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Actualités - ANALYSE

Baabda expose sa position de principe Pas de cohabitation en vue, mais une éventuelle coordination

Selon ses visiteurs, le président Émile Lahoud indique d’ores et déjà, très clairement, ses positions par rapport à la formation du prochain gouvernement. – Tout d’abord, il estime que ce sont les circonstances qui présideront au choix d’un nouveau Premier ministre après les élections et non un bloc parlementaire déterminé, aussi important qu’il puisse être numériquement. – Ensuite, et surtout, le chef de l’État affirme qu’il n’est pas possible de dissocier régime et gouvernement, car les éventuels dérapages de ce dernier se répercutent négativement sur le pouvoir présidentiel. Cela signifie que le système de la «cohabitation» pratiqué en France, où le chef de l’État et le gouvernement se regardent en chiens de faïence, est hors de question au Liban. Le président Lahoud souligne, toujours selon ses visiteurs, que les rapports du président de la République et du chef du gouvernement doivent nécessairement s’inscrire dans un cadre de compréhension mutuelle permanente et d’une étroite coopération. Une coordination qui commence dès la composition du Cabinet et se traduit ensuite dans le programme d’action qu’il élabore pour le soumettre à la Chambre dans la déclaration ministérielle. – Toujours dans le même esprit, rapportent les témoins cités, Baabda pense qu’il est tout à fait normal de voir le président de la République défendre le gouvernement et ne pas se laver les mains des erreurs que ce dernier peut commettre, puisque le chef de l’État est coresponsable du choix des ministres avec le président du Conseil. Le président de la République s’estime engagé du fait qu’en signant le décret de formation du gouvernement, il en approuve ipso facto la composition. Sans quoi, il peut toujours refuser de signer ce décret. Par ailleurs, il participe aux débats en Conseil des ministres lorsqu’il en préside les séances. Il est vrai qu’il n’y dispose pas d’un droit de vote, mais si une décision adoptée lui paraît inappropriée, il peut toujours prier le Conseil de la réviser. Tout comme il peut renvoyer à la Chambre pour réexamen, avec avis motivé, une loi qu’elle a votée. – Selon les visiteurs de Baabda, les prérogatives constitutionnelles du président en font une partie prenante incontournable de l’Exécutif comme du Législatif. Dès lors, il doit en partager les responsabilités au niveau des projets et des lois qui portent du reste sa signature aux côtés de celles du président du Conseil et des ministres concernés. La vraie question Sur le plan de la conjoncture politique, la position de Baabda fait sourdre sur toutes les lèvres une seule et même question : le come-back de M. Rafic Hariri au pouvoir est-il possible ? Les «circonstances régionales», comme on dit pudiquement par allusion aux décideurs, sont-elles désormais favorables à un tel retour ? La crise économique ne le rend-elle pas nécessaire ? Selon des sources informées, «les relations entre les présidents Lahoud et Hariri, qui n’ont jamais été mauvaises sur le plan personnel, se sont améliorées sur le plan politique ces derniers temps. Les deux hommes semblent se comprendre mutuellement. Le chef de l’État ne tient plus de propos négatifs à l’encontre de l’ancien président du Conseil quand il évoque ce dernier devant ses visiteurs. Mais il reste évident qu’en accédant de nouveau au Sérail, le cas échéant, M. Hariri ne pourrait plus régner en maître unique de l’État comme il lui est arrivé de le faire sous M. Hraoui qui, du reste, s’en plaignait parfois». Ces sources précisent que «le malaise entre le président Lahoud et M. Hariri était surtout causé par les campagnes menées contre le pouvoir par les médias haririens, notamment au sujet de la situation économique et financière du pays. Le régime estimait que de telles attaques nuisaient au pays en décourageant les investisseurs et en court-circuitant les efforts déployés par le gouvernement Hoss pour attirer les capitaux étrangers. Ces médias haririens ont changé de langage dernièrement, et les déclarations de M. Hariri lui-même se sont faites plus positives, plus objectives. On peut dire qu’il a résolu d’opter pour cette opposition constructive que le régime ne condamne pas, bien au contraire. Car il est bon que quelqu’un mette en exergue les erreurs commises, en vue de les corriger, sans attaques personnalisées. De plus, insinuent ces loyalistes, il est probable que M. Hariri a mis à profit sa traversée du désert pour passer en revue la période de son règne et prendre mieux conscience des dérapages commis, notamment au niveau du comportement politique. S’il devait revenir, ce serait donc avec un autre style, moins accapareur et plus soucieux d’harmonie avec le régime en place». Ceci étant, ces mêmes personnalités soulignent que «l’embellie dans les relations entre les présidents Lahoud et Hariri ne signifie pas que le come-back de ce dernier est acquis d’avance. La possibilité existe, mais il faut que les conditions soient propices». Ce qui se traduit en clair, pour les professionnels de la politique, par les points suivants : – M. Hariri devra être totalement en phase avec le régime, et cela devra apparaître dès l’étape de composition du Cabinet qu’il serait invité à présider. Il devra veiller à respecter les prérogatives que lui fixe la Constitution, sans débordement, en assumant une parfaite coordination des pouvoirs. – Il faut que la conjoncture locale mais surtout «les circonstances régionales» (sic) lui soient favorables. – La situation économique et financière du pays entrerait sans doute beaucoup en compte. Dans la mesure où le retour de M. Hariri pourrait s’avérer nécessaire pour faire affluer les aides et les capitaux étrangers. Dans le même sens, le prochain gouvernement tout entier devrait inspirer confiance tant au-dehors qu’à l’intérieur. Et il devra être cohérent, bien soudé sur le plan politique. Pour faire face à tout développement possible sur le plan du processus régional.
Selon ses visiteurs, le président Émile Lahoud indique d’ores et déjà, très clairement, ses positions par rapport à la formation du prochain gouvernement. – Tout d’abord, il estime que ce sont les circonstances qui présideront au choix d’un nouveau Premier ministre après les élections et non un bloc parlementaire déterminé, aussi important qu’il puisse être...