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Actualités - ANALYSE

Le timing du manifeste : interrogations et réponses

Pourquoi le manifeste maintenant ? Le timing est-il en rapport avec le meeting FL du 14 à Achrafieh et la messe du 17 à Mayfouk ? «Pas du tout, répondent les sources de Bkerké. La prise de position des évêques maronites se réfère plutôt à de prochaines échéances, comme la formation d’un nouveau gouvernement et le démarrage de la nouvelle législature. Qui devront prendre en compte les sujets soulevés. Il s’agit donc d’interpeller le pouvoir pour que la situation décrite ne se perpétue pas indéfiniment. Parallèlement, le message s’adresse également au nouveau régime en place à Damas, qui semble soucieux d’ouverture comme de relations libano-syriennes fondées sur un respect mutuel de la souveraineté ainsi que de leurs intérêts communs». Et de répéter que les thèmes développés, notamment en ce qui concerne la présence militaire syrienne, n’ont rien de nouveau, le patriarche ne cessant de les ressasser dans des interventions publiques, comme dans les conversations avec des visiteurs, libanais ou étrangers. La seule innovation a été de donner à cette argumentation le caractère d’un «appel épiscopal», pour en amplifier l’audience et l’impact. Et aussi, soulignent ces sources autorisées, «pour que tout le monde, les autorités comme la population, assume ses responsabilités à l’égard de la présence militaire syrienne. Ce dossier ne peut rester clos pendant de longues années encore. Il est temps de l’ouvrir, en suscitant à son propos un dialogue national lucide et raisonnable». Ces sources indiquent ensuite que Bkerké «n’aurait évidemment pas pris une telle initiative, si elle avait été assumée par les autorités locales, comme cela aurait été normal. Or, cela fait des années que nos dirigeants se contentent de répéter que la présence militaire syrienne est à la fois légale et temporaire. Admettons, théoriquement, qu’elle soit légale. Reste à savoir ce que le terme “temporaire” signifie concrètement aux yeux du pouvoir libanais. Quelques mois, un an, deux ans, plus ? L’opinion publique a le droit d’être fixée et d’être informée des causes, comme des obligations, que cet état de fait implique». Ces sources du patriarcat reviennent ensuite aux sources, c’est-à-dire au pacte de Taëf. Qui dit textuellement : «Entendu que le but de l’État est d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire libanais par le biais de ses forces régulières propres, représentées en premier lieu par les FSI, et en base des relations fraternelles qui lient la Syrie au Liban, les forces syriennes, remerciées pour cela, assisteront les forces régulières libanaises dans l’instauration de l’autorité de l’État libanais, durant un laps de temps déterminé s’étalant au maximum sur deux années commençant à courir après l’approbation du document d’entente nationale, l’élection d’un président de la République, la formation d’un gouvernement d’entente nationale et la promulgation des réformes politiques sous une forme constitutionnelle. À la fin de cette période, les deux gouvernements, le gouvernement syrien et le gouvernement libanais d’entente nationale, décideront le redéploiement des forces syriennes dans la région de la Békaa et à l’entrée de la Békaa-Ouest à Dahr el-Baidar jusqu’à la ligne Hammana-Mdeirej-Aïn Dara, et au besoin, dans d’autres points qui seraient fixés par le biais d’une commission militaire mixte libano-syrienne. De même les deux gouvernements s’entendront sur le volume et la durée de présence des forces syriennes dans les régions susmentionnées, ainsi que sur la définition des rapports que ces forces auront avec les autorités de l’État libanais, sur les lieux de leur présence. Le comité supérieur tripartite arabe est disposé à aider les deux États à parvenir à un tel accord, s’ils le souhaitent». Cette clause de Taëf, on le sait, est restée lettre morte. À la date-butoir des deux ans prévus, en septembre 92, les Américains en ont officiellement réclamé l’exécution. Il leur a été sèchement répondu que cela ne regardait que Beyrouth et Damas. «De plus, reprennent les sources citées, chaque fois qu’on leur parle de retrait, les dirigeants syriens répondent depuis Taëf qu’il faut d’abord que les autorités libanaises fassent dans ce sens une demande qu’ils s’affirment prêts à satisfaire. Mais force est de rappeler qu’avant Taëf il y a eu nombre de telles demandes officielles, auxquelles la Syrie a toujours fait la sourde oreille. Ce fut le cas sous le régime des présidents Sarkis puis Gemayel, ainsi que sous le général Aoun. Après Taëf, les responsables syriens pouvaient tranquillement répéter qu’ils se retireraient si on le leur demandait, sachant que jamais le pouvoir libanais en place ne le ferait. Pour se justifier, certains de nos dirigeants antérieurs ont été jusqu’à affirmer que les Libanais étaient encore trop immatures pour se passer de la présence syrienne. Jusque-là, l’autre argument de base était qu’on ne pouvait mettre sur pied d’égalité l’occupation israélienne et la présence syrienne, tout à fait légitime, et qu’il fallait attendre le retrait de l’ennemi pour songer à évoquer le départ de l’ami. Plus d’un homme politique local, dont le président Nabih Berry, avait multiplié les déclarations dans ce sens. Croyant, sans doute, que le retrait israélien n’aurait pas lieu de sitôt, ils redisaient qu’ils seraient prêts à discuter de la présence militaire syrienne dès que le Sud serait dégagé. Mais comment les prendre au mot quand, brusquement, ils ne disent plus rien ?» L’essentiel cependant n’est pas là. Mais, concluent en substance ces sources de Bkerké, «dans la nécessité de faire entendre une voix, pour que les nations amies n’aillent pas s’imaginer qu’il n’y a aucune raison de se montrer plus royaliste que le roi, en demandant l’application des accords de Taëf alors que les Libanais eux-mêmes ne semblent pas s’en soucier. Il est inadmissible, sur le plan national, que la présence militaire syrienne perdure sine die, ou jusqu’à la récupération du Golan et la réalisation d’une paix globale dans la région, comme il se répète dans certains milieux».
Pourquoi le manifeste maintenant ? Le timing est-il en rapport avec le meeting FL du 14 à Achrafieh et la messe du 17 à Mayfouk ? «Pas du tout, répondent les sources de Bkerké. La prise de position des évêques maronites se réfère plutôt à de prochaines échéances, comme la formation d’un nouveau gouvernement et le démarrage de la nouvelle législature. Qui devront...