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SOCIÉTÉ - Plus de 89 % des sidéens sont des hommes et les relations hétérosexuelles sont le principal mode de transmission de la maladie Une cinquantaine de nouveaux cas de sida recensés au Liban en 2002(photos)

Plus de 42 millions de personnes sont atteintes de sida dans le monde et 50 % d’entre elles vivent en Afrique subsaharienne. C’est ce qui ressort d’un récent rapport d’Onusida qui précise que cinq millions de nouveaux cas ont été enregistrés en 2002. Comment se présente la situation au Liban sur ce plan ? Combien de cas existe-t-il dans le pays ? Les statistiques effectuées dans ce domaine sont-elles fiables ? L’État a-t-il prévu une aide quelconque pour ces malades ? Existe-t-il, enfin, des programmes qui permettent aux sidéens de mieux vivre avec leur maladie ? Un état des lieux s’impose pour tenter d’apporter quelques réponses à ces interrogations … C’est en 1984 qu’a été enregistré au Liban le premier cas de sida ou du « syndrome d’immunodéficience acquise ». Depuis, le nombre de personnes atteintes a sensiblement augmenté. Actuellement, on compte 697 cas recensés, contre 650 en 2001, soit une cinquantaine de nouveaux cas déclarés en 2002. L’écrasante majorité des malades (plus de 89%) sont des hommes. Mais de nombreux cas ne sont toujours pas recensés, car soit la personne portant le VIH l’ignore, soit elle évite de consulter son médecin. Or, c’est ce dernier qui notifie les cas au Programme national de lutte contre le sida (PNLCS). Pour l’heure, le PNLCS estime que le nombre des sidéens au Liban varie entre 2 500 et 2 800. Les études effectuées par le PNLCS dévoilent que la maladie touche de plus en plus les jeunes âgés de 15 à 29 ans. Plus de 45 % des malades au Liban ont entre 30 et 44 ans. Les relations sexuelles, notamment les relations hétérosexuelles (plus de 52 % des cas), demeurent le premier mode de transmission de la maladie. D’une manière générale, les traitements administrés aux sidéens consistent à associer plusieurs antirétroviraux susceptibles d’agir sur plusieurs cibles. Les combinaisons possibles sont nombreuses, mais c’est la trithérapie, mise sur le marché en 1996, qui est le traitement le plus communément prescrit. Cependant, une quadrithérapie est ordonnée à certains malades. Les traitements commencent dès l’apparition des premiers symptômes du virus ou lorsqu’une chute du taux des lymphocytes ou des T4 est détectée. Le but ultime du traitement est de baisser la charge virale et d’augmenter le nombre des lymphocytes pour bloquer l’évolution de la maladie. C’est la raison pour laquelle les médicaments doivent être pris ensemble et à des heures bien précises. « Le risque réside dans une éventuelle résistance du virus au traitement, explique le Dr Jacques Mokhbat. Dans ce cas, il faudrait changer le traitement en cours. Mais les traitements ne sont pas toujours disponibles au Liban. » En effet, il existe une variété de dix-huit médicaments pour le traitement du sida. Malheureusement, uniquement six sont mis en vente ou distribués sur le marché libanais. Compte tenu de cette situation, certaines ONG, en particulier la Société libanaise pour le sida créée par le Dr Mokhbat en 1992, se chargent d’assurer de l’étranger les traitements aux malades. De plus, le ministère de la Santé achète les médicaments en fonction du nombre des personnes atteintes par le virus et suivant les chiffres avancés par le PNLCS. Or, très souvent, spécialistes et patients se trouvent confrontés à des ruptures de stock, ce qui pose un problème majeur qui doit être vite réglé, car le malade ne doit pas interrompre son traitement, aussi lourd soit-il. En effet, le traitement du VIH entraîne de considérables effets secondaires : aigus, suscitant des nausées, des vomissements, etc., ou chroniques, causant des troubles de distribution des graisses, du cholestérol, du diabète, des atteintes aux nerfs, des complications au niveau des reins, une inflammation du pancréas ou des troubles du foie. Il en résulte que des examens de sang doivent être effectués régulièrement, tous les trois à six mois, afin de contrôler le nombre de globules rouges et blancs, et de détecter d’autres troubles éventuels. Des traitements assez chers Le coût des traitements médicaux n’est pas à la portée de tous les patients. Il s’élève, en effet, à 1 200 dollars par mois, en sus des examens de laboratoire et des consultations médicales qui sont estimés à 300 dollars par mois. La sécurité sociale couvre 80 % du coût du traitement. Quant au ministère de la Santé, il assure gratuitement, depuis 1977, les médicaments aux malades ne bénéficiant pas des services de la CNSS ainsi que les frais d’hospitalisation. Le problème qui se pose toutefois à ce niveau demeure la disponibilité des lits réservés au ministère de la Santé ou à la CNSS dans les hôpitaux. Souvent, les malades ne sont pas admis dans les hôpitaux, faute de place. Ce problème entraîne parfois des conséquences dramatiques. Il y a six mois, à titre d’exemple, un quadragénaire, en phase terminale de la maladie, est mort à la maison car l’hôpital, où il avait l’habitude de se soigner, avait refusé de l’admettre. Actuellement, le PNLCS négocie avec les laboratoires internationaux une baisse du prix des médicaments destinés au traitement du sida. Des pressions internationales sont d’ailleurs exercées sur ces laboratoires dans le même but. Un médicament qui coûtait 400 dollars au ministère de la Santé pourrait revenir ainsi à 80 dollars au malade. Nécessité de la prévention Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la prévention tient une place importante dans la lutte contre le sida. Et les activités organisées par les organismes concernés dans ce domaine ne manquent pas, vu la gravité de la situation. En 1989, le Programme national de lutte contre le sida a ainsi vu le jour. Créé par le ministère de la Santé, il a pour principal objectif de mener des campagnes de sensibilisation portant sur les moyens de transmission du virus et les moyens de prévention. Son rôle est également d’effectuer des statistiques pour recenser le nombre de malades. Le PNLCS collabore aussi avec des ONG locales en vue de la formation d’assistantes sociales et de volontaires appelés à mener des campagnes dans les écoles et les universités, mais aussi dans les prisons ainsi qu’auprès des jeunes non scolarisés. Des brochures et des préservatifs sont distribués gratuitement à cet effet. D’une manière générale, ce sont les établissements scolaires qui font appel au PNLCS ou aux ONG, puisque dans le programme scolaire des classes secondaires, un chapitre est consacré au sida. Il faudrait toutefois que la prévention commence plus tôt. À l’âge de la puberté, plus précisément. Dans le cadre de ses activités, le PNLCS a effectué une étude auprès de la population à risques (prostituées, toxicomanes, homosexuels) afin de mieux connaître leur comportement sexuel. Concernant l’utilisation des préservatifs, par exemple, l’étude a montré que 50 % des homosexuels en utilisent, alors qu’uniquement 30 % des toxicomanes et des prostituées ont recours à ce moyen de prévention, bien que cette population soit consciente des dangers de ce virus. Suite à cette étude, une campagne de prévention a été menée, un mois durant, auprès de la population à risques, avec l’aide d’anciens toxicomanes, homosexuels et prostituées. Au cours de cette campagne, 70 000 préservatifs, offerts par le Fonds des Nations unies pour la population, ont été distribués gratuitement. Car il suffit, parfois, d’une seule relation sexuelle non protégée pour attraper le VIH. Toujours dans le cadre de cette prévention, la Société libanaise du sida a créé, avec le soutien financier des laboratoires pharmaceutiques Merck Sharp and Dohme (MSD), un centre de dépistage gratuit et anonyme à l’hôpital gouvernemental de Baabda, où une équipe se charge de la prévention. L’encadrement mis en place dans le pays n’est donc pas négligeable. Il reste qu’il revient, en définitive, à l’individu de prendre les mesures qui s’imposent pour éviter d’être entraîné dans le cycle infernal de cette maladie. Emanuela Vincenti ABOU CHÉDID La prise en charge des personnes atteintes du sida Soins infirmiers et développement communautaire (SIDC) est l’un des organismes qui prend en charge les sidéens. Parallèlement aux campagnes de prévention, le SIDC (fondé en 1987) a mis une ligne téléphonique à la disposition de tous ceux qui désirent obtenir des conseils ou des informations sur le virus du sida. Cette ligne est également disponible pour tous ceux qui souhaitent parler des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, l’anonymat étant respecté. Dans le cadre de ses activités, le SIDC peut, à la demande du patient, annoncer à la famille la séropositivité de la personne atteinte. Des rencontres hebdomadaires avec une assistante sociale sont organisées. « Les personnes atteintes par le virus du sida ont un quotidien difficile, explique Mme Nadia Bedran, assistante sociale au SIDC. Elles ont besoin qu’on les écoute et qu’on les comprenne. » Une fois par mois, une réunion est prévue chez le Dr Jacques Mokhbat, qui répond à toutes leurs questions d’ordre médical. Cet encadrement est d’autant plus nécessaire que les sidéens font face à des difficultés psychiques, financières ou même physiologiques liées au traitement, dont les effets secondaires sont nombreux. Du jour au lendemain, la vie de ces malades bascule. Ils se savent condamnés à plus ou moins long terme et, de plus, ils ont peur d’être rejetés par leur entourage. En effet, le sida est synonyme de comportement marginalisé, tout comme la bisexualité, l’homosexualité ou la toxicomanie… Il suscite encore aujourd’hui la peur, l’incompréhension et l’exclusion. Seules les personnes contaminées par le virus lors de transfusions sanguines sont mieux acceptées par leur entourage. Au travail, la situation ne se présente pas sous un meilleur angle. Il faut cacher la vérité à son employeur, de peur d’être renvoyé, et à ses collègues, pour se protéger des critiques désobligeantes qui poussent très souvent à la démission. Des lois prévoyant la sauvegarde des droits des sidéens ont été votées. Mais elles tardent à être appliquées. Le virus du sida Le sida est un virus qui attaque le système immunitaire de l’organisme, détruisant ainsi les lymphocytes T qui défendent le corps contre le virus. Ce dernier est détecté dans les zones fluides du corps, telles que la salive, le sang, les sécrétions vaginales, etc. Il se développe en trois phases : l’incubation, l’imprégnation silencieuse et l’évolution de la maladie. Au cours de la première phase, divers symptômes surviennent dans les trois à quatre semaines qui suivent la transmission de la maladie. La personne portant le VIH serait ainsi sujette à une grippe ou à des réactions cutanées. Ces symptômes, qui n’apparaissent pas nécessairement chez toutes les personnes atteintes du virus, ne tardent pas à disparaître. La deuxième phase dure en moyenne dix ans, alors que dans la troisième et dernière phase, on distingue trois formes de maladies : certains cancers, des infections opportunistes ou des troubles neurologiques. Le sida en chiffres Le nombre de cas enregistrés au Liban en 2002 s’élève à 47 (42 hommes et 5 femmes). On a enregistré sur ce plan 17 cas asymptomatiques et 30 cas de sida. Le nombre de personnes atteintes et recensées jusqu’en décembre 2002 est de 697 (308 cas asymptomatiques, 250 cas de sida et 139 non spécifiés). En ce qui concerne les modes de transmission, ils s’établissent comme suit : relations sexuelles (68,4 %), transfusion sanguine (7,3 %), toxicomanie (6,2 %), relation périnatale (3 %), non spécifié (16,3 %). La répartition en fonction du comportement sexuel se présente de la façon suivante : hétérosexuel (52,7 %), bisexuel (5,2 %), homosexuel (9,6 %), non spécifié (25,4 %). Les personnes atteintes par le sida sont dans une proportion de 89,2 % des hommes et 10,5 % des femmes. Le sexe de 0,3 % des cas n’est pas spécifié. L’âge des malades varie entre 30 et 44 ans (45,7 % des cas). Hot line : SIDC (01/482428) ; Association pour la famille (01/318575, 05/435337) ; hôpital de Baabda (05/920040). Le Programme national de lutte contre le sida Le Programme national de lutte contre le sida (PNLCS) a été créé par le ministère de la Santé en 1989. Situé dans le secteur de la Quarantaine, le PNLCS s’occupe de la prévention et des études. Il collabore avec le ministère de la Santé, qui lui assure le soutien financier, et avec l’Organisation mondiale de la santé, qui assure le support technique. Depuis 1994, un budget annuel lui est accordé par le gouvernement libanais. L’équipe de base se compose de cinq personnes : – le Dr Moustafa Nakib, directeur. – Mme Rana Ibrahim, experte en santé publique et éducation. – Mme Joumana Hermes. – une secrétaire et un chauffeur. Le sida dans la législation Plusieurs décrets et circulaires ont été adoptés depuis 1988 dans le cadre du soutien aux sidéens et des efforts de prévention: – Le décret du 20/7/1988 portant sur la lutte contre le sida au Liban. Ce décret stipule que la confidentialité concernant les personnes atteintes par le sida doit être assurée et que le test pour les donneurs du sang doit être obligatoire. – Le circulaire du 20/7/1988 soulignant que le gouvernement défend et protège les personnes atteintes par le sida pour lutter contre la discrimination. – La note du 29/4/1993 selon laquelle les malades du sida doivent se déclarer obligatoirement. – Le décret de novembre 1994 selon lequel le test du sida est obligatoire avant le mariage.
Plus de 42 millions de personnes sont atteintes de sida dans le monde et 50 % d’entre elles vivent en Afrique subsaharienne. C’est ce qui ressort d’un récent rapport d’Onusida qui précise que cinq millions de nouveaux cas ont été enregistrés en 2002. Comment se présente la situation au Liban sur ce plan ? Combien de cas existe-t-il dans le pays ? Les statistiques...