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Actualités - ANALYSE

Elections - Le revirement de Carlos Eddé modifie les donnes électorales Bloc national : retour aux sources

Bon sang ne saurait mentir, dit le proverbe. La contre-décision du nouveau Amid du Bloc national, M. Carlos Eddé, qui renonce à se présenter à ces élections auxquelles son parti avait décidé de participer, en a déçu plus d’un. Notamment dans les cercles proches du pouvoir où on souhaitait le succès aux élections du jeune leader, au titre de la récupération. Car, nul ne l’ignore, le Amid Raymond Eddé, au radicalisme intransigeant, à l’indépendantisme sourcilleux, avait été l’une des bêtes noires du système «soutenu» issu de Taëf. Le revirement de son neveu, s’il en a étonné certains, se comprend essentiellement comme un retour à la ligne de Raymond Eddé qui, du reste, avait laissé un testament politique sans équivoque, axé sur le boycott. Mais d’autres facteurs ont pesé dans la balance. Tout d’abord, selon certaines sources qui affirment bien le connaître, M. Carlos Eddé n’a que peu de goût pour la politique en général et encore moins pour la politique politicienne, qu’il a en sainte horreur. Par inclination personnelle, il était favorable au boycott. Mais, investi d’une mission de remise sur pied du parti et habité des principes démocratiques que sa famille a toujours sacralisés, il n’a pas cru devoir passer outre à la volonté de participation exprimée par la majorité du conseil du Bloc national. C’est ce qui explique le communiqué initial annonçant la participation BN aux élections. Le parti avait ensuite formé une commission pour étudier les candidatures et il avait chargé le Amid d’entreprendre les contacts nécessaires pour entrer en lice. Effectivement, M. Eddé s’est acquitté au mieux de cette tâche. Il a consulté les pôles du parti dans les régions de Jbeil et du Kesrouan, électoralement jumelées cette année. Il avait également procédé à des concertations dans diverses zones où les «ketlawiyine» et leurs sympathisants représentent encore un certain poids électoral. Conscient de son manque d’expérience, ajoutent ses proches, M. Eddé a tenu à s’informer au maximum et à vérifier, par des recoupements, les indications qu’on pouvait lui livrer de diverses sources. Il s’est plongé dans le bain, comme on dit familièrement, se laissant imprégner d’un climat socio-politique touffu, tissé de mille considérations, et peu à peu, l’image s’est bien éclairée à ses yeux novices. Entre-temps, au cours des quelques jours qui ont suivi le communiqué de participation, le comité BN chargé des candidatures a défini ses positions. Il a décidé d’appuyer Me Antoine Klimos à Beyrouth ; M. Fouad el-Saad à Aley ; M. Salah Honein et éventuellement M. Abdallah Farhat à Baabda ; les Drs Sélim Salhab et Albert Moukheiber (grand ami de Raymond Eddé) au Metn. Le comité s’en est tenu là pour la première réunion, reportant à plus tard ses choix en ce qui concerne Batroun ou Jbeil-Kesrouan. Puis, juste après le manifeste de boycott des forces radicales de l’Est (aounistes, FL, PNL), M. Eddé a informé le comité qu’il renonçait à se présenter. Et il a publié un communiqué réaffirmant l’attachement du Bloc national aux principes de souveraineté, d’indépendance, d’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, d’autonomie de décision libanaise et d’unité nationale. Le texte souligne également que les données électorales ne concordent pas avec les aspirations des Libanais au changement ni à l’importance des défis que le pays doit relever. Détails Pour entrer dans les détails, il convient de signaler que le Amid souhaitait entreprendre une large tournée auprès de la base à Jbeil comme au Kesrouan, pour mieux lier connaissance avec les militants et s’enquérir de leurs problèmes, comme le faisaient jadis son père et son oncle. Mais des cadres lui ont conseillé d’ajourner cette initiative, en attendant que le Bloc national ait fait ses choix par rapport aux élections. Pour que la tournée envisagée ne tourne pas au sondage concernant l’alternative boycott-participation. Sur un autre plan, M. Eddé a voulu, dès sa prise en charge, recoller les morceaux au sein du Bloc national. Il a ainsi prié le Dr Sélim Salhab, Mes Chakib Kortbaoui, Samir Abdel Malak et leurs camarades, de réintégrer les rangs du parti. Mais il n’a pas été plus loin et n’a pas relancé M. Jean Hawatt à Jbeil, M. Sayed Akl à Batroun ou, au Kesrouan, M. Farès Boueiz dont le père, Nouhad Boueiz, avait été l’un des plus proches amis de Raymond Eddé. D’autre part, le Bloc national n’a pas formé de nouveau comité exécutif, après la démission du précédent, et il n’a pas nommé de successeur au secrétaire général sortant, M. Ibrahim Estéphan. Certains cadres qui se voient retirer pour ainsi dire le pain de la bouche, car ils misaient sur la participation aux élections, grognent en sourdine en laissant entendre que la décision de retrait prise par M. Eddé en l’absence d’un comité exécutif et d’un secrétaire général n’est pas très fair-play, sinon pas très démocratique. En réalité, les statuts du parti octroient au Amid des prérogatives quasi discrétionnaires. Et de plus, il avait été explicitement chargé par le parti de traiter la question des élections. Et il faut trouver d’ailleurs dans l’échec des efforts pour une alliance avec l’ancien ministre Georges Frem une des raisons de la renonciation de M. Eddé. Comme signalé antérieurement dans ces colonnes, les deux hommes prônent tous les deux le changement. Mais M. Frem envisageait la constitution ultérieure d’un bloc parlementaire réformiste et M. Eddé ne pouvait pour sa part engager son parti, sous une bannière déterminée, en faire en quelque sorte un vassal d’autrui. De plus, MM. Frem et Eddé ne se sont pas entendus sur certains noms : le Amid demandait, pour son parti ou pour un sympathisant, le deuxième siège maronite (jurd) de Jbeil ; M. Frem, de son côté, ne souhaitait pas inclure sur la liste M. Camille Ziadé et s’en tenait à M. Sejean Kazzi etc. Une autre cause est que M. Eddé s’est heurté à un refus de nombre de militants, à son idée de coopérer au Kesrouan avec M. Mansour el-Bone, allié de M. Camille Ziadé ainsi qu’avec cheikh Farid el-Khazen. D’une façon générale, les militants n’acceptent pas de se rabibocher avec des adversaires traditionnels du Bloc national, alors que des camarades des premiers temps sont laissés sur la touche. Quoi qu’il en soit, après le retrait de M. Carlos Eddé, les cartes sont redistribuées au Kesrouan où quatre figures de proue occupent l’avant-scène : MM. Farès Boueiz, Farid el-Khazen, Mansour el-Bone et Georges Frem. Tandis que, note-t-on généralement, les chances de M. François Bassil semblent augmenter considérablement à Jbeil.
Bon sang ne saurait mentir, dit le proverbe. La contre-décision du nouveau Amid du Bloc national, M. Carlos Eddé, qui renonce à se présenter à ces élections auxquelles son parti avait décidé de participer, en a déçu plus d’un. Notamment dans les cercles proches du pouvoir où on souhaitait le succès aux élections du jeune leader, au titre de la récupération. Car, nul ne...