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LETTRES - Décès du philosophe René Habachi Une existence consacrée à l’essence...

René Habachi est mort. Un grand penseur, philosophe et écrivain que les jeunes Libanais ne connaissent pas, mais qui a influencé des générations entières de Libanais des années 50 et 60 tant dans son enseignement qu’à travers ses conférences et ses causeries au Cénacle libanais de l’époque, dans les années 50 et 60, jusqu’au début d’une guerre qu’il a refusée, décidant de s’installer à Paris. Ce qui fut fait. Directeur du département de philosophie à l’Unesco, s’activant sur plus d’un front et produisant beaucoup, il a été l’ami d’Emmanuel Mounier, de Maurice Zundel et de Teilhard de Chardin. Aujourd’hui, ce sont justement les amis du Cénacle libanais, ceux de Michel Asmar fondateur de cette célèbre tribune de l’âge d’or du Liban, qui font part du décès de ce géant du personnalisme. René Habachi aura été le premier penseur libanais a faire découvrir, tant à ses étudiants qu’à ceux qui suivaient ses interventions publiques, le monde nouveau qui se cherchait en Occident. Il a d’abord fait connaître les trois révolutionnaires du siècle : l’anarchiste, le partisan et le témoin. Par ailleurs, il a étudié et fait connaître les quatre élements de la culture : le pragmatique, qui cherche à vivre par tous les moyens, ce premier degré de la culture très répandu au Liban où l’être et le paraître prennent une inportance capitale ; le scientifique, qui est négligé au même titre que le philosophe, et enfin le croyant. Sa vision des choses, il la transmettait à travers ses enseignements à l’AUB comme à l’USJ, ses conférences au Cénacle où il est intervenu, entre autres, sur les trois manifestes révolutionnaires du siècle : celui de Marx et du Parti communiste ; celui du personnalisme d’Emmanuel Mounier (1932), ce philosophe fondateur de la revue Esprit, et enfin, le manifeste d’économie solidaire, celle du RP Joseph Lebret qui a présidé la mission Irfed au Liban, sous le mandat du présient Chéhab. La pensée de René Habachi aura apporté, à l’époque, beaucoup de rigueur à la pensée libanaise qui comptait ( et compte toujours) sur l’immortalité du Liban et « l’immortalité » du cèdre... Pour Habachi, le Liban est à même d’être la vraie patrie de la pensée méditerranéenne. Pour lui, « Mare nostrum » n’est pas un simple lac ou une simple réalité géographique, mais très particulièrement un phénomène culturel qui s’est développé tout au long de l’histoire. Tout en insistant sur la civilisation méditérranéenne, Habachi avait également compris que la nôtre devait se partager entre la mer et le désert, tout en tenant compte de l’influence de la civilisation islamique. Il a aussi prôné deux philosophies : l’existentialisme et l’essentialisme, marque de la personnalité libanaise. Il a appris, à tous ceux qui l’écoutaient, que l’essence précède l’existence. Et que le Liban sera le fruit de nos mains et non pas celui du hasard ou d’un don venu du ciel. Avec Habachi, nous sommes en présence d’un homme spirituel qui croit fermement que l’avenir est lié à l’espérance, et qu’il n’existe pas de philosophie sans foi dans la perfectibilité humaine. « Dans la vie de tous les jours, René Habachi était un homme d’une douceur, d’une rectitude et d’une tendresse extrêmes, dit de lui l’homme de lettres et humaniste Farès Zoghbi qui l’a bien connu. Je crois qu’il a eu une influence heureuse sur beaucoup de personnes et sur moi-même. En effet, je retrouve l’esprit de Habachi dans ce je pense, ce que j’écris ou ce que je lis. Cependant, je n’étais pas tout à fait d’accord avec lui lorsqu’il insistait sur la civilisation méditerranéenne. » René Habachi est un penseur qui a été très commenté et cité. En avril 2000, à l’occasion de sa citation dans l’ordre du Cèdre, la philosophe et poète Myra Prince a écrit, évoquant le personnalisme dans l’œuvre de René Habachi : « Entre conscience et matière, le personnalisme est une philosophie ouverte. Il est la possibilité de reprise de soi (...) Il est présence au monde (...) entre phénoménologie et métaphysique, entre ce qui saisit le mouvement de l’être et l’être du mouvement. Proche de l’élan vital, dans la révélation de la blessure, ce corollaire de la relation à l’autre, le personnalisme est une intuition forgée au fondement de l’essence et de l’existence ». M.C.
René Habachi est mort. Un grand penseur, philosophe et écrivain que les jeunes Libanais ne connaissent pas, mais qui a influencé des générations entières de Libanais des années 50 et 60 tant dans son enseignement qu’à travers ses conférences et ses causeries au Cénacle libanais de l’époque, dans les années 50 et 60, jusqu’au début d’une guerre qu’il a refusée,...