Communautés - Les Arméniens ont fêté Noël hier La comunauté arménienne exprime son ras-le-bol(PHOTOS)

La communauté arménienne a fêté hier la Nativité au cours d’une messe solennelle célébrée par Mgr Aram 1er, catholicos de la Maison de Cilicie, à la cathédrale d’Antélias. Dans son homélie axée sur le thème de « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté », Mgr Aram 1er a appelé l’humanité à s’unir et à se tenir au service de Dieu. « Le Christ est appelé Emmanuel dans l’Évangile, ce qui signifie que Dieu est avec nous. Avec la naissance du Christ, Dieu est devenu avec nous et a appelé les hommes à s’unir entre eux et avec Lui », a dit Mgr Aram 1er. « Le fossé s’élargit de plus en plus entre l’État et le peuple, qui commence à perdre confiance en lui », a encore dit l’éminent prélat dans son sermon de Noël dont nous reproduisons ci-après le texte intégral (les intertitres sont de la rédaction). « Quand l’homme, qui était initialement appelé à devenir l’associé de Dieu, a commencé à s’éloigner de son Créateur pour se plonger dans le péché et devenir l’associé du diable, le Seigneur est descendu du Ciel pour sauver l’homme ou, pour user d’une autre expression, le ramener à Dieu. Chaque fois que l’homme s’éloigne de Dieu, il perd le sens et le but de sa vie. Dieu est l’essence de la présence de l’homme, et le but de sa vie. « La naissance de Dieu à Bethléem est une invitation divine adressée à l’homme pour vivre en paix avec son semblable dans un climat de charité. L’humanité doit donc écouter le message divin, aujourd’hui plus que jamais, pour que ses dirigeants deviennent des messagers de paix, de charité et de justice, convaincus que la paix ne peut exister sans la justice qui est un don du ciel et dont la paix n’est que le fruit. « Cette invitation divine s’adresse à toutes les religions pour qu’elles s’éloignent de tout ce qui pourrait aboutir à la violence et à la guerre, et pour qu’elles s’attachent à promouvoir la charité, l’union et la paix. Il est inacceptable que la religion soit exploitée à des fins politiques ou autres. La religion doit être source de charité, d’union, de paix et de convivialité. Au Moyen-Orient, les racines de la convivialité entre chrétiens et musulmans remontent à plusieurs siècles. Cette convivialité est aujourd’hui plus forte que jamais, et chrétiens et musulmans sont appelés à être un exemple de convivialité pour le monde entier. Vivre en commun « La convivialité est à la base même de l’existence du Liban et lui donne ce cachet unique qui le distingue des autres pays. Au Liban, nous ne devons parler ni de dialogue ni de convivialité, mais uniquement de vie en commun. Car les coutumes et les valeurs de toutes les confessions libanaises sont étroitement liées tout en préservant les particularités de chacune. L’union dans le pluralisme et le pluralisme dans l’union. Tel est le Liban, et il est essentiel de préserver et de renforcer cette harmonie entre les religions et les communautés libanaises. « Nous faisons actuellement face à une série de malentendus dont nous devons parler en toute franchise, clarté et transparence. Le fossé s’élargit de plus en plus entre l’État et le peuple qui commence à perdre confiance dans l’État. L’État, de son côté, néglige les problèmes importants pour s’occuper de futilités, et la situation économique et sociale se dégrade au fil des jours. Bien plus grave, l’extension de la violence à toutes les régions libanaises menace la stabilité du pays. Il est donc du devoir de l’État de maintenir l’ordre à travers une présence constante sur l’ensemble du territoire libanais. « Aujourd’hui, nous voulons soulever plusieurs sujets intéressant notre communauté. Tout d’abord, nous tenons à assurer que nous n’avons jamais fait preuve de confessionnalisme tout au long des années de guerre au Liban. D’autres communautés ont pu dénoncer publiquement le confessionnalisme et l’encourager en sous-main. Nous sommes restés attachés à l’unité du Liban, à ses droits, à ses valeurs et à son intérêt supérieur. Nous avons toujours été et nous serons toujours favorables au projet de l’État. Cette prise de position émane d’une profonde conviction et nous n’avons jamais cherché à nous assurer des acquis ou un satisfecit quelconque en l’adoptant. Malheureusement, nous avons constaté à notre grand regret que les droits de notre communauté ont été négligés ces derniers temps. Devons-nous passer cela sous silence alors que toutes les excuses avancées pour justifier cette négligence sont totalement inacceptables? Le pouvoir ne peut continuer à ignorer les droits d’une communauté qui ne doit en aucun cas demeurer victime de tiraillements entre les pôles du pouvoir. Appel aux responsables de la communauté « L’État libanais repose sur le respect des droits des communautés et leur participation à la chose publique, et nous insistons sur la relation qui existe entre le respect des droits et la participation. Par conséquent, il faut établir une différence entre l’appartenance d’office à une communauté donnée par le biais d’une carte d’identité et une appartenance effective qui confère une réelle représentativité. L’omission d’une telle réalité se répercute négativement sur la représentation communautaire et constitue, par conséquent, un danger pour le pays. « Nous invitons donc les responsables à prendre en considération les droits de notre communauté et à lui accorder l’importance qu’elle mérite pour assurer sa participation effective. Nous appelons également les partis arméniens, leurs députés et leurs ministres à dépasser les intérêts personnels ou partisans, à œuvrer en vue de préserver les droits de notre communauté et sa participation effective à la vie politique. Tout cela s’inscrit dans le cadre de notre attachement à l’avenir du pays, à son développement et à sa stabilité, ainsi qu’à nos valeurs libanaises et à notre souci de collaborer avec toutes les parties libanaises pour l’unité, l’indépendance et la souveraineté du Liban sous la présidence du général Émile Lahoud à qui nous souhaitons plein succès dans sa mission nationale. » À l’issue de l’office divin, Mgr Aram 1er a reçu plusieurs personnalités politiques, religieuses et militaires, ainsi que des délégations populaires venues lui présenter leurs vœux de Noël.