Rechercher
Rechercher

Actualités

Les députés haririens tirent à boulets rouges sur le ministre des Télécoms

La petite phrase lancée durant le week-end dernier par le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, qui avait souligné que le chef du gouvernement devrait laisser son ministère gérer ses propres affaires, notamment en ce qui concerne la téléphonie mobile, a provoqué une vive réaction de la part de trois députés membres du bloc parlementaire de M. Rafic Hariri, qui ont tiré à boulets rouges sur le ministre des Télécoms. M. Cardahi avait tenu ces propos en réaction à la déclaration attribuée par notre confrère an-Nahar à M. Hariri qui aurait souligné qu’il s’était trompé lorsqu’il avait insisté pour la résiliation du contrat BOT en base duquel les sociétés FTML et LibanCell exploitaient et géraient le réseau GSM. Commentant la déclaration du ministre des Télécoms, le député Ahmed Fatfat a d’abord qualifié M. Cardahi de « Don Quichotte du cellulaire ». « Lorsque le ministre demande au chef du gouvernement de ne pas intervenir dans les affaires de son ministère, il viole la Constitution, et plus précisément l’article 64, a déclaré M. Fatfat. Il s’agit là d’une atteinte flagrante au principe du consensus national. » « Le ministre (Cardahi) devrait soit se conformer aux dipositions de la Constitution, aux lois en vigueur et aux usages politiques qui régissent les rapports entre les ministres et le chef du gouvernement, ou il devrait, dans le cas contraire, rendre son tablier », a conclu M. Fatfat. M. Walid Eido, député haririen de Beyrouth, a souligné pour sa part que « le ministre Cardahi nous a habitués à faire des déclarations qui vont à l’encontre de la Constitution et des lois en vigueur ». « Sa dernière déclaration est contraire à la Constitution », a déclaré M. Eido qui a souligné que M. Cardahi « s’obstine à refuser de signer le cahier des charges approuvé par le Conseil supérieur pour la privatisation en sa présence ». « Cette attitude, a affirmé M. Eido, constitue une infraction à la loi 228 du 31/5/2000 sur la privatisation et à la loi 393 du 1/6/2002 sur l’appel d’offres pour l’octroi des deux licences pour l’exploitation du cellulaire. Le ministre ne cesse de poser des obstacles pour entraver la politique de l’État concernant le processus de privatisation du téléphone ». Après avoir souligné que M. Cardahi s’était comporté dans l’affaire de la NTV sans prendre en considération les instructions du Premier ministre, M. Eido a accusé M. Cardahi d’avoir transformé le ministère des Télécommunications en « société privée dont la propriété revient à la famille Cardahi ». M. Eido a enfin invité M. Cardahi à « respecter la Constitution et les lois en vigueur ou à démissionner ». En réponse à la question d’un journaliste qui lui faisait remarquer que sa déclaration était semblable à celle de M. Fatfat, le député de Beyrouth a déclaré : « C’est le point de vue de l’homme de la rue. Chaque citoyen s’interroge aujourd’hui sur le rôle du Premier ministre. » De son côté, M. Atef Majdalani, député de Beyrouth, a déploré les propos de M. Cardahi, soulignant qu’ils étaient « contraires aux usages politiques qui caractérisent notre société ». « Le ministre Cardahi ignore-t-il que toutes les fractions du peuple libanais, quelles que soient leurs tendances, rejettent une telle attitude car elle constitue un précédent dans les rapports entre un ministre et le chef du gouvernement », a conclu M. Majdalani. La réponse de Cardahi et de... Fattouche Réagissant à ces déclarations, M. Cardahi a déploré que le chef du gouvernement s’emploie à orchestrer les attaques lancées contre lui. Assailli par les journalistes à sa sortie du siège du Parlement où il venait de conférer avec le chef du Législatif, Nabih Berry, M. Cardahi a répondu à M. Eido qui l’avait accusé d’avoir transformé le ministère en une société privée appartenant à la famille Cardahi. « J’assume mes responsabilités en tant que ministre et je rends des comptes au gouvernement et au Parlement, a déclaré M. Cardahi. Je ne suis l’employé de personne et, en tout cas, pas de ceux qu’on télécommande le matin pour faire des déclarations à la presse. » M. Cardahi a, par ailleurs, souligné que les chiffres qu’il a rendus publics concernant les revenus de l’État provenant du cellulaire sont les chiffres officiels publiés par le ministère des Télécommunications. En réponse aux questions des journalistes, il a, d’autre part, réfuté le point de vue des députés haririens l’accusant d’avoir violé la Constitution. Le député Nicolas Fattouche qui se trouvait dans le hall du Parlement est alors intervenu en déclarant, à l’adresse de M. Cardahi : « Si vous avez dit que le chef du gouvernement n’a pas le droit de s’ingérer dans la gestion du ministère, cela est alors conforme à vos prérogatives définies par l’article 66 de la Constitution. » M. Cardahi a aussitôt enchaîné : « Cela est vrai. Si le chef du gouvernement désire appliquer la Constitution, il devrait alors se conformer à cette clause. » À un journaliste qui soulignait que les députés haririens avaient évoqué l’article 64 de la Constitution pour affirmer que c’est le chef du gouvernement qui est responsable, M. Cardahi a déclaré : « Ces propos sont erronés. » Signalons, enfin, que le député du Kesrouan, Neemetallah Abi Nasr, a apporté son appui, dans une déclaration à la presse, au ministre des Télécommunications, déplorant le fait que certains responsables au sein même du pouvoir s’emploient à dévaloriser le marché de la téléphonie mobile alors que le ministre Cardahi s’apprête à privatiser le secteur.
La petite phrase lancée durant le week-end dernier par le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, qui avait souligné que le chef du gouvernement devrait laisser son ministère gérer ses propres affaires, notamment en ce qui concerne la téléphonie mobile, a provoqué une vive réaction de la part de trois députés membres du bloc parlementaire de M. Rafic Hariri,...