante. Pendant près de cinq minutes, la scène et la salle sont dans une obscurité complète et seule l’oreille est attentive à des bribes de phrases entrecoupées de sons électroniques (signés La chambre, artiste libanais confirmé dans le domaine). Le ton est donné : la voix d’une femme évoque en libanais un homme, dont les battements de cœur vibrent à travers la salle. Ce couple apparaît sur scène, sous une lumière rouge, dansant une scène d’amour, lui déplaçant autour de lui une table d’opération clinique blanche sur roues. Belle chorégraphie, signée Nada Kano, imitant tout à fait la tendance, presque éculée, de la répétition annonciatrice d’une brusque rupture. Elle ouvre une nouvelle partie, qui montre ce même homme subissant une opération chirurgicale au milieu de l’habituelle agitation calme de l’équipe médicale. La femme s’approche de lui avant de disparaître. Voilà pour l’amour et la mort. Autre séquence, la plus intéressante celle-ci : l’homme retrouve son enfance et ses camarades de classe, ainsi qu’un professeur doux-dingue d’histoire. En près de quarante-cinq minutes, le spectateur assiste à la très lente perte de contrôle de l’enseignant sur les élèves. Chaque individu impose sa personnalité propre au regard du public, et cette scène révèle le talent appréciable de la majorité des acteurs (Diamand Abou Aboud, Sébastien Gentil, Roger Ghanem, Mia Habis, Maria Harfouche, Raymond Hosni, Tania Khalaf, Guy Nader, Mirana Naïm et Aurélia Sfeir). La lente et imperceptible construction de la violence enfantine, rythmée par les allers et venues d’un écolier silencieux et costaud, qui déplace inlassablement un porte-charge, sur roues lui aussi. La troisième et dernière séquence montre les mêmes personnes, des années plus tard, observées par la mémoire de l’acteur principal, au cours d’une fête mondaine qui s’achève en crime. Couple inséparable Encore une fois, comme cela arrive de plus en plus souvent sur la scène théâtrale locale, le sentiment, une fois la pièce terminée, est mitigé, presque brouillé. Et Retours : théâtre d’images ne déroge pas à la règle, malgré la qualité de l’environnement sonore, la fluidité de la gestuelle dans la plupart des moments dramatiques et l’effort constant de donner une texture concrète à la durée d’un instant de mémoire. Mais ce déploiement, si particulier, implique, pour toucher son but sans détours, que l’attention et le sentiment du public, couple inséparable, soient entièrement sous l’emprise de ce qui se passe sur scène. Fascination et gêne grandissante sont les ingrédients contradictoires et nécessaires d’un tel projet, s’il est réussi. Or, bien souvent, l’attention se relâche et fait place à l’impatience. Mais le projet n’en est pas moins louable et devrait encourager d’autres metteurs en scène et d’autres auteurs à l’envisager à leur tour. Diala GEMAYEL (*) Renseignements et réservations aux 01/611642 et 03/948742.
La mort et l’amour, l’enfance et la société : un homme et ses souvenirs au milieu de ces trois réalités d’une vie. C’est la trame de Retours : théâtre d’images, mise en scène par Christophe Cotteret (*). Le projet est ambitieux : il s’agit, à partir de l’image, qui prend le dessus sur le texte, de donner le rôle principal à la mémoire, ce condensé d’«...