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COMMERCE - La mésentente franco-américaine sur l’Irak pourrait peser sur les échanges Vins, fromages, tourisme et produits de luxe français... menacés de dommages collatéraux

Les tensions entre la France et les États-Unis sur l’Irak pourraient faire des dommages collatéraux : le tourisme, les exportations de fromage, de vin ou de produits de luxe bien français pourraient faire les frais de la mésentente, craignent certains professionnels. Pour l’instant, aucun chiffre précis des exportations françaises à destination des États-Unis n’est disponible pour le mois de janvier, ont indiqué les douanes françaises. Mais déjà, une PME exportatrice de fromages français par Internet, cheese-online.com (fromages.com), basée à Tours (Indre-et-Loire), a annoncé une baisse sensible de ses ventes vers les États-Unis. « Nous avons constaté depuis janvier une chute de 15 % de nos ventes sur les États-Unis qui représentent 80 % de notre chiffre d’affaires », a déclaré le PDG de la société, Marc Refabert. Son entreprise a réalisé en 2002 un chiffre d’affaires de 480 000 euros. L’explication est rude pour le commerçant : « Nous recevons des e-mails de clients américains disant qu’il sont désolés, qu’ils aiment nos produits mais que, tant que la France n’aura pas une position plus proche de celle des États-Unis, ils n’achèteront plus de fromages français », a-t-il dit. Habitué à faire les frais des bisbilles américano-françaises, le célèbre Roquefort n’anticipe pas pour l’instant une baisse de ses ventes outre-Atlantique. « Pour le moment, on n’a pas d’inquiétude. Les exportations se font normalement », explique-t-on aux Caves de Roquefort. Quant aux exportations de vins, il est « difficile de dire aujourd’hui comment vont réagir les consommateurs américains de vins français », souligne-t-on à l’Office national français interprofessionnel des vins (Onivins). Néanmoins, « quand on voit ce qui s’est passé lors des essais nucléaires dans le Pacifique (en 1995), qui ont été très dommageables pour les ventes de vin français dans le monde, on peut penser que les États-Unis auront une réaction similaire », a-t-on reconnu à l’Onivins. « S’il y a des conséquences, ça ne sera pas pire ou meilleur que lors des crises précédentes », tempère Boris Marchand-Tonnel, président de la Chambre de commerce franco-américaine, à Paris. « Peut-être que, dans certains restaurants new-yorkais, quelques clients vont prendre moins de vin français ou refuser de prendre une bouteille, mais c’est “peanuts” par rapport au reste, cela reste du domaine symbolique », selon lui. En revanche, les gros contrats industriels sont bien évidemment affectés par les relations politiques entre les deux pays, selon Boris Marchand-Tonnel. « Je serais par exemple très étonné si les compagnies aériennes américaines, en difficulté et soutenues par le gouvernement, achetaient des Airbus prochainement. Partout où le gouvernement (américain) a la main, cela peut se sentir », affirme-t-il. À l’Office de tourisme de Paris, on ne fait « aucun commentaire ». Mais pour un professionnel français du tourisme parlant sous le couvert de l’anonymat, « la situation actuelle et ses incertitudes peuvent peser à court terme sur le tourisme américain en Europe, car pour l’Américain moyen, d’une certaine façon, Bagdad, c’est la porte à côté de l’Europe ». Selon lui, « les Américains sont assez patriotes, émotifs et affectifs et dans le choix de leur voyage, l’image du pays de destination joue. Dans ce cadre, ce n’est pas tant la position de la France qui a une influence que le sort qui lui est réservé dans la presse américaine, où les Français sont traités d’antisémites, de menteurs ou de lâches, ce qui ne donne pas de la France l’image d’un pays où on a envie d’aller ». Ainsi, lorsqu’en 1986, la France avait refusé le survol de son territoire aux avions américains qui allaient bombarder la Libye, « il y a eu aux États-Unis des réactions antifrançaises fortes avec des actions de boycott de produits comme le vin ou les articles de mode», se souvient-il. «Mais cela ne dure pas longtemps, juste quelques semaines, ce qui n’a pas d’incidence au niveau commercial, car les gens passent vite à autre chose. »
Les tensions entre la France et les États-Unis sur l’Irak pourraient faire des dommages collatéraux : le tourisme, les exportations de fromage, de vin ou de produits de luxe bien français pourraient faire les frais de la mésentente, craignent certains professionnels. Pour l’instant, aucun chiffre précis des exportations françaises à destination des États-Unis n’est...