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Actualités - REPORTAGES

Religion - Cascade de vocations au Carmel de l'Unité de Harissa (photos)

Comblé par une cascade de vocations durant les cinq dernières années, le Carmel de l’Unité ne peut plus en recevoir faute de place. Perdu au cœur de la pinède de Harissa, sous le regard bienveillant de Notre-Dame du Liban, ce monastère abrite aujourd’hui trente et une religieuses cloîtrées, venues répondre à l’appel de Dieu. Demain, il faudra construire un autre établissement, plus grand. Petit havre de paix et de prière, le Carmel de la Théotokos (Mère de Dieu) et de l’Unité est une bâtisse de pierre, avec quelques fenêtres grillagées et deux grandes portes. L’une d’elles s’ouvre sur la chapelle ornée d’icônes et de peintures, juxtaposée à une salle où les carmélites assistent à la messe derrière une grille en fer forgé noire. L’autre porte en bois de chêne massif est toujours fermée à double tour. Elle ne s’ouvre que lorsque le Saint-Père est en visite, deux religieuses possédant chacune une des clés de la clôture. Hormis le pape, le patriarche, les cardinaux, les médecins et les quelques ouvriers venus faire des réparations, personne n’est admis à l’intérieur de la clôture. La vie religieuse contemplative est sans doute un grand privilège, mais il n’est pas nécessaire d’y goûter pour la comprendre. Il suffit de regarder les visages rayonnants de bonheur et la tranquillité sereine que les visiteurs peuvent apercevoir à travers les doubles barreaux de fer. «Vie de silence et de recueillement, la vie de cloître est surtout contemplative. Elle puise sa force dans la vie du Christ. Ses souffrances, sa bonté et la beauté de la Création. L’âme est alors détachée de toute dimension corporelle. Elle vogue bien au loin, dans un monde à part, enrichie de l’amour immense de Dieu», explique avec émotion la Mère supérieure. Carmel autonome, dépendant financièrement des dons et des travaux manuels de ses membres, le Carmel de l’Unité est administrativement lié à l’archevêché grec-catholique. Le Carmel de Harissa a été fondé le 24 août 1962 par dix carmélites espagnoles venues consacrer leur vie pour l’Orient. Le monastère a été construit grâce à des donations et aux revenus provenant des travaux manuels des carmélites. Il abrite aujourd’hui 31 moniales de tous âges, dont 23 libanaises, 7 espagnoles et 1 suissesse. Le nombre de vocations n’a cessé d’augmenter durant les cinq dernières années. «Les jeunes deviennent de plus en plus radicaux et exigeants envers eux-mêmes. Le contexte vécu durant la guerre a peut-être été le moyen de leur faire comprendre la seule vérité, celle qui comble tous les vides», déclare mère Thérèse, carmélite depuis 53 ans. «Il faudra construire un nouveau monastère puisque les places sont limitées et qu’il y a de plus en plus de vocations», ajoute-t-elle avec le sourire. Un don total de soi Loin d’être souple, le train de vie au Carmel est rigoureux et très fatigant. Réveillées à 5 heures du matin, les moniales s’isolent pour les heures d’oraison et de travail manuel comme la peinture, la couture et l’iconographie. À l’atelier d’iconographie, le premier au Moyen-Orient, on ne cesse d’améliorer l’utilisation des méthodes anciennes pour la restauration et la réalisation de nouvelles icônes. Connues pour leur travail appliqué, les carmélites ont des commandes pour trois ans . Après le travail de la matinée, les religieuses se retrouvent pour le repas et l’office. La parole n’est accordée que durant deux heures quotidiennes de récréation où chacune vaque à ses occupations (couture, broderie, peinture…). Le travail de cuisine, de jardinage et de basse-cour se fait à tour de rôle. Vivant des récoltes de leur jardin, les moniales n’ont besoin que du pain qui leur est distribué chaque matin. Appelées «carmélites déchaussées» puisqu’elles ne portent que des sandales été comme hiver, elles s’habillent d’une simple toque marron et blanc qui leur recouvre la tête. Si elles s’isolent au couvent pour travailler, les carmélites ne sortent que par deux en cas d’urgence d’ordre administratif ou médical. Sans télévision ou radio, leur seul lien avec le monde extérieur est Le journal du Vatican, le fax et l’e-mail pour recevoir les nouvelles de leurs consœurs à l’étranger. Durant leur jeûne, qui commence le 14 septembre, les repas, dépourvus de viande, deviennent de plus en plus spartiates. En hiver, sans chauffage, les moniales puisent dans les rigueurs du froid de quoi enrichir leur vie de sacrifices et de prières. Bien qu’isolées du monde extérieur, elles sont sensibles aux problèmes de l’humanité et gardent l’espoir d’un monde humainement meilleur. Mission à la fois sublime et mystérieuse. Charité extrême et don total de soi. Telle est la vie contemplative. Vie de celles qui aspirent à l’absolu en s’oubliant elles-mêmes. L’origine des carmélites L’Ordre des Carmes est originaire du mont Carmel, promontoire élevé de 500 mètres, qui abrite aujourd’hui le port de Haïfa. Ordre mendiant, composé d’une dizaine d’ermites, il a été créé en Syrie vers le XIIe siècle. Évincés de l’Orient par les Arabes en 1291, les Carmes émigrent vers Chypre, la France et l’Angleterre. Deux siècles plus tard, intervient la fondation de l’Ordre carmélite féminin. Une réforme complète de l’ordre est menée par l’Espagnole sainte Thérèse d’Avila qui regroupe autour d’elle une trentaine de religieuses, fonde le petit couvent de saint Joseph d’Avila et fait revivre la règle primitive de l’ordre. La réforme, approuvée par le pape Pie IV en 1562, s’étend à toute l’Espagne. La sainte, qui a parcouru toute l’Espagne en chariot, à fondé 15 monastères. Canonisée par Grégoire XV en 1622, elle fut la première femme a être proclamée docteur de l’Église en 1970. La deuxième carmélite a être proclamée docteur de l’Église sera sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, religieuse française de Lisieux qui entre très jeune au Carmel et qui mourra à 24 ans, d’une maladie de poitrine. Canonisée en 1925 et patronne des missions, elle est connue pour sa maturité spirituelle et son mode de sanctification. L’Église attribue officiellement le titre de docteur à des théologiens en raison de leur doctrine, de la sainteté de leur vie et de l’importance de leur œuvre.
Comblé par une cascade de vocations durant les cinq dernières années, le Carmel de l’Unité ne peut plus en recevoir faute de place. Perdu au cœur de la pinède de Harissa, sous le regard bienveillant de Notre-Dame du Liban, ce monastère abrite aujourd’hui trente et une religieuses cloîtrées, venues répondre à l’appel de Dieu. Demain, il faudra construire un autre...