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DÉBAT BUDGÉTAIRE - Le cellulaire, vedette de la journée d’hier Gros plan, place de l’Étoile, sur le dysfontionnement des institutions (photo)

La Chambre pourrait se saisir du dossier de la privatisation de la téléphonie mobile et le confier à une commission parlementaire d’enquête. Sa décision à ce sujet, a révélé le chef du Parlement Nabih Berry, dépendra essentiellement de la réponse du gouvernement aux violentes accusations lancées notamment par Nayla Moawad, Omar Karamé et Boutros Harb, contre son chef, Rafic Hariri, à qui ils ont reproché de tolérer les irrégularités qui entachent la gestion, par Cellis et LibanCell, du réseau GSM. Et dans la polémique qui oppose dans cette affaire le chef du gouvernement au ministre des Télécommunications, M. Karamé n’a pas hésité à prendre ouvertement le parti de M. Jean-Louis Cardahi, en accusant M. Hariri d’outrepasser ses prérogatives. Vedette de la troisième journée du débat budgétaire, qui sera normalement clôturé aujourd’hui par un vote sans surprise d’une loi de finances qu’une minuscule minorité a jusque-là applaudi, le dossier du cellulaire est désormais aux mains de la Chambre. Séance en tous points exceptionnelle, hier soir, place de l’Étoile. Contrairement aux deux jours précédents, de nombreux députés assistent au débat et les bancs du gouvernement sont un peu plus garnis. Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, assiste pour la première fois au débat budgétaire. Arrivé un peu plus tôt d’Arabie saoudite, le chef du gouvernement, Rafic Hariri, pénètre dans l’hémicycle au moment où M. Saleh Kheir prononce son discours. Le Premier ministre aurait peut-être préféré rester en Arabie plutôt que d’avoir à écouter Nayla Moawad, Omar Karamé et Boutros Harb l’attaquer durement pour la façon « très personnelle » dont il gère le dossier de la téléphonie mobile. La séance se déroule dans une ambiance bon enfant, pendant que M. Kheir insiste sur la nécessité de respecter le principe de la séparation des pouvoirs. Puis M. Karamé prend la parole. Au fur et à mesure qu’il formule ses remarques, le visage de M. Hariri s’assombrit. Les mots de M. Karamé sont durs. Placide et très décontracté comme toujours, le député de Tripoli alterne boutades et critiques, question peut-être de décrisper une atmosphère que rien ne pouvait détendre pourtant, à partir du moment où il a évoqué l’affaire du cellulaire. Comme presque tous les députés, le parlementaire commence par dénoncer le dysfonctionnement politique dans le pays et par déplorer l’absence d’une entente nationale qui favoriserait une cohésion nationale. Selon lui, c’est surtout le confessionnalisme politique qui « entrave l’édification de l’État de droit ». Il dénonce la loi électorale « taillée à la mesure de certaines personnalités », « les millions de dollars dépensés pour acheter les voix des électeurs » et « l’action politique fondée sur le féodalisme financier ». M. Karamé conteste vivement la politique économique du gouvernement avant d’évoquer le dossier du cellulaire. Il formule d’abord des remarques générales sur le prix de l’abonnement au réseau GSM, la valeur des fréquences « pour lesquelles les deux opérateurs paient chacun 50 000 dollars alors qu’ils devraient, selon les experts, payer chacun 40 millions de dollars ». Il rend ensuite un vibrant hommage à M. Cardahi pour sa gestion de la privatisation de ce dossier. « Il n’œuvre que dans le seul intérêt du pays. Il n’y a rien de vrai dans ce que les médias du chef du gouvernement rapportent à son propos », déclare-t-il. S’adressant à M. Hariri, il enchaîne: « Si j’étais à votre place, à Dieu ne plaise, je l’aurai laissé s’occuper de ce dossier. Le président du Conseil donne seulement des directives générales et ne peut pas imposer une politique à un ministre. Il (Cardahi) avait parfaitement raison lorsqu’il vous avait dit qu’il n’était pas un employé chez vous. D’accord, il aurait pu le dire de manière moins abrupte, mais il n’empêche... Il existe plusieurs manières de demander des comptes à un ministre, en le limogeant, ou en exigeant qu’il pose la question de confiance au Parlement, mais ce n’est sûrement pas en menant une campagne médiatique contre lui ». Karamé salue « la noblesse et l’héroïsme » de Cardahi M. Karamé interroge ensuite M. Hariri sur les propos concernant les pertes accumulées, dans le secteur des télécommunications, depuis que l’État a repris le contrôle du réseau GSM. « Comment pouvez-vous faire assumer cette responsabilité au ministre et parler de pertes alors que les deux opérateurs ont continué de gérer le cellulaire huit mois après la résilitation du contrat, comme si ce contrat était toujours valable ? » s’interroge-t-il, avant d’expliquer, chiffres à l’appui et en citant des experts, que Cellis et LibanCell ont obtenu de l’État le double de ce qu’ils méritaient. Se tournant vers M. Cardahi, il déclare : « Je dois saluer votre prise de position héroïque et noble, qui doit vous assurer à l’avenir des postes importants ». Il note ensuite que les pressions sur le ministre ont commencé lorsque les négociations avec les deux compagnies ont été entamées et il déplore que le cahier des charges soit « taillé à leur mesure ». Il reprend les propos de Mme Moawad sur le groupe Mikati avant d’indiquer que LibanCell, qui appartient à ce groupe, « a distribué tous ses bénéfices avant la fin de l’arbitrage » et que Cellis a tenté de faire de même, mais France Telecom l’en a empêché. « Aujourd’hui, on raconte que le groupe Mikati essaie d’acheter les parts de FTML », ajoute-t-il. Harb : « Laver le linge sale sur les chaînes satellitaires » M. Harb lui succède à la tribune, sans que M. Hariri n’ait eu le temps de reprendre son souffle. D’emblée, le député du Batroun l’attaque parce qu’il a tenté, dit-il, d’interrompre les orateurs sous prétexte que leurs propos ne sont pas conformes à la vérité. « Les députés n’ont pas besoin de quelqu’un pour leur dicter ce qu’ils doivent dire », souligne-t-il. Et de renchérir : « Je ne trouve pas dans les discours des parlementaires de quoi ternir la réputation du Liban plus que ne le font les médias du chef du gouvernement dans le cadre de la campagne qu’ils mènent contre le ministre Cardahi ». M. Harb attaque sur le dossier du cellulaire, sans s’en prendre nommément au chef du gouvernement, en affirmant qu’il ne fait que répercuter la rumeur publique. Mais chaque mot qu’il prononce semble directement dirigé contre M. Hariri. Il rappelle que si le chef du gouvernement n’avait pas résilié les contrats avec Cellis et LibanCell, « pour qu’on cesse de dire que son gendre est un des actionnaires d’un opérateur – sachant que l’État n’est pas censé résoudre les problèmes personnels d’un de ses dirigeants –, la part du Trésor dans les recettes du cellulaire serait passée cette année de 20 % à 40 % ». Et d’ajouter: « On a découvert par la suite que ce même gendre a acheté la totalité des actions de l’opérateur, après la résilitaion du contrat qui a fait perdre aux deux sociétés leur valeur, et qu’une banque appartenant au chef du gouvernement lui a avancé les fonds nécessaires pour acquérir ces actions ». Dénonçant vivement la campagne de la Future TV contre M. Cardahi, il se dit choqué par le fait qu’on puisse « laver son linge sale sur une chaîne satellitaire et donner cette image déplorable aux pays qui nous ont accordé leur confiance et qui nous ont encouragé à faire preuve de transparence en privatisant des services publics ». Et c’est lorsqu’il réclame la tenue d’une réunion qui sera consacrée au cellulaire que M. Berry annonce qu’une commission d’enquête « pourrait être formée, à la lumière de la réponse du gouvernement » « Une équation terrible » M. Harb conteste les orientations économiques du cabinet, en s’arrêtant sur sa politique de stabilité monétaire « qui inhibe tout développement dans la mesure où elle pompe la liquidité du marché ». Il ne voit dans Paris II qu’un moyen d’« ajourner l’effondrement » au cas où l’Exécutif ne changerait pas sa politique. Comme M. Karamé, il reproche au projet de redressement Hariri de tabler sur le côté financier de la crise et d’omettre ses volets économique et social. À l’instar de M. Karamé aussi, il critique l’accord entre l’État et les banques – sur l’octroi au gouvernement de prêts totalisant quatre milliards de dollars, sans intérêts – parce que cette mesure va également pomper la liquidité du marché et empêcher le secteur bancaire de financer le secteur privé et de favoriser ainsi un développement. Pour lui, une réforme économique radicale est indispensable. De manière générale, il dénonce violemment la logique sur laquelle repose l’action économique. « Il existe dans le pays une équation terrible : confiez-nous l’économie et prenez la politique et la sécurité. “Ils” ont livré le pays aux services de sécurité et c’est inadmissible. Ce qui se passe est un crime. Le budget ne se limite pas à des chiffres. Il est l’expression de toute une politique », fait-il remarquer, avant d’ajouter : « Nous avons honte de donner chaque jour la preuve que nous avons besoin d’un parrainage syrien pour résoudre nos problèmes ». En vrac, le parlementaire formule une série de remarques sur la vie politique, avant de regagner son siège, alors qu’un silence quasi total règne dans l’hémicycle où personne ne fait attention à l’intervention de M. Ali Hassan Khalil. La séance matinale Pas de rhétorique inutile dans le discours de M. Akram Chehayeb qui entre dans le vif du sujet : le projet de budget est devenu l’expression d’une simple opération arithmétique et ne reflète pas une politique structurée. Le député de Aley donne ainsi le ton. Il dénonce un « budget-orphelin dénigré par la majorité des ministres ». Il stigmatise aussi une politique gouvernementale « qui a réduit l’économie du pays à une simple tirelire, une machine à amasser l’argent destiné à couvrir la dette et ses intérêts ». Extrêmement critique, le parlementaire ne pense pas que les orientations économiques du cabinet soient susceptibles d’initier un développement, et il met surtout l’accent sur l’absence d’une politique sociale. Il s’arrête longuement sur le dossier des empiètements sur le domaine public maritime et reproche au ministre des Finances, Fouad Siniora, son empressement de proposer une régularisation de ces agressions. M. Chehayeb exprime ensuite son opposition aux articles 49 et 50 du projet de budget, prévoyant des fonds pour la construction, l’équipement et la restauration de casernes ainsi que pour l’édification d’un institut des FSI. « Ce n’est pas grâce à la seule sécurité que le pays subsiste. » Après avoir mis en garde contre une privatisation de tous les services de l’État, M. Chehayeb dénonce le climat politique local. « Le monde arabe est menacé et au Liban, nos seules préoccupations sont le lavage des cœurs, les sèche-poches, et le linge sale étendu sur les paraboles des chaînes satellitaires », ironise-t-il. Sur le fond, les interventions de MM. Alaeddine Terro et Abdallah Farhat, qui lui succèdent à la tribune, sont presque identiques à celle du député de Aley, notamment en ce qui concerne l’absence d’une politique sociale. M. Farhat estime pour sa part que les forces politiques dans le pays doivent être associées à l’élaboration d’une politique socioéconomique. Le parlementaire plaide en outre pour un développement équilibré des régions et met l’accent sur « le chômage larvé » dans le pays. Il juge que le gouvernement se doit d’œuvrer à assurer des opportunités de travail aux jeunes et à freiner l’émigration. M. Farhat préconise notamment une révision des lois commerciales et des textes qui régissent les mises en faillite. Selon lui, il est indispensable de se pencher sur le problème des établissements en difficulté. Kassargi: « Comme un coing... » Farouche détracteur du chef du gouvernement, M. Georges Kassarji tire dans toutes les directions, n’épargnant pas le Parlement, auquel il reproche de ne pas assumer ses responsabilités constitutionnelles, en s’abstenant de contrôler l’action de l’Exécutif et de lui demander des comptes. M. Kassarji compare le cabinet Hariri au « coing qui est difficile à avaler » et dresse un tableau sombre des pratiques du pouvoir, qu’il accuse de « dilapider les fonds publics, de pratiquer le clientélisme, de porter atteinte à la Constitution, d’ébranler les institutions et de suspendre les effets des lois ». Stigmatisant le manque de solidarité gouvernementale, le parlementaire estime que la Constitution est devenue « un chiffon et un élastique, suivant les intérêts des uns et des autres ». S’en prenant violemment à M. Hariri, il l’accuse d’avoir contribué depuis dix ans à la dilapidation de fonds publics, d’avoir « acheté les médias et les journalistes », d’avoir « spolié la volonté des habitants de Beyrouth en achetant les voix des électeurs » et de « prétendre être l’agent exclusif de l’Arabie saoudite au Liban ». La liste de ses griefs contre M. Hariri est longue. Il s’en prend aussi aux députés de Beyrouth et n’épargne pas non plus les parlementaires arméniens, contestant leur représentativité. Après un long préambule, ardu et ampoulé, exprimant à coups d’images un fond de pensée nébuleux, M. Ali Bazzi axe son intervention sur une série de revendications régionales avant que M. Nasser Kandil ne lui succède à la tribune. Le député commence par commenter les interventions de MM. Kassarji et Souhaid. M. Kandil demande qu’on supprime du procès-verbal de la séance le terme « pantins » employé par le député de Zahlé pour désigner les membres du bloc parlementaire de M. Hariri. Il rend hommage ensuite à M. Souhaid pour ses propos – même s’il dit exprimer quelques réserves sur certaines idées qu’il avait développées –, saluant de manière fort déplacée leur « politesse et leur courtoisie ». Comme si le député de Jbeil était d’habitude impoli ou peu courtois ! L’idée principale de son discours, qu’il ponctue d’une série de théories politiques et démocratiques, est qu’il faut dissocier intérêts privés et intérêts publics, en commentant la guerre Hariri-Cardahi. Dans son intervention, M. Ali Ammar reprend grosso modo les idées développées par ses collègues au sujet de la politique économique fiscale et sociale du gouvernement. Celle de M. Yassine Jaber aussi. M. Ghazi Zeayter établit une brève comparaison entre la déclaration ministérielle et le projet de budget, pour mettre en relief les promesses de réforme et de développement qui n’ont pas été, selon lui, tenues. Quatorze députés l’écoutent. Au fil des heures, l’hémicycle s’est vidé et sur le banc des ministres, seuls MM. Farès, Siniora, Hamadé et Jisr suivent, stoïques, la succession de discours. Le téléphone surveillé Dernier à prendre la parole au cours de la séance matinale, M. Farid el-Khazen s’arrête sur le dossier du cellulaire et réprouve le manque de solidarité gouvernementale à ce sujet. M. Khazen réclame la tenue d’une réunion parlementaire consacrée au cellulaire avant d’analyser le projet de budget. Selon lui, il faut proclamer l’état d’urgence économique. Les griefs qu’il retient contre la politique économique haririenne sont nombreux. Aussi nombreux que ses motifs de critiques sur les plans social et politique. « L’État de droit est dans le coma. On assassine les institutions et on édifie un État taillé à la mesure des personnes », dit-il, critiquant la paralysie du Conseil des ministres. Le clientélisme, les atteintes aux syndicats, aux mouvements estudiantins et, de manière générale, aux libertés. Moawad « inquiète » des offres du groupe Mikati dans Cellis Consacrant une grande partie de son intervention à la polémique sur le cellulaire, Nayla Moawad, députée de Zghorta et l’un des piliers de l’opposition parlementaire, a fait part de son « inquiétude » au sujet des informations faisant état, selon elle, de négociations entre le groupe Mikati (dont fait partie le ministre des Travaux publics, Négib Mikati) et France Télécom pour l’acquisition des parts de cette dernière dans la société Cellis. Donnant des détails sur ces négociations, Mme Moawad note que la trésorerie de Cellis dispose à l’heure actuelle d’un montant de près de 120 millions de dollars auquel il faut ajouter 118 millions au titre de l’indemnisation après la résiliation du contrat BOT. Soit un total de près de 240 millions de dollars. Or, a-t-elle poursuivi, le groupe Mikati offre 80 millions de dollars à France Télécom pour acquérir ses parts. Quant aux 160 millions restants, ils seront distribués aux autres actionnaires en vertu de l’offre faite par le groupe. Cela signifie qu’en fin de compte, la trésorerie de Cellis se retrouvera vidée de toute liquidité. « La question se pose alors de savoir comment les droits de l’État pourraient être honorés au cas où l’arbitrage en cours finissait par les reconnaître », a-t-elle ajouté. Pour ce qui est du dossier de la privatisation du secteur, Mme Moawad a noté que les amendements introduits au cahier des charges ne rendent plus obligatoire la présence d’un partenaire stratégique international, « de sorte que l’affaire devient taillée sur mesure, non seulement pour les deux opérateurs (Cellis et LibanCell) mais aussi pour des actionnaires libanais au sein des deux sociétés ». « En vertu de quelle prérogative constitutionnelle ou légale le gouvernement s’arroge-t-il le droit d’émettre un cahier des charges sans que celui-ci ne fasse l’objet d’un débat à la Chambre ? » s’est interrogée Mme Moawad. « C’est un scandale dont il nous faut prendre conscience si nous ne voulons pas devenir des témoins passifs. Auquel cas, il ne nous resterait plus qu’à proposer tout le Liban à la vente au bazar des sociétés appartenant aux responsables et autres hommes d’influence », a-t-elle dit. S’attaquant au budget, Mme Moawad a souligné que ce n’est pas « avec une telle mentalité » que le gouvernement sera capable de parvenir à l’équilibre promis. Pour elle, la réduction du déficit ne saurait se faire au détriment des échéances dues à la Sécurité sociale, aux hôpitaux, aux entrepreneurs, aux enseignants contractuels, aux municipalités et aux fonctionnaires. « En ajournant le versement de ces échéances, on ne réduit pas le déficit, on masque la réalité », a-t-elle noté. L’équilibre budgétaire ne saurait pas non plus être réalisé au détriment des dépenses d’investissement et des prestations sociales, pas plus que par l’introduction sans fin de nouveaux impôts et taxes. « Fondamentalement, la réduction du déficit doit se faire par l’arrêt des dépenses improductives et de la dilapidation de l’argent public. » En un mot, selon elle, ce sont les « dépenses politiques » qu’il s’agira de faire cesser. Mme Moawad a souligné à cet égard la nécessité d’une « restructuration du secteur public dont le volume, dans son aile tant militaire que civile, a pris après la guerre une ampleur conforme aux intérêts des piliers du pouvoir mais complètement disproportionnée par rapport aux besoins réels de l’État ». « Soyez sûrs que les gens ne sont plus capables de supporter le coût des clients, des hommes liges des domaines réservés et autres boutiques », a-t-elle lancé. Souhaid appelle à une initiative chéhabienne « qui rendrait au Liban sa souveraineté, sa liberté et son rôle » Tilda ABOU RIZKC’est dans une véritable et mathématique attaque en règle du pouvoir que s’est lancé hier l’un des ténors de l’opposition, Farès Souhaid. Avec, en prologue, un leitmotiv : « Comme si de rien n’était ». Comprendre par là, comme le démontre Farès Souhaid, que ce pouvoir, malgré tous les rebondissements régionaux et internationaux, malgré tous les changements, n’a pas changé d’un iota sa méthode, sa façon de voir et de concevoir les choses. M. Souhaid a ensuite posé, en toute logique, la question suivante : « Quand est-ce que le pouvoir a pris conscience de la gravité de la situation régionale ? » Réponse – du même Farès Souhaid : « Lorsque des officiers de sécurité syriens de haut niveau s’en sont allés rendre visite » aux gens du pouvoir. « Et c’est uniquement à ce moment-là que ce pouvoir a eu honte de lui-même, qu’il a compris qu’il fallait resserrer les rangs, ou s’élever au-dessus des futilités », a ajouté le jeune député. Qui a ensuite rappelé qu’il y a six mois, il avait mis en garde contre tous les dangers et appelé, comme ses camarades de l’opposition, à un dialogue urgent, nécessaire, a-t-il dit, pour assurer l’immunité nationale requise en de telles circonstances. « Et lorsque nous avons pris l’initiative de nous rendre auprès du chef de l’État pour lui demander de parrainer ce dialogue, une certaine faction du pouvoir a vite fait de prendre ce geste pour de la faiblesse. Alors cette faction a décidé de profiter du laps de temps perdu avant la guerre contre l’Irak pour anéantir l’opposition, de toutes les manières possibles et imaginables ». Quels résultats pour cette politique ? « L’opposition, de Kornet Chehwane au Forum démocratique, en passant par le Renouveau démocratique, les universitaires, les syndicats des professions libérales, ou chaque maman inquiète pour l’avenir de ses enfants – cette opposition est en bonne santé. Pendant que nous regardons, et le monde avec nous, les institutions libanaises s’écrouler l’une après l’autre. Aussi, comment convaincre les Libanais que ce pouvoir est capable de rembourser des dettes, de réduire le déficit, alors qu’il est incapable de comprendre ce qui se passe dans la région et dans le monde ? », s’est interrogé Farès Souhaid. Il a ensuite demandé à ce que l’on cesse « l’exploitation » des Libanais. « Que l’on cesse d’essayer de vendre les chrétiens à la Syrie, en la persuadant qu’ils représentent un danger pour elle, que l’on cesse de vendre les musulmans aux États-Unis, en les persuadant que le terrorisme a de dangereuses ramifications au Liban. Nous sommes dans la même galère, chrétiens comme musulmans, notre crise est la même, notre destin et notre avenir également ». Et après avoir indiqué que chrétiens comme musulmans « ont parfaitement conscience que la stabilité et la sécurité du Liban et de la Syrie sont, en ces circonstances exceptionnelles, intimement liées », Farès Souhaid a enfin appelé à une initiative chéhabienne : « Une initiative qui rendrait au Liban sa souveraineté et sa liberté, son rôle et sa capacité à participer, avec ses frères arabes, à la défense de la souveraineté et de la liberté de la région ». Tout cela grâce à un gouvernement « exceptionnel, peu nombreux, et à la grande efficacité ».Le Renouveau démocratique dit « non » au projet de budget C’est un « non » retentissant au projet de budget que le Renouveau démocratique, représenté à la Chambre par MM. Nassib Lahoud et Misbah Ahdab, a exprimé hier. La raison de ce « non » ? « Les points négatifs de la politique économique du gouvernement l’emportent sur les éléments positifs et risquent de les anéantir », explique M. Ahdab dans son intervention. Le député conteste les orientations économiques et y voit la cause de la détérioration qui se poursuit. « Il y a d’abord la politique de stabilisation monétaire à tout prix, qui hypothèque l’ensemble de l’économie. Il y a ensuite le gel des dépenses d’investissement qui sont liées à la seule disponibilité de prêts de l’extérieur. Que se passerait-il si l’octroi de ces prêts est compromise pour des raisons relatives à la situation régionale ou internationale ? » déclare le député, qui met en garde aussi contre la dollarisation de la dette publique. « Si la Chambre autorise l’Exécutif à émettre (sur les marchés internationaux l’équivalent de) 4 milliards de dollars, la structure de la dette pourrait radicalement changer, de sorte que la dette extérieure pourrait représenter les trois quarts des obligations financières de l’État alors qu’elle en constituait moins que le quart », dit-il. Selon lui, « le gel des dépenses d’investissement et la dollarisation de la dette montrent à quel point l’État a perdu sa capacité à élaborer une politique économique équilibrée, à cause de son attachement à une politique monétaire dénuée de toute ambition de développement ». Tout en se félicitant des résultats de Paris II, M. Ahdab souligne qu’il ne faut pas que cette conférence « devienne un prétexte pour maintenir la même politique ». Il déplore ensuite « les petites guerres politiciennes qui portent préjudice à l’image de l’État et à la stabilité financière ». « Deux scènes marquent la vie politique : la première représente l’entente (entre les pôles du pouvoir) qui permet de faire passer des marchés lucratifs et l’autre incarne le conflit (entre eux) dans le but d’asseoir une autorité », ajoute M. Ahdab, qui estime que « ce qui se passe aujourd’hui s’inscrit dans le prolongement d’un procédé oppressif qui vise à détruire la vitalité de la société, à réprimer les libertés publiques, à porter un coup mortel à la vie syndicale, à mettre au pas les partis politiques et à imposer des contraintes aux médias afin de neutraliser la volonté de l’opinion publique lors des élections ». Il conteste la politique qui régit le processus de privatisation, « ce qui n’augure rien de bon » et met en garde contre les abus de pouvoir dans ce domaine. « Il ne faut pas que le pouvoir au Liban devienne un moyen pour s’enrichir », dit-il. La Future TV interrompt la retransmission de la séance pendant le discours de Harb - La Future TV, qui appartient au chef du gouvernement, a interrompu à 21h la retransmission en direct de la séance nocturne, au moment où M. Boutros Harb prononçait son discours, reprochant à M. Hariri de gérer le dossier de la téléphonie mobile en fonction de ses intérêts personnels et de donner une piètre image du Liban à l’étranger, à travers la campagne que la Future mène contre le ministre des Télécommunications. M. Berry avait pourtant annoncé le matin qu’il s’était entendu avec toutes les chaînes pour qu’elles ne diffusent leur journal qu’après la fin de la séance. - En entrant dans l’hémicycle, le chef du Parlement découvre avec stupéfaction que les bancs des ministres sont pratiquement vides. Il n’y avait que M. Issam Farès pour représenter le gouvernement. M. Berry ne peut s’empêcher de relever cette absence : « Lorsque j’avais précisé (jeudi) que le gouvernement doit être représenté par son chef ou par le vice-président du Conseil, je ne voulais pas que ce sont eux seuls qui doivent assister à la réunion », dit-il à l’adresse de M. Farès, avant de prendre place au perchoir. Il n’y aura pas plus de huit ministres en cours de matinée. - Lorsque M. Nasser Kandil demande qu’on supprime du procès-verbal de la séance le terme « pantins » que M. Georges Kassarji avait employé pour désigner les députés haririens, le président de la Chambre sursaute. « Vous êtes sûr ? Je ne crois pas avoir entendu ce mot. Bien sûr qu’il doit être supprimé. Il n’est pas permis de s’adresser en ces termes aux députés », note-t-il. - M. Farid el-Khazen s’adresse aux députés, hommes et femmes, en prononçant son discours. M. Serge Ter Sarkissian, qui ne rate aucune occasion de plaisanter, au point même d’exagérer par moments, l’interrompt : « Mais les députées ne sont pas là ». « Alors c’est à vous que je m’adresse », lui lance du tac au tac M. el-Khazen. Piqué au vif, le député de Beyrouth réplique : « Je vous rends la gentillesse ».
La Chambre pourrait se saisir du dossier de la privatisation de la téléphonie mobile et le confier à une commission parlementaire d’enquête. Sa décision à ce sujet, a révélé le chef du Parlement Nabih Berry, dépendra essentiellement de la réponse du gouvernement aux violentes accusations lancées notamment par Nayla Moawad, Omar Karamé et Boutros Harb, contre son chef,...