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CONFÉRENCE - « Espace et sacralité »: l’organisation territoriale et les fonctions des lieux de culte 101 églises et 57 mosquées dans le Beyrouth municipal (photo)

Dans le cadre d’une étude comparative des lieux de culte chrétiens et sunnites, réalisée dans les limites de la municipalité de Beyrouth et entreprise par l’Institut des études islamo-chrétiennes (IEIC) de l’Université Saint-Joseph, une conférence a été donnée par cheikh Mohammad Nokkari, directeur de Dar el-Fatwa, et le RP Thom Sicking s.j, sur le thème «Espace et sacralité». Les conférenciers ont souligné, tout d’abord, les différences importantes des fonctions des lieux de culte. Mettant l’accent sur l’organisation administrative des paroisses, introduite au Liban vers la fin du XVIIIe siècle, après la réforme du Concile de Trente, le RP Sicking a dit, en substance, que les églises catholiques divisent le territoire en diocèses et chaque diocèse en paroisses. Par ce quadrillage, elles obtiennent que tout chrétien, où qu’il habite, relève toujours d’un curé et chaque curé d’un évêque. « Les paroisses correspondent à un genre d’état civil religieux : baptêmes, mariages et décès sont systématiquement enregistrés dans le registre de la paroisse ». Alors que la fonction essentielle d’une mosquée est d’assurer, sous la direction de l’imam, les cinq prières quotidiennes. La mosquée est aussi un lieu de célébration des grandes fêtes musulmanes et un lieu d’enseignement religieux. Toujours selon les informations communiquées par cheikh Mohammed Nokkari, l’imam, aidé par une commission nommée par Dar el-Fatwa, s’occupe surtout des questions matérielles. Il peut être choisi par les fidèles, contrairement au prédicateur ou « khatib » qui, lui, est mandaté par le mufti de la République. L’islam ignore, par ailleurs, l’idée du sacrement. Il ne connaît pas non plus l’idée du sacrifice à proprement parler. Exceptées les dispositions relatives aux funérailles, le rituel musulman ne contient presque rien de ce qui constitue les rites de passage admis chez les juifs (circoncision, mariage) ou chez les chrétiens (baptême, première communion, mariage, etc ). Le mariage est un simple contrat civil et la circoncision est une « simple tradition recommandée ». L’enregistrement des naissances et des mariages est une formalité administrative qui se fait devant les tribunaux, et non pas à la mosquée. L’islam ne connaît pas la distinction chrétienne entre Église et État. C’est pourquoi le mufti de la République, le plus important personnage sunnite au Liban, est un fonctionnaire de l’État, nommé par décret présidentiel. Le directeur du wakf islamique a indiqué, par ailleurs, que le nombre des mosquées sunnites au Liban s’élève à 572. Dans la ville de Beyrouth et sa banlieue, ce chiffre atteint 52 mosquées dont 32 appartiennent au wakf, cinq à l’association Makassed et 12 à des personnes privées. Signalons que les « Makassed », organisme sunnite, disposent d’une certaine autonomie par rapport à Dar el-Fatwa. Et les Ahbâch, à tendance fondamentaliste, ne reconnaissent pas son autorité. En bref, le musulman doit prier cinq fois par jour; mais il peut le faire à la maison ou au bureau. « Une éventuelle absence de mosquée ne change rien à l’essentiel pour lui. Le chrétien est, lui aussi, libre de prier là où il veut, mais pour l’Eucharistie – qui est une part essentielle de sa vie de chrétien – et pour recevoir plusieurs autres sacrements, il doit aller dans une église. L’importance de celle-ci pour le chrétien est donc bien plus grande que celle d’une mosquée pour le musulman », souligne le RP Sicking. Églises et mosquées de Beyrouth Églises et mosquées ont toutefois une fonction commune: rassembler les fidèles et leur procurer un sentiment d’appartenance communautaire. Leurs bâtiments marquent un territoire ou un quartier, comme étant chrétien, musulman ou mixte. Dans Beyrouth municipe, on recense 101 églises et 57 mosquées. « Proportion étonnante si l’on considère qu’il y a à Beyrouth plus de musulmans que de chrétiens. Beaucoup moins étonnante cependant si l’on considère que ces chrétiens représentent dix Églises (les chaldéens et les coptes n’ont pas d’églises), tandis que les mosquées appartiennent dans leur très grande majorité à une seule communauté musulmane: 50 bâtiments sunnites, contre 7 pour les musulmans chiites », indique le conférencier jésuite. Parmi les 101 lieux de culte chrétien, on compte 21 églises protestantes contre 16 églises paroissiales maronites; 13 grecques-orthodoxes; neuf grecques-catholiques; cinq arméniennes-apostoliques; deux arméniennes-catholiques; deux syriaques-orthodoxes; deux syriaques-catholiques; une assyrienne, etc. De même, l’étude signale 21 chapelles appartenant à des établissements scolaires et dont quelques-unes servent aussi d’église paroissiale. Un modèle qui a été suivi par les écoles privées musulmanes, où l’on a dénombré trois « mousallat », salle de prière sans minaret remplissant les mêmes fonctions qu’une mosquée. Par ailleurs, 187 « mazars » émaillent les quartiers d’Achrafieh. Il s’agit d’une petite construction renfermant une image ou une statuette d’un saint qu’on aime particulièrement, et devant laquelle on s’arrête un moment pour prier. Un phénomène inexistant du côté musulman, puisque l’islam interdit les images et ne connaît pas de culte de saints proprement dit. Est chrétien, Ouest musulman La division de Beyrouth en deux parties communautaires n’a pas toujours existé. C’est sous la pression des événements que la configuration de la capitale a changé. Un petit survol historique entrepris par Thom Sicking indique que dès le XIXe siècle, les institutions grecques-orthodoxes se sont installées dans les quartiers sunnites. Pour ne citer que le couvent Mar Élias Btina; la paroisse Saints-Michel-et-Gabriel datant de 1885; la paroisse de Notre-Dame des Douleurs construite en 1860, avec une école et un centre médico-social, et la paroisse Saint-Élie, dans le quartier de Mousseitbé, fief des Salam. Et sur les neuf églises paroissiales de la communauté grecque-catholique, quatre se trouvent à l’ouest de l’ancienne ligne de démarcation, dont Notre-Dame de l’Annonciation, construite en 1845 avec « le collège patriarcal », était la plus importante, à l’époque. Le conférencier devait souligner que « les églises de Beyrouth correspondent au souci des autorités d’assurer un lieu de culte à leurs fidèles proche de leur lieu d’habitation, mais qu’il est rare de voir deux églises, appartenant à une même confession, dans un même quartier. Alors que le nombre de mosquées dans un même quartier dépasse souvent les besoins des fidèles ». À Achrafieh, où vivaient très peu de musulmans, on trouve deux mosquées: la mosquée Beydoun (secteur Sodeco) et la mosquée Khodr, quartier Mar Mikhaël. À l’origine église croisée, elle fut transformée en 1661 en un lieu de culte sunnite. Le vieux bâtiment est actuellement en cours de restauration. May MAKAREM
Dans le cadre d’une étude comparative des lieux de culte chrétiens et sunnites, réalisée dans les limites de la municipalité de Beyrouth et entreprise par l’Institut des études islamo-chrétiennes (IEIC) de l’Université Saint-Joseph, une conférence a été donnée par cheikh Mohammad Nokkari, directeur de Dar el-Fatwa, et le RP Thom Sicking s.j, sur le thème «Espace...