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Gouvernement - La campagne pour le changement s’est brusquement tue Le cabinet reste en place au moins jusqu’au printemps

Il avait été question, voici quelques semaines, de renvoyer les ministres actuels et de former un nouveau gouvernement aussitôt que sera adopté le budget 2003. Un grand nombre de responsables – et non des moindres – s’étaient livrés à des attaques en règle contre le cabinet et avaient plaidé le changement dès avant une éventuelle frappe américaine en Irak, généralement annoncée pour février-mars. À l’instar du président de la Chambre, Nabih Berry, ou du vice-président du Conseil, Issam Farès, ils étaient plusieurs à attendre l’acte de décès formel du gouvernement dans les jours qui suivront le vote par la Chambre de la loi de finances. Depuis, les développements survenus, tant sur la scène intérieure que sur l’échiquier régional, ont modifié le cours des choses. Un homme politique bien introduit estime que ces développements ont conduit à geler pour le moment le dossier gouvernemental, en attendant de meilleurs jours. Ceux-ci pourraient d’ailleurs coïncider avec les beaux jours, c’est-à-dire au printemps prochain. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce report, pour l’instant bien admis par tout le monde, y compris par ceux-là qui espéraient hâter la chute du gouvernement. Sur le plan strictement intérieur, le Liban est ainsi fait que, pour mener à bien une opération de changement gouvernemental, il faut que celle-ci intervienne dans un climat consensuel entre les principaux responsables, plus particulièrement entre le président de la République et le Premier ministre. Le remplacement du cabinet passe, en effet, par la mise en place d’un mécanisme assez complexe qui ne peut fonctionner que si les rapports entre les dirigeants sont harmonieux, faute de quoi chaque responsable peut, à sa guise, s’employer à enrayer la machine. Le Premier ministre, Rafic Hariri, avait d’ailleurs clairement signifié, dans son intervention télévisée, début janvier, que tout changement de gouvernement imposait une entente préalable entre lui-même et le chef de l’État, Émile Lahoud. Or, l’opération « lavage des cœurs » de l’été dernier étant parvenue récemment à une impasse, d’abord en raison de l’affaire de la New TV, puis de la polémique sur le cellulaire, l’entente interprésidentielle n’est plus à l’ordre du jour, même si Damas a tenté de sauver les meubles en imposant une trêve. Il faudra donc que les relations entre MM. Lahoud et Hariri connaissent un nouveau départ pour que l’on puisse s’atteler à la tâche de la formation d’un nouveau cabinet. En tout état de cause, l’affaire du cellulaire constitue par elle-même un obstacle de taille, tant qu’elle ne sera pas réglée. M. Hariri avait commencé par dire que ce dossier n’était pas inclus dans la trêve puis, devant la menace d’une intervention de la Chambre, prenant la forme d’une commission d’enquête parlementaire, il a fini par se rétracter dans le but de maintenir l’affaire confinée au sein du Conseil des ministres. Mais le problème – on l’a vu lors de la dernière réunion de l’Exécutif – demeure entier dès lors qu’il s’agit du principal, c’est-à-dire du litige opposant les milieux du chef du gouvernement au ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, autour des modalités de privatisation du secteur. Des observateurs soulignent que, dans un tel contexte, engager un processus de changement de gouvernement ne manquerait pas de susciter un bras de fer entre les deux têtes de l’Exécutif sur l’attribution du ministère des Téléconmmunications, bras de fer qui pourrait facilement mener à une impasse. En outre, il va sans dire que le départ ou, au contraire, le maintien de M. Cardahi à son poste dans le nouveau cabinet aurait, en pleine polémique sur le cellulaire, une signification politique majeure, dans la mesure où la première option serait perçue comme une victoire pour M. Hariri et l’autre comme un triomphe pour M. Lahoud. Voilà pourquoi les analystes estiment qu’un règlement définitif du contentieux doit impérativement intervenir avant toute velléité de remplacement du cabinet. « Last but nos least », l’évolution de la crise irakienne n’est pas, non plus, de nature à autoriser les baronnets de la politique libanaise à s’adonner aux délices des cuisines gouvernementales avec distribution de portefeuilles aux gagnants. Comment pourrait-il en être autrement, puisque – sans aller plus loin dans l’analyse – la Syrie, dont on sait l’intérêt qu’elle porte généralement à ce type de cuisine chez son petit voisin, a pour le moment les yeux rivés ailleurs. Toutes ces raisons, et peut-être d’autres encore, ont fini par faire comprendre aux plus impatients, comme M. Berry, qu’il serait plus sage d’attendre le printemps pour pouvoir espérer une équipe ministérielle davantage à leur goût. On a d’ailleurs constaté que la campagne que les partisans du changement menaient il n’y a pas si longtemps s’est brusquement arrêtée ces derniers jours, comme s’il y avait un mot d’ordre en ce sens. En somme, c’est lorsque les obstacles devant l’action du gouvernement seront aplanis, lorsqu’il sera en mesure de se remettre au travail, qu’il devra partir... Philippe ABI-AKL
Il avait été question, voici quelques semaines, de renvoyer les ministres actuels et de former un nouveau gouvernement aussitôt que sera adopté le budget 2003. Un grand nombre de responsables – et non des moindres – s’étaient livrés à des attaques en règle contre le cabinet et avaient plaidé le changement dès avant une éventuelle frappe américaine en Irak,...