Intempéries - Des pluies diluviennes sont annoncées pour les trois prochains jours Le ministère de l’Intérieur proclame l’état d’urgence (photos)

L’état d’urgence a été proclamé hier au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), de la Défense civile ( DC), des services de sécurité de l’aéroport international de Beyrouth (AIB) et de la brigade des pompiers à titre préventif, en prévision des intempéries annoncées par la météo pour les trois prochains jours, et toutes les permissions ont été annulées. Une chambre d’opérations a été établie au siège du ministère de l’Intérieur, pour coordonner les opérations de secours. Les personnes en difficulté peuvent la joindre au numéro 1733. Quatre cent cinquante véhicules des FSI et 200 autres de la police de Beyrouth ont été affectés aux points sensibles, sur l’ensemble du territoire. 180 véhicules de la Défense civile équipés de pompes pour l’évacuation des eaux de pluie, des bulldozers et 250 ambulances, secondées par 4 000 bénévoles, ont été placés en état d’alerte 24 heures sur 24. Les entrepreneurs de travaux publics sous contrat avec l’État ont été sollicités d’intervenir si nécessaire, pour dégager des cours d’eau et des canalisations bouchés. Dans la Békaa À l’initative du chef de l’État, le directeur général des Ressources hydrauliques et électriques Fady Comair a effectué une tournée d’inspection des différentes régions inondables de la Békaa, où des véhicules de secours ont été placés en état d’alerte. Par ailleurs, des véhicles ont été placés sur les rives des fleuves de Beyrouth, Nahr el-Kalb, Nahr el-Mott (Mont-Liban), Oustouana, Smakiyé, Nahr el-Bared (Nord). « Les éléments naturels ne sont pas seuls responsables des catastrophes qui se produisent. Il faut également mettre en cause les contructions anarchiques construites sur les cours d’eau », a déclaré M. Comair, en guise de commentaire, à l’issue de sa tournée. Exagération Ce qu’il faut mettre en cause, c’est également la propension des Libanais à l’exagération. C’est à un danger de cet ordre que le conservateur du musée Gibran, à Bécharré, Wahib Keyrouz, a fait référence en affirmant hier que ce dernier bâtiment est situé à environ 3 kilomètres du lieu du glissement d’un pan de montagne à Mar Sarkis, qui s’est produit dans la nuit de samedi à dimanche. Le musée ne court aucun risque, a indiqué M. Keyrouz, mettant en cause la crédibilité de témoins qui s’étaient donné le mot pour exagérer les dégâts provoqués par le glissement de terrain, pour mieux attirer l’attention des responsables sur la menace qui pèse, selon eux, sur leur région... et se qualifier pour toucher des indemnités. « J’ai informé les responsables de la véritable situation, loin des exagérations et du sensationnalisme », a dit M. Keyrouz. Outre le musée Gibran, les pluies diluviennes ont épargné le couvent de Mar Lichaa, datant du XVIe siècle, donné d’abord comme enseveli par l’avalanche. Le « couvent », une cellule monastique abandonnée, se trouve de l’autre côté du pan de montagne qui s’est affaissé à Bécharré. L’avalanche a par contre enseveli des vergers et un bois de pins trois fois centenaires. Le caïmacam de Bécharré, Antoine Salamé, a effectué hier une tournée d’inspection sur les lieux du glissement de terrain, et en a fait un rapport aux autorités compétentes. Menaces d’éboulements Les pluies incessantes, les premières de cette amplitude depuis des dizaines d’années, ont provoqué d’importants dégâts matériels, notamment l’affaissement de plusieurs routes et murs de soutènement du réseau routier dans presque toutes les régions du pays. Les glissements de terrain ont également provoqué la destruction de plusieurs habitations à Deir el-Qamar. À Baskinta, la pluie pourrait provoquer un glissement de terrain sur une longueur de deux kilomètres, ont averti les habitants. La municipalité de Bkarsouna (Denniyé) a demandé à certains habitants d’abandonner provisoirement leurs habitations lézardées en raison des pluies diluviennes et des eaux de ruissellement. Rappelons que les pluies, qui ont pulvérisé la moyenne annuelle, notamment dans la plaine de la Békaa, ont causé la crue du Litani et d’autres cours d’eau du pays, inondant les vergers limitrophes. La capacité du lac Qaroun, sur le barrage du Litani dans la Békaa, ayant atteint une cote d’alerte, les responsables ont, pour la première fois depuis la construction du barrage il y a 40 ans, ouvert deux des vannes de sécurité. En amont, sur le littoral de Tyr, cet apport massif a détruit de nombreux cafés et restaurants, construits le plus souvent illégalement sur les berges du fleuve. Les pertes s’élèvent à des millions de dollars, mais les officiels se sont abstenus d’avancer des chiffres et ont formé des comités à cet effet, qu’ils ont également chargés d’examiner les mesures à prendre pour limiter les dégâts en prévision de la nouvelle tempête. Confirmation de l’effondrement d’un mur du Château de la Mer à Saïda Sous l’assaut des vagues, un mur de la partie nord-est du Château de la Mer, à Saïda, s’est écroulé en mer, a confirmé hier à L’Orient-Le Jour le directeur général des Antiquités, Frédéric Husseini. Ce mur avait été restauré, dans les années 70, par la DGA, a-t-il précisé, ajoutant que des travaux de restauration du mur seront effectués au printemps par la direction des Antiquités, ainsi que des travaux de consolidation sous-marins, en coopération avec la direction générale des transports maritimes. Par ailleurs, M. Husseini a signalé qu’un mur de soutènement s’est effondré, sous l’effet des pluies, sur le site archéologique de Baalbeck, ainsi que des murets à Byblos. Mais ces petits dégâts ne représentent aucun danger pour ces vestiges, a-t-il noté. Numéros d’urgence utiles Le ministère de l’Intérieur a rappelé aux Libanais les numéros d’urgence qui pourraient leur être utiles : FSI : 112 DC : 125 Pompiers de Beyrouth : 175. CRL : 140. Chambre d’opérations des FSI : 130. Chambre d’opérations de l’armée :1701. Météo : 1718. Réparations du téléphone :139. EDL : 145. Informations : 120.