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Le feuilleton judiciaire dans l’affaire des pubs de la rue de l’USJ rebondit Quand politique, amusement et respect des droits sacrés ne font pas bon ménage

Les pères jésuites, dont la résidence est située, rue de l’Université, face aux trois pubs qui viennent d’être fermés, sont gênés. Installés dans leur couvent qui date de 1873, ils détestent être mêlés à la campagne actuelle qui cherche à les montrer comme des hommes fanatiques, rigides et hostiles à la jeunesse. Dans la confusion actuelle, leurs problèmes avec les trois pubs de la rue, l’Element, le Nabab et le Long’s bar sont assimilés à ceux dont ont souffert certains pubs du centre-ville ou de la rue Monnot. Pourtant, il s’agit d’une situation bien différente. D’abord, selon eux, il y a un tapage nocturne intolérable dans un secteur résidentiel, ensuite, le respect des lieux de culte est constamment piétiné, en violation flagrante de la loi. Et comme le dit un de leurs avocats : « On peut déplacer une boîte, mais c’est plus difficile pour une église... » Le feuilleton judiciaire est loin d’être clos. Les pères jésuites doivent regretter d’habiter si près de la rue Monnot, jadis pratiquement une ligne de démarcation et désormais, le symbole de la vie retrouvée. Le succès des petits pubs de cette rue a en effet donné des idées à des jeunes désireux de faire des affaires dans le domaine, mais dans une rue résidentielle, cette fois. C’est alors qu’ont commencé les problèmes des pères, dont la résidence principale est située dans cette rue, avec les propriétaires des pubs. En fait, les problèmes avaient déjà commencé entre l’Atlantis (auquel a succédé le Nabab) et des habitants du quartier, qui s’étaient vu contraints à porter plainte, en raison du tapage nocturne. L’Atlantis avait finalement fermé ses portes, laissant la voie libre au Element, au Nabab et au Long’s Bar, qui se préparait à ouvrir ses portes. Mais la situation était devenue tellement intolérable, l’accès à la résidence rendu impossible notamment à partir de 22 heures que les avocats des pères jésuites ont présenté une requête devant le juge des référés, M. Fady Nachar, en décembre 2002. Ce dernier avait alors envoyé un expert sur place, M. Abdel Badih Issa, qui a enquêté sur les lieux. Muni d’une caméra vidéo et d’un appareil photo, il a passé plusieurs soirées à mener ses investigations et il a remis un rapport au juge qui mentionne le tapage intolérable, ainsi que la violation permanente des lieux sacrés. Flagrants délits pris en photos Il aurait même photographié des seringues jetées devant la sacristie, des préservatifs usagés dans le couvent et constaté la facilité avec laquelle les clients de ces pubs traversaient l’enceinte du couvent et de l’église, dans des tenues et des situations souvent indécentes. Il aurait aussi vérifié la destruction de la statue du Sacré-Cœur, devant le couvent, qui datait de 1902. L’expert a remis son rapport au juge, mais ce dernier ayant été victime d’un attentat, c’est le juge Mahmoud Makkiyé qui s’est chargé du dossier. En parallèlle, les avocats des jésuites s’étaient adressés au ministère du Tourisme, et le 4/1/2003, la directrice générale de ce ministère, Mme Nada Sardouk, avait décidé la fermeture du Nabab et du Element, ainsi que la non-ouverture du Long’s Bar. Le Nabab s’exécute mais l’Element refuse d’obéir à la décision du ministère. Trois jours après, ce dernier se rétracte, et décide la réouverture du Nabab, l’Element, n’ayant pas fermé ses portes. Pour les avocats des pères, il est clair que des pressions politiques ou autres très fortes ont dû être exercées sur le ministère. Ils ne pouvaient donc rester les bras croisés, d’autant qu’à leurs yeux, la loi et la morale sont de leur côté. Ils ont donc relancé les plaintes présentées devant le juge des référés. Pour eux, les pubs en question n’ont pas une autorisation légale et ne peuvent en aucune manière remplir les conditions posées par la loi. En effet, la loi libanaise exige une distance de 100 mètres entre une boîte de nuit et une école ou un lieu de culte. Du coup, disent les avocats, les pubs ont voulu se faire passer pour des restaurants. Mais, même dans ce cas – alors que tout le monde sait qu’il s’agit de boîtes –, le rapport de l’expert est clair à ce sujet : s’ils servent de l’alcool, la loi exige une distance de 20 mètres. C’est pourquoi, le 6 février, le juge des référés a demandé, dans son jugement, la fermeture des deux pubs. Il a fondé sa décision sur plusieurs points dont le fait que les pubs, dans leur fonctionnement actuel et sans autorisation légale, constituent une atteinte à l’intégrité de l’église, intégrité protégée par la loi et la Constitution, mais aussi par la société en général. Le juge Mahmoud Makkiyé reconnaît aussi le droit des pères, comme celui de tout citoyen au repos, ce droit étant, selon lui, si naturel qu’il n’a pas besoin d’un texte de loi pour le consacrer. Le juge a donc décidé d’apposer les scellés sur les deux pubs et sa décision étant immédiatement exécutoire, le 6 au soir, cela a été fait. Mais, si le Nabab a accepté la décision, l’Element, lui, a enlevé les scellés le lendemain. Les avocats des pères se sont alors rendus chez le juge qui est venu, en compagnie d’un greffier et d’un moukhtar, constater la levée des scellés. Il les a remis et, pour l’instant, le pub est fermé. Demain, lundi, les avocats des jésuites déposeront une plainte pénale contre le pub, la levée des scellés étant passible d’une peine de prison. De leur côté, les avocats des pubs pensent faire appel de la décision du juge et le feuilleton judiciaire n’est pas près d’être terminé. Quant aux jésuites, ils n’ont pas encore retrouvé le sommeil. Scarlett HADDAD
Les pères jésuites, dont la résidence est située, rue de l’Université, face aux trois pubs qui viennent d’être fermés, sont gênés. Installés dans leur couvent qui date de 1873, ils détestent être mêlés à la campagne actuelle qui cherche à les montrer comme des hommes fanatiques, rigides et hostiles à la jeunesse. Dans la confusion actuelle, leurs problèmes avec...