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La Rencontre démocratique entend participer activement aux réunions de la commission des Finances Abdallah Farhat : Nous sommes un bloc homogène, d’accord sur l’importance des revendications sociales

Avocat de carrière et professeur de droit des affaires à l’USJ, Abdallah Farhat est l’un des députés du Rassemblement démocratique le mieux placé pour évoquer les réserves de ce bloc parlementaire coiffé par Walid Joumblatt, sur le projet de budget. Évitant les méandres de la politique, cette formation est désormais la seule à brandir les revendications sociales de la population, toutes régions et confessions confondues. C’est aussi la seule, selon Abdallah Farhat, à établir un dialogue avec le gouvernement dans l’espoir d’obtenir des modifications. Aura-t-elle gain de cause ? M. Farhat le souhaite, mais avant tout, il veut privilégier, pour commencer, les négociations, l’échange et les tentatives de trouver des issues, dans le cadre de la commission des Finances. Jeune député, bien qu’issu d’une famille politisée, Abdallah Farhat est resté simple et discret. Son bureau à l’Assemblée n’est qu’un lieu de fonction, sans le moindre apparat, où les dossiers prennent toute la place. C’est qu’à la veille de l’ouverture des débats sur le budget (la commission des Finances tient sa première réunion mardi), M. Farhat a beaucoup de travail, l’examen des différents points étant très technique. Il prend au sérieux son engagement au sein du Rassemblement démocratique (qui regroupe seize membres) et participe activement aux réunions destinées à définir la politique du bloc par rapport au projet de budget. Avec ses collègues, il a tenu une réunion avec le président du Conseil, dimanche dernier, et le groupe a eu une séance de travail jeudi soir en attendant une nouvelle rencontre prévue pour lundi, afin d’étudier encore plus les dossiers. Le bloc semble décidé à mener les négociations jusqu’au bout, d’abord dans le cadre de réunions officieuses, puis au sein de la commission des Finances, avant de définir une position définitive. Priorité à la négociation Avec le président du Conseil, tous les points figurant dans l’annexe numéro 9 (qui annonce les nouveaux impôts et taxes) ont été abordés. De l’avis de M. Farhat, les deux parties n’ont pas réussi à parvenir à un accord, mais le dialogue se poursuit. Jeudi, M. Joumblatt a convoqué les représentants des enseignants pour entendre leurs revendications et lundi, ils entendront celles des bénéficiaires des coopératives, pour ensuite se faire l’écho de leurs réclamations. En tout cas, le bloc de M. Joumblatt, qui n’est peut-être pas homogène politiquement, est d’accord sur la nécessité de brandir les revendications sociales, les citoyens étant généralement les oubliés des débats et des décisions. Comme il a déjà appuyé la précédente manifestation, il soutiendra probablement celle prévue pour le 15 janvier. De même, les membres du bloc ont décidé d’assister aux réunions de la commission parlementaire des Finances, à laquelle deux d’entre eux seulement appartiennent (MM. Akram Chehayeb et Salah Honein), et de participer aux discussions, même sans avoir le droit de vote. Selon Abdallah Farhat, l’idée directrice se résume ainsi : toute augmentation fiscale doit être proportionnelle au pouvoir financier du contribuable. Si elle dépasse la barre de ses possibilités, elle le place dans un état de pauvreté. « Nous n’avons pas intérêt à l’appauvrissement de la classe moyenne qui, seule, peut faire bouger l’économie, les riches dépensant ailleurs et les pauvres ne dépensant pas ou peu. Cette classe est donc la garantie de la stabilité économique », précise M. Farhat. À partir de là, il faut équilibrer toute imposition avec les prestations sociales. Ce qui ne serait pas le cas dans le projet actuel. Quatre réserves principales M. Farhat explique que le bloc a dégagé quatre points essentiels qu’il faudrait négocier avec le gouvernement, de préférence avant les séances de vote du budget. Il s’agit d’abord de la taxe sur le salaire des enseignants en service et à la retraite. Le projet prévoit une taxe de 5 % sur les trois formes de rémunération des enseignants : le salaire normal pour celui qui est en fonctions, le salaire de l’enseignant à la retraite et les indemnités de fin de service. Les seize députés de la Rencontre démocratique contestent la taxe de 5 % pour les retraités et les indemnités. Ils espèrent obtenir une réduction du chiffre, à défaut de son abolition. Le second point est l’horaire des enseignants. Selon le gouvernement, plus les enseignants des écoles publiques avancent en âge, plus leurs heures d’enseignement baissent, ce qui leur permet d’enseigner dans le privé, alors que les écoles publiques se voient contraintes d’engager des contractuels. C’est pourquoi, le gouvernement propose d’augmenter leurs heures d’enseignement. Ce que les seize députés jugent inacceptable, vu qu’en vieillissant, ces personnes ne peuvent plus enseigner autant qu’avant. Les députés ont donc proposé de remplacer les heures d’enseignement en plus par des heures de disponibilité à l’école. Troisième point soulevé, celui des taxes sur les automobiles. Le gouvernement propose, en plus de la taxe traditionnelle, dite « road tax » (taxe de la route), une nouvelle taxe que les automobilistes paieraient après un examen de leurs voitures. Mais la redevance proposée est fixe, indépendamment de l’âge de la voiture et de son état général. Et cela risque de chiffrer pour les citoyens. Le bloc a renoncé à protester contre le problème des numéros de passeport, la Sûreté générale ayant décidé de donner de beaux numéros à ceux qui le souhaitent moyennant des sommes d’argent, un peu comme dans le cas des plaques des voiture. Par contre, la taxe sur les timbres pose un grand problème, car c’est ainsi qu’elle se paye sur tous les contrats. Dans ceux où la somme n’est pas clairement définie, l’imposition est forfaitaire. Or, les timbres vont passer de 1 000 LL à 10 000 et 15 000. Ce qui annonce une augmentation ahurissante. Le bloc compte aussi mener la bataille des coopératives, qui souffrent d’un manque grave de liquidités. Le gouvernement a proposé de les transformer en sociétés anonymes, avec les bénéficiaires pour associés, ce qui leur permettrait d’amener un conseil d’administration « fiable ». Cette idée est controversée, car la SAL est une entreprise commerciale, ce qui n’est pas le cas des coopératives, dispensées de taxes, pour cette raison. Or, si les prix des produits des coopératives vont devenir aussi élevés que ceux des produits des supermarchés, autant les éliminer. La seconde idée pourrait être de leur donner un prêt garanti par l’État. Cela augmenterait certes la dette publique, mais il s’agirait d’un prêt justifiable. Lundi, le bloc entendra en tout cas l’opinion des bénéficiaires des coopératives. Mais, de toute façon, selon Abdallah Farhat, la position finale du bloc par rapport au vote du budget dépendra de l’étendue de la prise en considération par le gouvernement de leurs réserves. Le bloc n’a pas fixé un minimum acceptable et les discussions y sont très animées. Walid Joumblatt laissant tout le monde s’exprimer et préférant généralement le rôle d’auditeur attentif. Mais en définitive, c’est lui qui définit les lignes directrices et qui a d’ailleurs été le premier à reprendre à son compte les revendications sociales, conscient du désarroi dans lequel se trouve la population. En somme, dans toute sa diversité, le bloc reste homogène sur le fond. Scarlett HADDAD
Avocat de carrière et professeur de droit des affaires à l’USJ, Abdallah Farhat est l’un des députés du Rassemblement démocratique le mieux placé pour évoquer les réserves de ce bloc parlementaire coiffé par Walid Joumblatt, sur le projet de budget. Évitant les méandres de la politique, cette formation est désormais la seule à brandir les revendications sociales de la...