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ÉTATS-UNIS - Le président de la Fed s’interroge sur l’après-Irak Le poids de la dette américaine pourrait devenir insoutenable en 2010

Le président de la Réserve fédérale Alan Greenspan a estimé hier que le poids de la dette américaine pourrait devenir insoutenable en 2010, lorsque la génération du baby boom commencera à partir à la retraite. Le changement de la situation budgétaire en 2010, voire 2012, sera tel que « le rapport de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) augmentera plutôt abruptement, et comme le président (George W. Bush) le souligne dans son budget, ces augmentations sont insoutenables », a-t-il ajouté au deuxième jour de son audition par le Congrès sur l’état de l’économie américaine et la politique monétaire. M. Greenspan a estimé que le ratio dette/PIB commençait à augmenter « d’une façon très inquiétante ». Le président de la Fed avait mis en garde contre les déficits budgétaires en estimant que si ceux-ci augmentaient, « cela affecterait les taux d’intérêt, cela aurait un effet négatif sur l’économie ». Dans ses prévisions budgétaires présentées la semaine dernière, M. Bush a prévu une augmentation des déficits de 304 milliards de dollars cette année et de 307 milliards de dollars en 2004. M. Greenspan a, par ailleurs, estimé que la suppression de la double taxation sur les dividendes aiderait la Bourse et stimulerait l’économie, car une telle mesure « a un certain effet de stimulation à court terme ». « Cela va certainement augmenter les niveaux des prix des actions et donc l’effet de richesse », c’est-à-dire les dépenses supplémentaires se produisant lorsque la Bourse monte et que les actionnaires se sentent plus riches, selon lui. « Et cela a de petits effets sur le revenu », a-t-il ajouté. La suppression de la double imposition sur les dividendes est au centre du plan de relance de 674 milliards de dollars sur dix ans de George W. Bush, qui compte abolir la taxation au niveau des actionnaires. M. Greenspan avait estimé qu’il serait mieux de la supprimer pour les entreprises. Pas de bulle immobilière Le président de la Fed a enfin assuré qu’il ne voyait aucune preuve qu’une bulle immobilière se développe sur les logements aux États-Unis, en dépit de la forte hausse des prix du secteur. « Notre conclusion est qu’il est improbable que nous soyons confrontés à une bulle sur l’immobilier d’habitation », a-t-il affirmé en soulignant que « l’analogie avec le marché boursier est certainement inappropriée ». « Souvenez-vous que si vous vendez votre maison, vous devez déménager, et il y a également de très importants coûts de transaction – ce qui prévient le genre de demande spéculative pouvant conduire des bulles et des contractions », a-t-il ajouté. Le président de la Fed avait estimé que le niveau d’endettement immobilier des ménages n’était pas une source d’inquiétude pour le moment. Les reventes de logements aux États-Unis ont augmenté de 12,7 % en 2002, et le prix médian d’un logement revendu se situait à 164 000 dollars en décembre, en hausse de 7,1 % sur un an. Les ventes de logements neufs ont pour leur part atteint le montant record de 976 000 unités pour l’ensemble de 2002 Un plan de relance prématuré Le président de la Réserve fédérale américaine Alan Greenspan a souligné que les incertitudes liées aux risques de guerre en Irak créaient des « obstacles formidables » à l’investissement des entreprises et compliquaient toute tentative d’évaluation de la santé de l’économie américaine. « La montée des tensions géopolitiques n’a fait que s’ajouter aux incertitudes marquées accumulées au cours des trois dernières années, créant de formidables obstacles aux nouveaux investissements et donc à une reprise de l’expansion vigoureuse de l’activité économique globale », a-t-il expliqué lors de son audition semestrielle devant la commission bancaire du Sénat. Visant visiblement le programme de relance, Greenspan a exhorté à la discipline budgétaire et estimé que tant qu’on n’avait pas déterminé les maux de l’économie américaine, il était « prématuré » de prescrire un plan de relance budgétaire. « À moins et jusqu’à ce que nous puissions procéder à un jugement sur le fait de savoir s’il y a une détérioration sous-jacente en cours – et à mon sens ce n’est pas le cas – alors tout plan de relance est de fait prématuré », a déclaré Greenspan en réponse à une question. « Si ces incertitudes diminuent considérablement à court terme, nous devrions pouvoir dire beaucoup plus précisément si tel secteur d’activité ou si l’économie sont en passe de croître rapidement – notre prévision la plus probable – ou s’ils restent exposés à des contraintes persistantes et à des déséquilibres qui auraient été jugés, à tort, temporaires ». Dans une prévision soumise à la commission, la Fed estime que la croissance économique américaine atteindra 3,25 - 3,5 % en données corrigées de l’inflation en 2003, mais que le chômage demeurera aux environs de 5,75 - 6,0 %. En juillet, la Fed tablait sur une croissance de 3,5 - 4,0 % pour cette année avec un taux de chômage de 5,25 - 5,5 %. Greenspan a estimé que si les risques géopolitiques diminuaient, il y avait des raisons de penser que l’investissement repartirait car les conditions des marchés des capitaux sont favorables. « Ces facteurs, s’ils sont maintenus, devraient à terme faciliter des dépenses d’entreprises plus vigoureuses », a-t-il estimé. Risques économiques de l’après-Irak L’économie américaine accélérera sa reprise lorsque seront levés les obstacles qui freinent l’investissement des entreprises, y compris les craintes de guerre en Irak, a estimé Greenspan. « Le plus important facteur de relance, à mon sens, est la levée des incertitudes qui pèsent sur l’investissement », a-t-il souligné. Mais il a reconnu qu’il se pouvait que la croissance reste molle même après la disparition des incertitudes liées au conflit. Dans ce cas, « différentes initiatives de stimulation monétaire et budgétaire conventionnelles seraient sans aucun doute remises à l’ordre du jour », a-t-il estimé, même s’il n’a pas précisé s’il entendait par là de nouvelles baisses de taux. Le taux des fonds fédéraux, à 1,25 % après une douzaine de baisses en deux ans, est déjà à son plus bas niveau en 40 ans. Les fonds d’État ont réduit les pertes et Wall Street ses gains, tandis qu’en lisant entre les lignes des propos de Greenspan, certains économistes ont estimé que de nouvelles baisses de taux n’étaient pas hors de question si les difficultés économiques sous-jacentes devenaient plus préoccupantes que les craintes de guerre. « La tonalité était plus prudente qu’optimiste, juge Alan Ruskin, de 4Cast. Des deux phrases qui semblent à mon avis se distinguer, une était symptomatique de cette prudence : si les risques géopolitiques diminuent bientôt, alors on pourra se faire une idée de la santé de l’économie. L’autre, c’est que si l’économie est toujours faible après l’Irak, de nouvelles mesures seront envisagées.»
Le président de la Réserve fédérale Alan Greenspan a estimé hier que le poids de la dette américaine pourrait devenir insoutenable en 2010, lorsque la génération du baby boom commencera à partir à la retraite. Le changement de la situation budgétaire en 2010, voire 2012, sera tel que « le rapport de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) augmentera plutôt...