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social - Un demi-million d’élèves en congé forcé Trois jours de débrayage des enseignants pour une Caisse des indemnités indépendante

Près de quarante des cinquante mille enseignants des écoles privées entament aujourd’hui une grève de trois jours, dans le cadre d’une épreuve de force qui les oppose au ministre de l’Éducation nationale, Abdel Rahim Mrad. Enjeu : le contrôle de la Caisse des indemnités des enseignants, dont la présidente Rachel Rahmé Saadé et quatre autres cadres ont été assassinés le 31 juillet dernier, dans le cadre d’un massacre collectif perpétré par Ahmed Mansour, un planton qui travaillait à la caisse, et dont les circonstances n’ont pas été totalement élucidées. La grève forcera plus de la moitié des écoliers du Liban, soit environ un demi-milion d’entre eux, à rester chez eux. Elle posera d’énormes difficultés aux parents, notamment aux couples qui travaillent. La grève affectera les écoles de toutes les communautés, dans toutes les régions, et paralysera les écoles catholiques, les écoles orthodoxes et évangéliques, les Makassed islamiques, les écoles al-Irfan (druzes), Amilieh, les écoles de la Jamaa islamiya, celles de la fondation Hariri, etc. Les enseignants du privé sont d’accord sur une procédure devant conduire à la nomination, comme président de la Caisse des indemnités des enseignants, de Mme Alma Saïd, présidente de la section comptabilité de la mutuelle du syndicat. Malheureusement, ils ont besoin, pour l’installer, de l’approbation du ministre de l’Éducation nationale. Or, ce dernier insiste, tout à fait illégalement selon les enseignants, pour affirmer que son département est le ministère de tutelle de la Caisse des indemnités, dont le directeur général de l’Éducation est, d’office, le président du conseil d’administration. M. Mrad réclame donc que quatre noms de candidats lui soient proposés, parmi lesquels il pourra choisir un nouveau président à la Caisse des indemnités. Jaloux de leur indépendance administrative et financière, les professeurs refusent catégoriquement de laisser faire M. Mrad et l’accusent de vouloir mettre la main sur les fonds de la caisse, un pactole de quelque 220 milliards de livres (environ 150 millions de dollars). Le syndicat redoute que, par le biais d’une nomination approuvée par M. Mrad, le clientélisme et le pillage s’introduisent dans les prestations de la Caisse ds indemnités, à l’image de ce qui se passe dans d’autres organismes d’État. Dans le même temps, les enseignants indiquent qu’environ 1 500 enseignants ont fait valoir, depuis juillet dernier, leurs droits aux indemnités et que plus de sept cents autres attendent la réouverture de la caisse pour toucher à d’autres prestations encore. Stupéfaction Une surprise qui n’en est pas une, le président du syndicat des propriétaires d’écoles académiques, l’ancien député Hussein Yatim, a annoncé son hostilité au mouvement de grève. Ces écoles privées représentent, rappelle-t-on, une minorité dont le désaccord est dû, essentiellement, à des causes politiques. Dans une conférence de presse, hier, M. Yatim a déclaré qu’il refuse de laisser le syndicat des enseignants du secteur privé « mettre la main » sur la Caisse des indemnités, à laquelle cotisent les écoles privées et l’État. Il a ajouté que « ce n’est pas pour rien que Ahmed Mansour a perpétré le massacre » du 31 juillet dernier, et que des dispositions doivent être prises pour que les « abus » cessent à la Caisse des indemnités des enseignants, « sinon il arriverait pire encore ». Devant l’énormité de ces propos, qui ont provoqué la stupéfaction des journalistes, M. Yatim a déclaré qu’il préférait « garder pour moii les informations dont je dispose » à ce sujet. Le président du syndicat des enseignants, Georges Saadé, a demandé au procureur général de la Cour de cassation, Adnan Addoum, « de considérer ces propos comme dignes de l’ouverture d’une information judiciaire ». Mrad joue la carte confessionnelle Pour sa part, le ministre de l’Éducation nationale s’est rendu au Parlement, hier, où il a tenté de gagner à ses vues le président de la Chambre, Nabih Berry. Dans une honteuse tentative de scinder les rangs syndicaux, M. Mrad a même convoqué à une réunion les membres musulmans du conseil exécutif du syndicat des enseignants, qui comprend des représentants du Hezbollah, d’Amal, des écoles Hariri, de la Jamaa islamiya et des Makassed. Ces derniers ont eu la sagesse de lui montrer en quoi il avait tort, notamment quand il a accusé avec beaucoup de légèreté le président de leur syndicat, Georges Saadé, d’avoir « abusé » de la caisse. M. Mrad a fini par admettre son erreur, mais n’a pas été au bout de cet aveu, en présentant ses excuses à un homme dont il avait publiquement contesté l’honnêteté. M. Saadé, pour sa part, se réserve le droit d’actionner en justice M. Mrad pour diffamation. En tout état de cause, il est difficile de savoir sur quoi débouchera le mouvement de grève de trois jours. Des assemblées générales d’enseignants et des sit-in sont prévus aujourd’hui et demain, mais sur le plan des contacts entre le syndicat et le ministère de l’Éducation nationale, rien n’était prévu hier. Les enseignants se sont engagés à compenser aux élèves les jours de grève qu’ils observeront. Mais les responsables se contenteront-ils d’assister en spectateurs à ce drame ?
Près de quarante des cinquante mille enseignants des écoles privées entament aujourd’hui une grève de trois jours, dans le cadre d’une épreuve de force qui les oppose au ministre de l’Éducation nationale, Abdel Rahim Mrad. Enjeu : le contrôle de la Caisse des indemnités des enseignants, dont la présidente Rachel Rahmé Saadé et quatre autres cadres ont été assassinés...