Dossier régional - Le secrétaire général de la Ligue arabe a conféré hier à Beyrouth avec les chefs de l’État et de la diplomatie Lahoud insiste pour un consensus arabe sur la crise irakienne

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a annoncé hier depuis Beyrouth la tenue d’une réunion urgente des ministres arabes des Affaires étrangères à la mi-février, au Caire, consacrée à la crise irakienne. M. Moussa, qui s’adressait à la presse après avoir été reçu par le président Émile Lahoud en présence du chef de la diplomatie, Mahmoud Hammoud, s’est abstenu toutefois de confirmer la date du 14 février, qui marque la fin de la fête de l’Adha. Des sources diplomatiques ont toutefois affirmé que la réunion aurait lieu le 15 février et que le sommet se tiendrait vraisemblablement fin février, début mars. Les mêmes sources ont en outre indiqué que les entretiens à Baabda ont porté sur les trois points suivants : – Parvenir à un consensus arabe autour de la question irakienne et veiller à l’application des résolutions prises lors du sommet organisé à Beyrouth en mars 2002. – Veiller également au succès de la réunion extraordinaire des ministres arabes des AE qui doit avoir lieu au Caire. – Attendre le rapport des inspecteurs de l’Onu au Conseil de sécurité. Lors de son entretien avec M. Moussa, arrivé hier matin au Liban en provenance de Damas, le chef de l’État a souligné la nécessité d’organiser un sommet qui s’achèverait par des résolutions reflétant la solidarité des Arabes. À ses yeux, la conférence des ministres devrait elle-même aboutir à une position arabe unifiée sur le fait que toute attaque contre un pays arabe sera considérée comme une agression contre tous les autres pays membres de la Ligue. Selon des sources diplomatiques, le président Lahoud a constaté que, jusqu’à maintenant, les inspecteurs de l’Onu n’ont présenté aucune preuve de l’existence d’armes de destruction massive. Pour lui, le délai supplémentaire qui leur a été accordé doit leur permettre de confirmer l’application des résolutions internationales. En tout état de cause, MM. Lahoud et Moussa sont convenus de rester en contact permanent pour suivre de près les réactions arabes, européennes et internationales à la crise irakienne. À sa sortie du palais de Baabda, interrogé sur le Sommet arabe ordinaire, M. Moussa a rappelé qu’il était prévu au mois de mars mais indiqué qu’aucune date définitive n’avait encore été fixée pour sa tenue. En réponse à une question, le secrétaire général de la Ligue a qualifié d’« injustes » les propos selon lesquels les Arabes n’ont rien fait pour tenter de trouver un règlement à la question irakienne. « Au contraire, pour la première fois sans doute de l’histoire du monde arabe, la diplomatie agit de manière efficace aussi bien auprès du gouvernement irakien qu’auprès de l’Administration américaine et des Nations unies », a déclaré M. Moussa, avant de poursuivre : « En effet, elle a contribué au retour des inspecteurs de l’Onu tout en leur assurant la liberté d’action. La diplomatie arabe est ainsi parvenue à jouer le rôle d’intermédiaire entre le gouvernement irakien et l’Onu. » De son côté, M. Lahoud, président en exercice du Sommet arabe, a « exprimé l’espoir que la réunion ministérielle urgente du Caire, tenue à l’invitation du Liban, aboutisse à des résultats positifs qui renforcent la solidarité arabe face aux développements attendus en raison de la situation en Irak », selon un communiqué de la présidence. Le chef de l’État a informé le secrétaire général de la Ligue que « toute réunion arabe, à quelque niveau qu’elle se tienne, devrait refléter une position arabe unifiée sur le problème irakien, basée sur la nécessité d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité et attachée à une solution pacifique », ajoute le communiqué. Selon le président de la République, une « solution militaire unilatérale se répercutera négativement sur la paix et la stabilité mondiales ainsi que sur l’ensemble des pays arabes, qui ont jugé lors du Sommet de Beyrouth que toute agression contre un des leurs sera considérée comme visant tous les États arabes réunis, notamment du fait qu’aucune preuve concrète n’a jusque-là été relevée » par les inspecteurs de l’Onu en mission en Irak. Lahoud a enfin insisté auprès de M. Moussa sur « la nécessité de préparer minutieusement les réunions arabes prévues dans les semaines à venir afin que les résolutions qui y seront prises soient au niveau de l’étape délicate que traversent les pays arabes », ajoute le communiqué du palais de Baabda. Par ailleurs, une source au siège de la Ligue arabe a annoncé hier que la majorité des pays arabes aurait accepté la tenue d’une réunion ministérielle consacrée « aux moyens d’éviter la guerre ». En fait, le ministre des AE, Mahmoud Hammoud, avait indiqué samedi qu’il avait pu contacter ses homologues saoudien et irakien, et que ces derniers ont appuyé le principe de la réunion. Au palais Bustros Le secrétaire général de la Ligue a conféré en soirée avec M. Hammoud avant de regagner l’Égypte, vers 22h. Selon notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, la réunion a notamment servi à fixer le lieu définitif de la réunion ministérielle, à savoir, Le Caire. Mais la date n’a toujours pas été arrêtée. En effet, jusqu’à hier soir, on ignorait encore si la conférence se déroulerait le 14 ou le 15 février. Tout dépend en fait de la réponse que donneront cette semaine les 18 ministres arabes des AE qui ont déjà donné leur accord pour y participer. Quant au sommet qui doit suivre, MM. Moussa et Hammoud sont convenus qu’il sera ordinaire et qu’il aura sans doute lieu en mars, comme prévu. Le jour exact reste à déterminer. La date en sera fixée en fonction des développements de cette semaine et, plus particulièrement, du rapport que le secrétaire d’État américain, Colin Powell, présentera mercredi au Conseil de sécurité. Entre-temps, le Sommet des pays non alignés doit se tenir le 22 février en Malaisie et donnera sans doute lieu à des concertations supplémentaires autour de la crise irakienne. Notons enfin que le président en exercice de l’UE, George Papandreou, arrive cet après-midi à Beyrouth en provenance de Damas. Il conférera aussi avec le président Lahoud et avec M. Hammoud au sujet de la crise irakienne.