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Société - Cinéma, flâneries, fast-foods et centres d’achats... le sport est souvent laissé au rancart En clans, les ados essaiment les lieux « in » (photos)

Leur occupation principale ? Sortir avec les copains dans les fast-foods, les pubs, les centres d’achats, au centre-ville ou au cinéma. Peu de sport ou d’activités individuelles pour les adolescents d’aujourd’hui. Ce qu’ils aiment par-dessus tout, c’est se retrouver en clans dans des endroits publics, les vendredis après l’école et les samedis ; traîner ensemble, se faire voir de tous, faire du shopping pour les filles, et s’essayer même, pour nombre d’entre eux, à des expériences d’adultes, comme braver les interdits, fumer, boire et même conduire la voiture de papa. Les clans se font et se défont, au gré des goûts et des popularités. Quelques irréductibles refusent cette étiquette, avouant tout simplement pratiquer leurs loisirs au gré de leurs envies, tout en essayant néanmoins de dépasser les limites fixées par leurs parents. Après avoir abordé la relation des mineurs à l’alcool, (voir « L’Orient-Le Jour » du vendredi 17 janvier), ce sont les loisirs et les modes de vie des adolescents que nous passerons en revue aujourd’hui, avec ce qu’ils comportent de côtés amusants et désuets, de propos naïfs, mais aussi d’actes extrêmes, voire dangereux... C’est par hordes qu’ils envahissent, le vendredi après-midi, les fast-foods de Beyrouth et des environs. Ils ont entre treize et dix-sept ans. Cà et là, garçons et filles de différents établissements scolaires privés se retrouvent, s’installent, déjeunent et passent quelques heures à bavarder. On boit des sodas, parfois de la bière, on fume aussi. Les groupes se forment, s’interpellent d’une table à l’autre, à la terrasse comme à l’intérieur. L’ambiance est bon enfant. Le week-end commence tout juste. Certains ont déjà troqué l’uniforme de leur établissement contre une tenue plus « in », mais qui n’a rien d’extravagant : sweat-shirt pour les garçons, t-shirt moulant pour les filles et jeans pour tout le monde. D’autres, débarquant directement de l’école, ne semblent pas moins à l’aise vêtus des couleurs de leur collège. Installés à l’extérieur, profitant de la douceur du climat, un groupe de filles et garçons bavarde gaiement : « On vient systématiquement déjeuner là chaque vendredi après l’école, raconte une jeune fille de 14 ans, porte-parole des amies de son âge. On se fait déposer par l’autocar scolaire ou par nos parents. Puis on continue la soirée au cinéma, on se promène au centre-ville ou l’on va tout simplement regarder un film DVD chez l’un d’entre nous. » La permission de minuit, ces adolescentes avouent n’y avoir droit que le samedi soir. « Mais nous n’avons pas encore la permission d’aller en boîte, déplorent-elles. Nos parents trouvent que nous sommes encore trop jeunes. » Peu bavardes, discrètes même lorsqu’il s’agit de leurs sorties, ces adolescentes cèdent de bon cœur la place à leurs copains, un groupe de garçons plus volubiles, plus crâneurs aussi. Si en journée, une fois la semaine, ils aiment bien aller surfer sur Internet ou aller en groupe au karting, leurs soirées favorites à eux se passent dans les boîtes de nuit et les pubs où ils fument et boivent à volonté. Paraître plus grand Il aura bientôt 15 ans, du moins c’est l’âge qu’il avoue. Marc, le visage encore juvénile, essaie tant bien que mal de dissimuler la cigarette qu’il tient à la main. Et pour cause, ses parents ne savent tout simplement pas qu’il fume. Ils ne l’accepteraient pas, dit-il. Pas plus qu’ils n’accepteraient le fait qu’il boive 5 à 6 « shots » d’alcool dans des pubs, le samedi soir, ou qu’il pique la voiture de son père, lorsque celui-ci est absent. Il avoue même avoir fait un accident une nuit où ses parents étaient en voyage... « Heureusement que j’ai eu le temps de faire réparer la voiture avant leur retour », dit-il avec soulagement. Non loin de lui, Fouad, qui a le même âge, se vante tout haut de fumer un paquet et demi de cigarettes par jour et de consommer de l’alcool à volonté. « Où est le problème ? Je fume, je bois, je parais plus grand et c’est cela que je recherche », avoue-t-il fièrement, tout en sortant de sa poche un paquet de cigarettes. Quant à ses parents, ils accepteraient tout, même ses excès, selon ses propos, à la condition que ses notes scolaires soient bonnes. Le petit clan acquiesce, tout en discutant des limites permises. On parle de la conduite automobile avec ou sans adulte à ses côtés, de choses que l’on fait en cachette des adultes, on sous-entend des aventures sexuelles dans certains lieux réputés, mais on clame tout haut qu’on est contre la drogue. Seul, un membre du groupe, âgé de 16 ans, avoue être tenté par le haschisch. « En fait, corrige-t-il, j’ai eu juste envie d’essayer, mais je ne l’ai jamais fait. » Attablée avec une bande d’amis, Chloé, âgée d’une quinzaine d’années, porte un regard critique sur les jeunes au comportement si désinvolte. « Ils croient qu’ils ont inventé la cigarette, lance-t-elle, je n’aime pas cette attitude pseudo-cool. Elle est tout simplement stupide... C’est comme cette mode qui consiste pour les jeunes à venir ici systématiquement tous les vendredis après l’école, ou à aller à la rue Monnot le samedi soir. Où en est l’utilité ? » s’interroge-t-elle. Et d’ajouter qu’elle préfère varier ses sorties afin de pouvoir faire le plus de choses et rencontrer tous ses amis, car, regrette-t-elle, « je n’ai le droit de sortir qu’une fois par semaine ». Même si elle remarque qu’elle n’est pas trop branchée sur l’alcool et qu’elle connaît ses limites, Chloé s’est quand même essayée à passer des soirées dans des pubs, d’où elle a été refoulée, une fois, à cause de son jeune âge. « Après tout, dit-elle, c’est pour la musique que j’y vais et jamais plus d’une vingtaine de minutes. » Quant à ce qu’elle raconte à ses parents, les fois où elle transgresse certains interdits, elle répond carrément qu’ils la pouponnent trop et que de toutes façons, ces petits mensonges sans conséquences, elle finira par leur en parler, après les avoir mis devant le fait accompli... Mensonges comme ceux de taire le lieu où elle se trouve, de se déplacer en taxi sans leur permission... « Certaines de mes copines fument, sortent avec des garçons beaucoup plus âgés qu’elles, portent de hauts talons et sortent subrepticement de la maison pour aller veiller en boîte. Ce ne sont pas des choses que je ferais car cela ne m’intéresse nullement, confie-t-elle. Je crois que par rapport aux autres, je suis encore très sage... » Des loisirs pour tuer l’ennui Samedi après-midi, le Sodeco Square grouille de jeunes de tous âges. Ici et là, ils s’éparpillent entre le cinéma, les boutiques, le billard ou le network. Insensibles à l’agitation qui règne autour d’eux, une dizaine d’adolescents entre 14 et 17 ans jouent au billard. Ce qui n’est pour certains qu’un jeu insignifiant est une passion pour ces jeunes qui se retrouvent le vendredi après l’école et passent le plus clair de leurs week-ends à se mesurer au billard. Certes, ils sortent, s’amusent et pratiquent d’autres sports, mais leur passion prime et ils semblent heureux de s’y consacrer. Après avoir regardé un film de cinéma, trois enfants d’une douzaine d’années flânent à travers les boutiques du centre, s’arrêtant plus longuement dans celle des gadgets. « C’est l’endroit idéal pour les jeunes de notre âge, remarque Stéphanie, car nos parents peuvent nous y laisser en toute tranquillité avec nos amis et revenir nous prendre quelques heures plus tard. » À cet âge, on a beau apprécier le sport et les bandes dessinées, on affiche déjà sa fierté de sortir sans ses parents et de veiller jusqu’à 8 heures du soir dans l’un des nombreux centres de la capitale. D’ailleurs, l’un des deux compagnons de la fillette parle de l’ennui qu’il ressent lorsqu’il passe l’été à la montagne, à l’écart de ces lieux de loisirs qu’il affectionne tout particulièrement. Non loin de là, quatre jeunes filles de 13 et 14 ans se livrent au même scénario après avoir regardé un film de cinéma : lèche-vitrine, razzia sur les tout derniers gadgets, en attendant l’arrivée de leurs parents. Si elles se déclarent satisfaites de leur après-midi, l’une d’elles déplore le manque d’activités et de lieux de loisirs pour les jeunes de leur âge... Manquent-ils réellement de loisirs, les jeunes adolescents libanais ? « Certainement pas », répond Karim, âgé de 14 ans et demi, qui se souvient avoir passé ses vacances de Noël devant l’ordinateur, dans un pays du Golfe. « Ici, je joue avec mes amis au football ou au billard et je vais skier aussi souvent que j’en ai envie. Quant aux sorties, les endroits ne manquent pas », observe-t-il, remarquant qu’il aime bien aller se promener dans le centre-ville avec ses copains, après avoir regardé un film de cinéma. Il en est de même pour Tarek, la quinzaine lui aussi, qui aime bien pratiquer des sports en club, ou aller au cinéma avec ses amis, mais qui apprécie tout autant de recevoir ses amis chez lui ou même de rester seul à peindre et à écouter de la musique. « Mes parents m’encouragent à sortir, mais je n’en ai pas toujours envie », avoue-t-il simplement, comme pour faire la nique à tous ceux qui, pour faire les 400 coups, sont prêts à défier parents et lois. Anne-Marie EL-HAGE Vendredi prochain : Les ados et la drogue
Leur occupation principale ? Sortir avec les copains dans les fast-foods, les pubs, les centres d’achats, au centre-ville ou au cinéma. Peu de sport ou d’activités individuelles pour les adolescents d’aujourd’hui. Ce qu’ils aiment par-dessus tout, c’est se retrouver en clans dans des endroits publics, les vendredis après l’école et les samedis ; traîner ensemble, se...