Schizoland

Appeler, exhorter, supplier pour que les résolutions de l’Onu soient appliquées pour l’Irak, pour la Palestine, pour le monde entier ; et en même temps, ignorer superbement les recommandations de la Maison de verre, sans compter celles des capitales occidentales : déployer, au lendemain du retrait des forces israéliennes du Liban-Sud, l’armée libanaise le long de la frontière. Sous le fallacieux prétexte, lapin tout droit sorti d’un bien peu fraternel chapeau damascène, des fermes de Chebaa, ressuscitées ex abrupto après avoir joué pendant plusieurs décennies les belles au bois dormant. Quelques jours après que son collègue à la Défense, Khalil Hraoui, eut claironné, sans se noyer dans les détails, l’adoption de mesures visant à bétonner la frontière (lesquelles mesures s’inscrivaient dans le cadre d’un plan sécurité tous azimuts initié par Baabda), le ministre de l’Intérieur (dont l’action devrait impérativement se limiter à la lutte contre la drogue ou contre les excès de vitesse) démentait hier les rumeurs de renfort et d’autre redéploiement. Décrétant que mille hommes, cela suffisait pour faire face à tout transfert, et pour contrer toute velléité guerrière d’Ariel Sharon. Surtout, a-t-il dit, que pour cela, il y a l’armée (mais où est-elle donc ?), les Libanais (désolé, ce n’est pas leur travail, et ils ont faim) et le Hezbollah (au nom de quelle loi, en respect de quelle Constitution, est-il, trois ans après la libération du Sud, encore armé ?). Il n’empêche. Au-delà de la scandaleuse absence de l’armée à la frontière, Khalil Hraoui et Élias Murr devraient penser, ne serait-ce qu’au nom d’une hypothétique logique d’État, accorder leurs violons. Qu’ils fassent donc le chemin de Damas ensemble, il paraîtrait bien moins long, peut-être même bien moins pénible... Ziyad MAKHOUL