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Actualités - REPORTAGES

Hommage - Le Hezbollah célèbre le rôle des médias dans la victoire contre Israël Nasrallah : la présence syrienne est la garantie d'un dialogue sincère entre les libanais

Rendre hommage à la presse locale, «membre actif de la résistance», tel était l’objectif principal du déjeuner offert hier par le Hezbollah et qui a regroupé près de 700 journalistes appartenant à tous les médias. Mais la situation politique explosive et la présence sans doute non fortuite du ministre syrien de l’Information Adnane Omrane – à la tête d’une importante délégation – ont donné à l’événement une connotation différente : la célébration d’une victoire – que le Hezbollah par la voix de son chef Hassan Nasrallah a voulue celle de tout le Liban – s’est transformée en appel vibrant «à un dialogue franc et profond» pour sauver cette victoire des errances internes et du «poison confessionnel» en train de la ternir. Un dialogue qui, selon Nasrallah, ne peut être protégé que par la présence syrienne au Liban. Comme pour les grands jours, les entrées de l’hôtel Commodore sont envahies par un service de sécurité impressionnant, mais à l’intérieur, les hommes et les femmes sont pilotés vers des passages différents, et certains commencent à craindre qu’ils ne soient aussi installés dans des salles différentes. Mais le Hezbollah a dépassé ce genre de considération et une fois dans l’immense salle de banquet de l’hôtel, chacun s’installe selon ses affinités. Au milieu, la table d’honneur de 50 personnes, sévèrement gardée, au bout de laquelle trône sayyed Nasrallah, entouré des ministres libanais et syrien de l’Information MM. Anouar Khalil et Adnane Omrane et du secrétaire général du haut comité libano-syrien M. Nasri Khoury. Les tables bien garnies ne semblent pas ouvrir l’appétit du sayyed, qui mange peu, écoute et observe beaucoup. Il a sciemment voulu que tous les médias soient conviés à «la fête» et il se prête avec complaisance au rituel des photographes et autres cameramen. Omrane : La Syrie a éteint le feu confessionnel au Liban Avec le dessert, vient l’heure des discours. Le ministre libanais s’en tient à la langue de bois habituelle, rappelant que la résistance a remporté une double victoire, la première en forçant les Israéliens à se retirer du Sud et la seconde en déjouant leur complot visant à semer la zizanie et la discorde dans la région libérée. Il ne manque pas au passage de dénoncer le complot israélien visant à semer le trouble dans les relations libano-syriennes. Un thème repris par son homologue syrien, ancien diplomate qualifié de proche du nouveau président syrien et qui a pris ainsi pour la première fois la parole dans une cérémonie libanaise. M. Omrane commence par préciser que la presse syrienne a aussi mené la bataille de la résistance. Il insiste aussi sur le rôle de la Syrie dans la victoire du Liban, rappelant que son pays a demandé la tenue d’un congrès international chargé de définir le terrorisme et grâce à cela, l’Assemblée générale des Nations unies a reconnu que celui qui se bat pour la libération de son territoire ne peut pas être qualifié de terroriste. Il rappelle aussi que le président Hafez el-Assad a facilité le retour de l’Europe sur la scène moyen-orientale. Sentant soudain que l’attention des auditeurs se relâche, il leur en fait la remarque, ajoutant : «Je sais que d’habitude les Arabes parlent beaucoup et écoutent peu. Pour une fois, essayons de ne pas respecter cette coutume». Omrane retrace ensuite une partie de l’histoire de son pays, notamment celle qui concerne «l’appui indéfectible de la Syrie à un grand Liban arabe, plutôt qu’à un petit Liban confessionnel». Il précise aussi que la Syrie n’a jamais regardé le Liban autrement que comme un pays uni, se tenant toujours aux côtés de ceux qui luttent dans ce but, sans jamais privilégier une partie sur l’autre. Il faut protéger la victoire... Il s’étend ensuite longuement sur ce qu’il appelle les acquis des dernières années, selon lui, perceptibles par tous : la fin des combats internes, la sécurité, l’émergence de l’État, le retour du Liban sur les scènes arabe et internationale, la victoire de la résistance. «La Syrie a consenti de nombreux sacrifices et elle a éteint le feu confessionnel au Liban. La victoire contre Israël est aussi la nôtre. Mais l’ennemi cherche encore à semer la discorde. La vigilance ne doit donc pas se relâcher, même si nous sommes convaincus que le Liban a jeté derrière lui le passé de division, grâce notamment à son commandement sage». Sayyed Hassan Nasrallah est le plus applaudi et parvient à capter l’attention de tout l’auditoire. Le secrétaire général du Hezbollah rappelle que, lorsqu’à la suite du retrait israélien du Sud il avait déclaré à Bint-Jbeil que cette victoire était celle du Liban, il avait voulu la placer au-dessus des mouvements et des confessions, pour qu’elle serve de base à une véritable entente nationale. «Nous n’avons jamais cherché à utiliser politiquement cette victoire, car notre principal souci était de la protéger et de la garder au-dessus des considérations internes. Aujourd’hui, nos craintes apparaissaient justifiées. La malchance a voulu que les élections législatives se soient déroulées très rapidement après cette victoire, empêchant le Liban d’en profiter réellement. Ces élections ont favorisé l’émergence d’un discours confessionnel terrible qui nous ramène 50 ans en arrière...». Pour Nasrallah, l’ennemi israélien n’a pas désarmé. «D’abord, il continue d’occuper une partie des 10 452km2 à Chebaa et détient encore des otages libanais. Enfin, il cherche toujours à semer la discorde interne. Et c’est pourquoi, même si on lui assure la sécurité au Sud avec l’envoi de la troupe, il voudra plus, puisqu’il accuse désormais le Hezbollah de planifier des attentats à l’intérieur de la Palestine, comme pour préparer l’opinion publique à des représailles, indépendamment de l’identité des auteurs. Seul l’équilibre de la terreur le long des frontières peut donc protéger le Liban d’Israël». Pour Nasrallah, un seul choix peut immuniser le Liban contre les plans israéliens, celui du dialogue, mais un dialogue franc et courageux, dans lequel chacun ose appeler les choses par leur nom. «Quant à moi, je vais donner mon avis : Je suis contre le principe qui veut que la guerre au Liban ait été celle des autres sur son territoire. Sinon, cela signifie que tous ceux qui se sont battus, et ils sont nombreux, ont tous été des agents de l’extérieur. Je crois, moi, que la guerre était libanaise et que les parties en conflit ont cherché des appuis chez les frères, les étrangers et même l’ennemi pour battre leurs rivales. À mon avis, le grand problème du Liban n’est pas la présence syrienne, mais le confessionnalisme. La présence syrienne n’est que le résultat de ce problème. La guerre était donc celle des confessions, des chefs et des familles. Bien avant l’intervention du facteur syrien, les musulmans brandissaient la théorie de la partie lésée par les chrétiens et ces derniers parlaient de la peur que leur inspiraient les musulmans. Tout le problème est donc confessionnel et la Syrie fournit la garantie sécuritaire qui peut assurer un dialogue sincère et profond. À mon avis toujours, il faut que les Libanais s’assoient autour d’une table et discutent de ce problème, profitant de la garantie sécuritaire syrienne. S’il leur est impossible de trouver une solution, ils chercheront un compromis qui causerait le minimum de pertes pour tous. Certains se demanderont ce que fait donc l’armée libanaise et je dirais que certes elle a été réunifiée par le président Lahoud, mais elle a besoin de temps pour s’immuniser totalement contre le confessionnalisme...».
Rendre hommage à la presse locale, «membre actif de la résistance», tel était l’objectif principal du déjeuner offert hier par le Hezbollah et qui a regroupé près de 700 journalistes appartenant à tous les médias. Mais la situation politique explosive et la présence sans doute non fortuite du ministre syrien de l’Information Adnane Omrane – à la tête d’une...