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Les milieux politiques s’élèvent contre les atteintes à la liberté d’information

La décision de la présidence du Conseil de suspendre les émissions par satellite de la New TV, afin d’empêcher la diffusion d’un programme politique sur la situation interne en Arabie saoudite, a suscité un tollé dans les différents milieux politiques et parlementaires, qui ont stigmatisé l’attitude du gouvernement sur ce plan. Les diverses personnalités qui ont commenté cette affaire ont dénoncé le procédé suivi dans la prise de cette décision, condamnant à ce sujet les atteintes répétées à la liberté d’information ainsi que l’exploitation de la justice pour la satisfaction d’intérêts le plus souvent personnels. L’ancien président de la Chambre et député de Baalbeck-Hermel, Hussein Husseini, a souligné que les mesures prises à l’encontre de la New TV constituent « une violation éhontée de la Constitution et des lois en vigueur ainsi qu’une atteinte au principe de la primauté de l’État et de ses institutions ». M. Husseini a vivement dénoncé sur ce plan le court-circuitage « des institutions politiques et judiciaires ». « Ce qui est inadmissible, a ajouté l’ancien chef du Législatif, c’est ce grave précédent que constitue l’adoption de décisions unilatérales et de mesures répressives basées sur un procès d’intention. Le comportement du chef du gouvernement à cet égard reflète une fâcheuse tendance à porter atteinte aux libertés publiques par tous les moyens disponibles. » Le Forum de l’action nationale, présidé par l’ancien Premier ministre Sélim Hoss, a condamné l’attitude « hostile du pouvoir à l’égard des libertés publiques, et de la liberté d’information en particulier ». « Le pouvoir, poursuit le groupement de M. Hoss, se cache derrière la loi et la justice pour faire taire les opposants dans le but de satisfaire des intérêts privés. Il applique la loi d’une manière tronquée, comme il l’a fait dans le cas de la MTV et de Radio Mont-Liban. Il viole, d’autre part, la loi, comme ce fut le cas avec la New TV. Interdire la diffusion d’une émission avant même d’en connaître la teneur revient à imposer une censure préalable sur les programmes politiques retransmis par satellite. Or, la loi sur les émissions par satellite interdit une telle censure préalable. Le Conseil d’État a d’ailleurs rendu un verdict dont il ressort que la censure préalable sur les programmes politiques et les bulletins d’information est illégale. » M. Nassib Lahoud, député du Metn-Nord et président du Mouvement du renouveau démocratique, a stigmatisé les manœuvres d’intimidation visant la New TV. « Il s’agit là d’une conséquence directe de l’atmosphère de répression qui règne depuis plusieurs mois et dont le but est de torpiller la démocratie, mettre au pas les médias, porter atteinte aux libertés et priver les Libanais de leurs droits fondamentaux, a notamment déclaré M. Lahoud. Cette atmosphère de répression se traduit par la poursuite de la fermeture de la MTV et la mise au chômage forcé de ses employés. » Après avoir invité « les forces démocratiques à unifier leurs rangs pour faire face à une telle attitude » de la part du pouvoir, M. Lahoud a affirmé que la nouvelle mesure prise à l’encontre de la New TV s’inscrit dans le prolongement des mêmes procédés antidémocratiques adoptés lors de l’affaire de la MTV. « Le Mouvement du renouveau démocratique, poursuit M. Lahoud, réitère à ce propos la même mise en garde qu’il avait lancée lorsque la MTV avait été fermée. La politique de répression suivie sur ce plan tente de faire croire que les médias au Liban sont noyautés par des comploteurs ayant les pays arabes dans leur collimateur. Dans le but de justifier son incapacité à régler les problèmes auxquels le pays est confronté, le pouvoir cherche à donner l’impression qu’il s’oppose à de prétendus complots fomentés par des Libanais et des médias opérant au Liban. Récemment, ils ont prétendu s’opposer à des complots contre la Syrie. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Arabie saoudite. Demain, ce sera peut-être au tour d’un autre pays frère ou ami. » En conclusion, M. Lahoud a souligné que « les Libanais ont la conviction que les relations avec l’Arabie saoudite, qui a constamment soutenu le Liban et les Libanais, sont suffisamment solides et ne sauraient être ébranlées par une émission télévisée ». L’exploitation de la justice Le Forum démocratique présidé par l’ancien député Habib Sadek a relevé que « pas un jour ne se passe sans que le pouvoir n’apporte la preuve de son hostilité envers les libertés publiques, dont notamment la liberté d’information ». Rappelant l’épisode de la fermeture de la MTV, le Forum démocratique a appelé « les forces démocratiques et les organisations de la société civile à unifier leurs rangs afin de défendre les libertés démocratiques et la liberté d’information ». M. Neematallah Abi Nasr, député du Kesrouane, a déclaré que « la décision du Premier ministre de suspendre les émissions par satellite de la New TV et l’exploitation du parquet pour arrêter un programme politique sans en connaître la teneur constituent une atteinte flagrante à la liberté et à la loi ». « Un tel comportement s’inscrit dans le cadre des tentatives du pouvoir de limiter la liberté d’information et de porter préjudice à la démocratie dans le pays, a souligné M. Abi Nasr. En se livrant à des procès d’intention sous prétexte de prendre des mesures préventives, le pouvoir ne fait que menacer la nature même du régime démocratique qui est fondé sur les libertés publiques, dont notamment la liberté d’expression. » Et M. Abi Nasr d’ajouter : « Nous sommes soucieux de préserver les relations fraternelles du Liban avec les pays arabes. Mais dans le même temps, nous estimons que le comportement du chef du gouvernement met en évidence le danger de l’aliénation du Liban à l’étranger, sous le poids des dettes accumulées par les gouvernements successifs de M. Hariri. La question qui se pose est de savoir si l’objectif recherché est d’aliéner le Liban financièrement à l’étranger dans le but de modifier son régime démocratique qui le distinguait des autres pays de la région. » Et M. Abi Nasr de conclure : « Ce qui s’est produit avec la NTV et, hier, avec la MTV apporte la preuve que ce gouvernement place son action sous le signe de la répression et de la paupérisation. » La Ligue maronite et l’UCIP De son côté, la Ligue maronite a mis l’accent sur la nécessité de « préserver la liberté d’information qui constitue l’un des fondements de la spécificité du Liban et de son rôle culturel et politique avant-gardiste dans cette région ». La Ligue maronite a invité sur ce plan le pouvoir à respecter les lois en vigueur dans toutes les décisions prises dans ce domaine, de même qu’elle a demandé aux médias de s’abstenir de toute initiative susceptible de porter préjudice aux relations du Liban avec les pays amis. L’Union catholique internationale de la Presse au Liban (UCIP-Liban) a relevé pour sa part que « l’opinion publique a été, une fois de plus, choquée par la décision d’interrompre les émissions d’une chaîne audiovisuelle émettant par satellite ». « Après la MTV et Radio Mont-Liban, c’est aujourd’hui le tour de la New TV, précise l’UCIP. Le dénominateur commun à ces différentes affaires réside dans le fait que des mesures sans précédent dans l’histoire de l’information libanaise ont été prises afin de ne pas porter préjudice à un pays ami ou frère. Dans chacun de ces cas, la décision politique prise a précédé la décision judiciaire. Le pays semble ainsi être entraîné sur une voie sombre marquée par des atteintes aux libertés responsables. » Et l’UCIP d’ajouter : « Le principe visant à accorder la priorité à la sécurité nationale, comme le souhaitent certains responsables libanais, ne devrait pas être adopté au détriment de ce qui constitue le fondement du Liban, à savoir la coexistence pacifique à l’ombre des libertés publiques et individuelles, seules susceptibles de garantir la dignité à toutes les fractions. En optant pour le principe de la sécurité nationale, comme priorité, nous craignons que le Liban perde sa spécificité et ne se transforme en pays monochrome, comme c’est le cas pour certains pays arabes. » En conclusion, l’UCIP a dénoncé le procédé suivi pour la suspension des émissions par satellite de la New TV. « La Justice et les institutions concernées ont été court-circuitées du fait que les responsables se sont livrés à un procès d’intention », a souligné l’UCIP. M. Georges Kassargi, député de Zahlé, a souligné pour sa part que « le gouvernement viole la Constitution et les lois en vigueur en fermant l’un après l’autre les moyens d’information ». « Il cherche à limiter les libertés publiques sous différents prétextes, en utilisant la justice comme instrument et couverture pour camoufler ses sombres desseins, a déclaré M. Kassargi. Le gouvernement s’est ainsi employé à suspendre les émissions par satellite de la New TV en ayant recours aux services de plus d’un membre du cabinet, dont notamment le ministre des Télécommunications qui ne sait plus comment s’attirer la sympathie du Premier ministre, dans l’espoir de faire partie du prochain gouvernement, après avoir été l’instrument du pouvoir dans l’affaire du téléphone cellulaire. »
La décision de la présidence du Conseil de suspendre les émissions par satellite de la New TV, afin d’empêcher la diffusion d’un programme politique sur la situation interne en Arabie saoudite, a suscité un tollé dans les différents milieux politiques et parlementaires, qui ont stigmatisé l’attitude du gouvernement sur ce plan. Les diverses personnalités qui ont...