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SOCIAL - Une société d’audit sera chargée de vérifier les chiffres dans les locaux de la Caisse des indemnités Fort de deux acquis, le syndicat des enseignants suspend la grève

Même si les sit-in dans les différents sièges du syndicat des enseignants dans les six mohafazats ont été maintenus dans la matinée d’hier, l’ambiance était à l’optimisme et la grève est suspendue à partir d’aujourd’hui, après un vote positif dans les assemblées générales. Le président du syndicat des enseignants, Georges Saadé, a déclaré, au siège de la branche du Mont-Liban à Jounieh, que les professeurs peuvent enfin voir le bout du tunnel pour deux raisons principalement : d’une part, la consultation du ministère de la Justice qui a prorogé le mandat de l’ancien conseil d’administration (qui avait expiré fin août), lui permettant d’expédier les affaires courantes, et d’autre part, la prise en charge de ce dossier par la commission parlementaire de l’Éducation. Cela ne veut pas dire que l’ouverture de la Caisse des indemnités, qui réglerait le problème de quelque trois mille enseignants qui ont pris leur retraite l’année dernière, est pour demain. M. Saadé a précisé qu’« une société d’audit sera chargée de vérifier les données et les chiffres qui se trouvent dans les bureaux de la Caisse et de donner un quitus aux morts comme aux vivants ». M. Saadé faisait allusion aux accusations lancées par le ministre Abdel-Rahim Mrad contre sa personne et contre la directrice et d’autres employés de la Caisse, tués durant le multiple meurtre de l’Unesco le 31 juillet dernier. « Une fois le rapport achevé (le bureau d’experts procédera également à une restructuration de la Caisse), le conseil d’administration pourra déterminer les dix établissements privés ayant le plus contribué à la Caisse des indemnités puis choisir quatre d’entre eux qui nommeront leurs représentants, pour ensuite former le nouveau conseil d’administration, a-t-il dit. Enfin, un nouveau directeur sera désigné. Il pourra s’agir de la personne que nous avions choisie au départ, ou d’une autre, cela dépendra du contexte politique. » Le siège du Mont-Liban, comme toutes les branches du syndicat, était plein à craquer. Des professeurs, représentant leurs établissements respectifs, étaient venus en grand nombre soutenir avec enthousiasme le syndicat dans sa lutte pour la résolution de ce problème vital. La photo de la directrice de la Caisse des indemnités, Rachel Saadé, sauvagement assassinée ainsi que sept de ses collègues le 31 juillet dernier par un ancien planton, est accrochée au mur. L’ombre du crime plane toujours sur les discussions qui portent sur la fermeture de la Caisse des indemnités. D’emblée, M. Saadé a annoncé, à la satisfaction générale, que « la décision est de nouveau entre les mains du conseil d’administration ». Cela signifie, selon lui, que « la tutelle du ministre de l’Éducation sur la Caisse a été réfutée par l’avis donné par le ministère de la Justice (elle n’est pas énoncée dans le texte de loi), et que l’autonomie financière et administrative de la Caisse a été confirmée ». Ce n’est pas l’avis de M. Mrad qui, interrogé par L’Orient-Le Jour, insiste sur le fait que son pouvoir d’approuver ou de refuser les noms proposés du directeur et du comptable « prouve automatiquement que je suis le ministre de tutelle de cette Caisse ». Quoi qu’il en soit, M. Saadé a assuré qu’« à plus long terme, des textes de loi devront être modifiés dans l’intérêt des enseignants ». De son côté, le directeur général du ministère de l’Éducation, Georges Nehmé, qui est en même temps le PDG du conseil d’administration de la Caisse des indemnités, a tenu une conférence de presse dans son bureau, confirmant grosso modo l’atmosphère positive qui règne depuis que le conseil d’administration s’est réuni mardi soir, à la suite de la publication de la consultation du ministère de la Justice. Des retraités sans ressources Une question à laquelle aucun des responsables ne pouvait répondre hier est celle du temps qui s’écoulera avant la réouverture effective de la Caisse. En effet, pour être en mesure de payer leurs indemnités aux retraités, il faut que les membres du conseil d’administration attendent la publication du rapport du bureau d’experts. Selon Samir Chikhani, président de la branche du Mont-Liban du syndicat des enseignants, « l’affaire pourrait prendre deux ou trois mois ». Ce délai est très dur à supporter pour les retraités qui n’ont pas d’autres ressources, souligne-t-il. Après 45 ans d’enseignement de français, Nawal Asmar vit des heures sombres depuis qu’elle a pris sa retraite sans pouvoir obtenir ses indemnités. « Nous avons passé tant d’années à donner sans jamais recevoir quoi que ce soit de personne, raconte-t-elle. Espérons que nous ne serons pas obligés d’attendre six nouveaux mois avant la réouverture de la Caisse. C’est l’enfer si nous devons passer une année encore sans travail. Je n’ai rien ni personne sur qui compter. » Quelque trois mille enseignants sont dans ce cas, attendant le paiement de leurs indemnités (ils peuvent aussi s’abonner à la Caisse de retraite qui dépend de la Caisse des indemnités). Il y a aussi, rappelle M. Chikhani, de nombreuses mesures administratives qui sont gelées, « mais le processus a au moins été mis en marche ». La société d’audit, qui sera choisie dans quelques jours selon M. Nehmé, devra donc entamer une procédure de vérification des données dans les locaux de la Caisse des indemnités. Mais si un tel organisme est chargé de cette tâche maintenant, sur quoi se fondent les accusations précédentes du ministre ? M. Mrad a réaffirmé que « les sommes se trouvant dans cette institution n’étaient pas supposées servir à des prêts ». D’autre part, a-t-il assuré, « des millions de livres ont été retrouvées, en espèces et en chèques, dans les tiroirs de l’institution ». Pour sa part, M. Saadé a déclaré qu’une réunion avec le ministre était hors de question. « La société d’audit donnera son rapport, confirmant ou infirmant les accusations du ministre, a-t-il déclaré. Mais si ces accusations s’avèrent infondées, le ministre nous devra des excuses. » Quant à M. Nehmé, il a refusé « toute accusation contre le conseil d’administration, qui n’a jamais été, en soi, dans la ligne de mire du ministre ». « Si certains se demandent pourquoi nous avons besoin d’obtenir les informations que nous procurera la société d’audit, c’est parce que nous devons savoir comment est géré l’argent de la Caisse et que ce sera une façon de donner un quitus à l’actuel conseil d’administration, une procédure normale qui aurait eu lieu même si le massacre n’avait pas été perpétré, a-t-il affirmé. S’il y a eu des abus dans la gestion de cette caisse, c’est le parquet qui se saisira du dossier. » Par ailleurs, M. Mrad s’est réuni hier avec la présidente de la commission parlementaire de l’Éducation, Bahia Hariri, et a discuté avec elle de la question de la Caisse des indemnités. S.B.
Même si les sit-in dans les différents sièges du syndicat des enseignants dans les six mohafazats ont été maintenus dans la matinée d’hier, l’ambiance était à l’optimisme et la grève est suspendue à partir d’aujourd’hui, après un vote positif dans les assemblées générales. Le président du syndicat des enseignants, Georges Saadé, a déclaré, au siège de la...