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Redéploiement syrien et défilé libanais à Damas : beaucoup de mouvement dans les rapports bilatéraux

Célèbre pour sa longanimité, le regretté Hafez el-Assad était coutumier des audiences marathons. Il accordait rarement moins de six heures d’entretien à un visiteur. Son fils et successeur va bien plus vite en besogne : ces temps-ci, il reçoit en moyenne, chaque jour, trois personnalités libanaises. En même temps, comme on sait, les troupes syriennes cantonnées dans les plaques chrétiennes du Liban-Nord se rabattent sur leur pays ou sur la Békaa. Un redéploiement que l’on présente, du côté des officiels, comme étant le complément de l’opération engagée en juin 2001 au Mont-Liban. Cette fois, les remerciements libanais sont quasi dithyrambiques. Parce qu’il se trouve que depuis la crise irakienne, il était largement convenu sur place de laisser de côté le dossier de la présence militaire syrienne, de ne plus réclamer de repositionnement et encore moins de retrait. L’opposition, notamment Kornet Chehwane, a donc mis une sourdine à ses revendications. Et, dès lors, les politiciens se plaisent à souligner que le geste syrien est tout à fait gracieux, un cadeau pur jus que personne ne demandait. Mais que nombre de professionnels et d’observateurs attendaient. À cause de la situation régionale. L’initiative syrienne revêt en effet un double caractère : – D’abord elle constitue un message implicite, subtil, d’ouverture aux Occidentaux. Un peu aux Américains, pour arrondir légèrement les angles avec eux à un moment où on leur reproche de mettre en péril la stabilité de la région et de ses régimes. Et beaucoup, sans doute, aux Français dont l’attachement à ce pays est connu et que l’on veut saluer pour leur opposition à la ligne US. Cependant, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, des contacts diplomatiques discrets ont lieu entre Damas et les capitales occidentales. Qui souhaitent s’assurer que, dans la phase critique présente, le repli syrien ne risque pas d’avoir sur le plan sécuritaire des effets négatifs. Les Anglo-Saxons surtout, indiquent des sources informées, se demandent si les Palestiniens et incidemment le Hezbollah ne vont pas être tentés de s’agiter ou d’agir, à la faveur d’une détente dans le contrôle de retenue exercé par la Syrie. Ces inquiétudes sont réfutées par les proches des décideurs qui ne manquent pas de souligner que c’est au Sud, où la Syrie n’est pas physiquement présente, que les Palestiniens et la Résistance peuvent, ou non, s’activer. Et qu’en tout cas, ils restent perméables à l’influence politique de la Syrie et ne bougeraient pas sans son aval. Ainsi, c’est manifestement avec l’accord de Damas, voire à sa demande en tant que mandataire chargé de la stabilité, que les camps palestiniens du Sud se trouvent depuis quelques mois sous étroite surveillance de l’armée libanaise. Les cadres locaux indiquent, par ailleurs, que sur le plan sécuritaire intérieur, l’armée syrienne ne va pas cesser d’apporter son concours aux forces de sécurité libanaises. Notamment pour serrer la vis aux cellules extrémistes subversives. On sait à ce propos que les Syriens ont procédé récemment à des ratissages fructueux au Nord comme dans la Békaa. – Ensuite, le redéploiement est une main tendue aux Libanais réfractaires à la tutelle syrienne. De la sorte, Damas s’assure que par les temps houleux qui s’annoncent, il ne devrait pas avoir de problèmes au Liban. C’est même plutôt le contraire. Dans ce sens que des pôles loyalistes s’inquiètent ouvertement : les Syriens vont-ils laisser aussi en plan Tripoli et Denniyé ? Les activistes islamistes ne vont-ils pas en profiter pour des actions subversives ? De tels propos sont peu flatteurs pour les autorités locales. Et pourtant parmi les lanceurs de surenchères on dénombre une bonne dizaine de responsables. Mais tout le monde, à l’Est comme à l’Ouest, convient que la décision syrienne est (encore une fois) un coup de maître. L’on se demande cependant si l’importance visible que le président Assad accorde actuellement au dialogue avec les Libanais signifie aussi qu’il veut normaliser les relations avec l’Est. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu, par exemple, de contacts avec Kornet Chehwane en tant que groupe organisé, ni, bien évidemment, avec Bkerké. Il convient toutefois de signaler que, selon des sources informées, ce n’est pas la présidence syrienne qui invite les visiteurs libanais et elle ne fait que répondre aux demandes d’audiences. Sans en reporter ni en rejeter aucune, jusqu’à présent. Philippe ABI-AKL
Célèbre pour sa longanimité, le regretté Hafez el-Assad était coutumier des audiences marathons. Il accordait rarement moins de six heures d’entretien à un visiteur. Son fils et successeur va bien plus vite en besogne : ces temps-ci, il reçoit en moyenne, chaque jour, trois personnalités libanaises. En même temps, comme on sait, les troupes syriennes cantonnées dans les...