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Où en est la cellule de crise face à la montée des périls ?

Avec le vote du budget, les querelles entre les pôles du pouvoir ont été renvoyées aux calendes grecques. Et, de l’avis de plus d’un responsable politique, il convient désormais de donner la priorité au dossier régional et d’accorder toute l’attention nécessaire aux mesures à prendre en cas d’offensive américaine contre l’Irak pour parer aux répercussions qui pourraient toucher le Liban. Cette opinion est d’ailleurs partagée par l’ensemble de la classe politique.Cependant, dans les milieux de l’opposition, l’on s’interroge, stupéfaits, sur l’absence de toute mesure préventive sur la scène locale face aux développements qui menacent la région tout entière. Ces milieux s’étonnent en effet de l’insoutenable légèreté avec laquelle les responsables traitent ce dossier, d’autant plus que ces derniers sont conscients des dangers éventuels qui guettent le Liban. La même question ressurgit sur toutes les lèvres : qu’est-il advenu de la cellule de crise promise par les responsables en prévision du cataclysme qui pourrait s’abattre sur la région ? À voir la manière – tellement routinière – avec laquelle le gouvernement gère les différents dossiers, on pourrait penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que la crise irakienne n’est qu’une grande illusion. Dans un tel contexte, les milieux politiques se demandent quelles sont les mesures préventives qui ont été prises par le gouvernement, sachant que la scène libanaise est en quête de toute initiative qui pourrait venir renforcer son immunité et unir les responsables. Mais le constat est là, affligeant : le gouvernement est absent, et le Conseil des ministres ne se réunira pas durant deux semaines, en raison de la présence du Premier ministre à Paris pour des raisons de santé. Mieux encore, aucune cellule de crise n’a été créée pour pallier à ce vide et veiller à la bonne marche des affaires publiques. Défaillances dans le secteur énergétique À titre d’exemple, certains milieux politiques citent les négligences dans le secteur de l’énergie. Aucun effort n’a été accompli par le gouvernement en vue d’assurer le courant électrique et de subvenir aux besoins du pays. Selon certaines informations, l’EDL serait actuellement confrontée à un manque de fuel, notamment la hausse des prix du fuel en raison de la crise irakienne. Un problème auquel le gouvernement n’a pas su remédier en assurant à l’EDL un stock de rechange de fuel à des prix normaux. Le directeur du conseil d’administration de l’EDL, Kamal el-Hayeck, affirme pour sa part qu’il avait déjà mis les responsables concernés au courant de la gravité de la situation et qu’il avait préconisé l’acquisition d’un stock de rechange de fuel. Mais ses propos sont tombés dans l’oreille d’un sourd: aucun des dirigeants n’a pris les mesures nécessaires pour faire face à cette crise, le gouvernement n’a pas adopté un plan d’urgence pour remédier à la situation et aucune réunion n’a été tenue avec les secteurs concernés pour trouver une issue. À cela, M. Hayeck ajoute que le règlement de l’EDL paralyse l’institution et ne lui permet pas de prendre les mesures nécessaires pour faire face à de telles situations. Dans ce cadre, l’EDL n’a pas touché les arriérés que lui doivent les ministères et qui sont évalués à 200 milliards de LL pour l’an 2002. Rappelons que le gouvernement avait dispensé les utilisateurs du paiement des retards et des amendes, ce qui n’a pas été sans provoquer de lourdes pertes pour l’EDL. Des négligences qui portent atteinte à la continuité des services publics, qui plus est au niveau d’un secteur fondamental, celui de l’énergie. Mais ce secteur n’est pas le seul à souffrir de ce manque de prévoyance et les exemples sont légion, estiment certains milieux politiques. Seule l’institution militaro-sécuritaire échappe au maelstrom et a déjà pris ses précautions pour faire face à d’éventuelles retombées sur la scène interne du conflit régional. Les Forces de sécurité intérieure et le commandement de l’armée auraient coordonné leurs efforts pour prendre une série de mesures autour des services et des administrations publics. Des points de contrôle ont par ailleurs été établis dans certaines régions et certaines zones. Les mesures de sécurité ont été renforcées autour du camp de réfugiés de Aïn el-Héloué et certains suspects ont été mis sous surveillance. Des sources sécuritaires bien informées craignent de leur côté qu’Israël, notamment après l’écrasante victoire du Likoud et la réélection d’Ariel Sharon, profite d’une frappe sur l’Irak pour attaquer l’armée libanaise, les positions du Hezbollah et celles de l’armée syrienne pour embarrasser Damas. Les services de sécurité ont étudié les différents aspects que pourrait revêtir cette attaque israélienne, parmi lesquels la réinvasion du Liban-Sud et la progression des troupes israéliennes jusqu’au Awwali et le Qassimiyya. Une hypothèse qui reste toutefois peu crédible dans les circonstances actuelles. Il se pourrait en revanche qu’Israël frappe les secteurs vitaux et les positions du Hezbollah. Une opération qui serait peu coûteuse pour l’État hébreu, mais qui provoquerait de sérieux dommages côté libanais et qui embarrasserait la Syrie. Dernière possibilité, et certainement la plus plausible, Israël pourrait provoquer un exode palestinien en direction du Liban et mettre en application la politique dite du transfert. Les autorités libanaises ont pris leurs précautions en fermant les points de passage et en faisant creuser des tranchées à la frontière pour empêcher toute traversée. Elles ont également mis en place des patrouilles militaires tout le long de la frontière. Dans son dernier rapport sur la Finul, le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, avait, rappelle-t-on, demandé le déploiement de l’armée libanaise à la frontière. Concernant enfin d’éventuelles frappes israéliennes contre l’infrastructure libanaise, la Finul et les États-Unis ont été informés par les canaux diplomatiques qu’une telle opération entraînerait une riposte immédiate du Hezbollah sur l’hinterland israélien. Ce qui incite certains analystes à dire que le Liban-Sud vit actuellement dans l’équilibre de la terreur, dans le sens où chacune des parties retient son souffle et réévalue ses calculs, y compris Israël, qui se contente pour l’instant d’une campagne contre le Hezbollah auprès de l’opinion publique internationale concernant l’existence, côté libanais, d’armes de destruction massive d’origine irakienne. Philippe ABI-AKL
Avec le vote du budget, les querelles entre les pôles du pouvoir ont été renvoyées aux calendes grecques. Et, de l’avis de plus d’un responsable politique, il convient désormais de donner la priorité au dossier régional et d’accorder toute l’attention nécessaire aux mesures à prendre en cas d’offensive américaine contre l’Irak pour parer aux répercussions qui...