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Actualités - ANALYSE

L'article 53 C laisse une ombre au tableau

C’est en présence de l’ancien ministre séoudien du Pétrole cheikh Ahmed Zaki Yamani que la Commission économique et sociale de l’Asie de l’Ouest (Escwa) a entamé hier une conférence de deux jours ayant pour thème «le rôle du pétrole dans les économies arabes dans un monde en mutation». Organisée en coopération avec l’Association arabe de la recherche économique, la conférence traite plusieurs thèmes, notamment la flambée des prix du brut, le pétrole arabe et l’OMC, ainsi que la libéralisation des marchés et l’augmentation de la demande sur le pétrole et ses dérivés dans les pays de l’Escwa. Dans son intervention, cheikh Yamani, actuellement directeur de l’Agence internationale des études sur l’énergie basée à Londres, a retracé l’histoire du premier choc pétrolier. Présentant la conférence, le Dr Hazem Béblaoui, secrétaire exécutif de l’Escwa et secrétaire général adjoint des Nations unies, a souligné les paradoxes des ressources de «cette région riche en soleil et en pétrole mais pauvre en eau». Évoquant les défis à relever, il s’est demandé «si le peuple arabe pourrait résoudre le problème de l’avenir, à savoir la rareté des ressources hydrauliques». Le directeur de l’Association arabe de la recherche économique M. Mehdi Hafez a pour sa part noté que «les pays arabes producteurs de pétrole devraient revoir leurs politiques intérieure et extérieure en matière de production et d’exportation de l’or noir». Dans ce cadre, les pays du Golfe devraient investir autrement leurs revenus pétroliers «en mettant notamment un terme au courtage et à la corruption». C’est avec un humour tout à fait britannique que l’ancien ministre séoudien du Pétrole a entamé son intervention qui devait retracer l’histoire du premier choc pétrolier et de ses répercussions sur les économies arabes. «Les pays de l’Opep ont pris la décision d’élever les prix du brut et depuis on nage dans l’abondance», a-t-il dit. Affirmant que depuis les années soixante-dix il était opposé à l’augmentation du prix du baril, il a avancé une réalité économique de base : «Une hausse du prix provoque inévitablement une baisse de la demande». «Un jour, comme par le passé, les pays de l’Opep seront incapables d’écouler leur marchandise et de réduire leur production», a-t-il ajouté, en soulignant qu’à «ce moment-là, ils devraient gérer une catastrophe». Une hausse qui profite avant tout aux États-Unis Se souvenant des conséquences du premier choc pétrolier, l’homme qui était en ce temps-là le bras droit du roi Fayçal d’Arabie a indiqué que cette décision prise par les pays producteurs du pétrole était dictée effectivement par les États-Unis. Yamani rapporte alors les propos du ministre iranien du Pétrole de l’époque : «Arrêtez de combattre l’Amérique et acceptez d’augmenter le prix du baril de 400 %, c’est la volonté de Kissinger (secrétaire d’État)». «En effet, la hausse des prix permettait aux entreprises pétrolières de couvrir leurs dettes, à la Grande-Bretagne d’effectuer des forages dans la mer du Nord, et aux Américains de renforcer le dollar», a indiqué l’ancien ministre séoudien du Pétrole. Beaucoup de pays ont profité également du recyclage des pétrodollars, notamment avec les divers contrats de vente d’armes et d’autres investissements de la même catégorie effectués par les pays arabes producteurs de pétrole. Présentant des chiffres et des graphes, cheikh Yamani a indiqué que, «grâce aux erreurs» commises depuis plus de 25 ans, «nous avons habitué les pays industriels à se passer de nous». Et de rappeler que c’est à l’issue du premier choc pétrolier que les pays industriels et les compagnies productrices de pétrole ont commencé à financer des recherches relatives à l’utilisation d’autres ressources d’énergie et à chercher ailleurs un substitut à la manne du désert. Citant les revenus de l’exportation du pétrole de divers pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), notamment le Koweït (296 milliards de dollars), le Qatar (84 milliards), l’Arabie séoudite (1 276 milliards), et les Émirats arabes unis (321 milliards), l’ancien ministre a indiqué que «le budget de ces pays accuse cependant un déficit». Celui qui a été l’otage de Carlos durant plus de 48 heures en décembre 1975, a souligné que tôt ou tard, le pétrole des pays arabes sera délaissé au profit d’un or noir puisé dans les nouveaux gisements de la mer Caspienne et du Brésil. Le liquide dont le prix ne cesse d’augmenter depuis plus d’un mois pourrait également être remplacé dans un avenir pas trop lointain par d’autres sources d’énergie. Cheikh Yamani, qui pense que «le pétrole aura un jour la même valeur que le sable du désert», a achevé son intervention par une humble prière : «Que Dieu nous vienne en aide».
C’est en présence de l’ancien ministre séoudien du Pétrole cheikh Ahmed Zaki Yamani que la Commission économique et sociale de l’Asie de l’Ouest (Escwa) a entamé hier une conférence de deux jours ayant pour thème «le rôle du pétrole dans les économies arabes dans un monde en mutation». Organisée en coopération avec l’Association arabe de la recherche...