Patrimoine Bsatt dénonce le projet de démolition de deux bâtiments historiques à Saïda

Le président de l’Ordre des ingénieurs de Beyrouth, Sobhi Bsatt, s’est insurgé contre la décision du Conseil de développement et de reconstruction d’abattre deux monuments historiques, l’immeuble Siniora et Khan el-Kheirié, dans le dessein d’élargir l’autoroute côtière. « L’insistance du CDR à ignorer délibérément toutes les études et les recommandations soumises par des experts libanais et étrangers pour l’aménagement de la façade maritime de Saïda, surtout le tronçon compris entre les mosquées Zaatari et Omari, laisse planer des doutes quant à la volonté d’exécuter les travaux comme prévu. D’autant plus que le plan actuel ne sert pas les intérêts de la ville et l’empêche de figurer sur la liste du patrimoine international », a-t-il déclaré samedi à l’issue d’une visite de la vieille ville, à la tête d’une délégation d’ingénieurs. « Les résolutions adoptées par le Congrès des villes historiques qui s’est tenu à Saïda en mai 2001 sous l’égide de l’Unesco sont claires quant à l’aménagement de la façade maritime de la ville. Elles prévoient la réduction de la largeur de l’autoroute au niveau de la vieille ville et le pavage du tronçon compris entre les deux mosquées en pierres basaltiques en vue de le transformer en passage piéton », a ajouté M. Bsatt. Ces résolutions, a-t-il précisé, « ont déjà fait l’objet d’un accord entre une groupe d’ingénieurs de Saïda d’une part et la députée Bahia Hariri et le conseil municipal, de l’autre, dans le cadre des recommandations au concours organisé en ce sens à l’intention des ingénieurs ». Pour M. Bsatt, « la décision de démolir les deux bâtiments historiques importants qui sont l’immeuble Siniora et Khan el-Kheirié constituent une violation flagrante du concept de sauvegarde du patrimoine, de l’environnement et de l’héritage historique que représente la vieille ville à Saïda ». Le président de l’Ordre des ingénieurs a insisté sur la nécessité d’élaborer un plan directeur général pour Saïda et ses environs « qui prenne en considération les besoins de la ville au niveau du développement, de l’économie et de la société ». Il a appelé à des solutions urgentes pour « résoudre la catastrophe écologique et sanitaire que constitue la montagne d’ordures qui menace la santé des habitants, et à s’attacher à améliorer l’habitat à l’intérieur de la ville historique au lieu de se préoccuper du trafic routier et de chercher à isoler la ville de la mer et à faire disparaître son caractère historique en la séparant du port ». En conclusion, M. Bsatt a adjuré les responsables à « reconsidérer le projet d’élargissement de l’autoroute et de démolition des bâtiments historiques, et de mettre un terme aux projets exécutés de manière discrétionnaire qui entraînent des dépenses se chiffrant à plusieurs millions de dollars et occasionnent des dégâts considérables à l’héritage historique et national de la ville ».