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Actualités - ANALYSE

Législatives - Un dignitaire religieux juge que les dés ont été pipés Position plus que jamais critique de l'Est politique

On ne peut construire du solide sur du sable, et encore moins sur le marécage putride d’une loi électorale tronquée, discriminatoire. C’est la thèse que développe en substance un prélat pour qui les élections prochaines n’ont aucune chance de produire une vraie représentation des couches de la population, «puisque de l’erreur ne peut sourdre que le faux». Ce dignitaire religieux souligne que le président Émile Lahoud reconnaît lui-même que l’actuelle loi électorale est déséquilibrée, du fait que le découpage des circonscriptions est régi par des impératifs confessionnels. Antérieurement, rappelle également la même personnalité, le chef de l’État répétait à toute occasion son attachement au principe de l’égalité. Précisant que le découpage devrait se faire en appliquant partout les mêmes critères, soit le mohafazat, soit le caza. Or, en fin de compte, ajoute le prélat, c’est un méli-mélo incroyable, sans aucune base logique, que les députés ont adopté, un costume taillé aux mesures de certains favoris des décideurs ou à leur convenance politique. Ainsi, l’on a gardé le Sud électoralement unifié alors que le prétexte de l’occupation a disparu. La proposition faite par le député Nadim Salem pour ramener les choses à la normale n’a pas été soumise à la Chambre par le président Nabih Berry, qui l’a gardée dans ses tiroirs pour éviter à certains de ses pairs de se sentir embarrassés s’il fallait passer au vote. Bien entendu, dans le cadre du Sud circonscription unique, l’alliance imposée Amal-Hezbollah, synonyme de liste-bulldozer, a été reconduite. Ce système permet, pratiquement, de nommer la plupart des députés de la région, de parachuter qui l’on veut, dans toutes les confessions. De ce fait, les postulants chrétiens se trouvent inféodés au leadership mahométan bien plus que soucieux de défendre les intérêts bien compris de la collectivité qu’ils sont censés représenter à la Chambre. Il est évident dans ces conditions que ce sont les nantis qui en profitent pour se porter candidats et qui sont retenus sur la liste dite principale de préférence à d’autres, puisqu’ils peuvent plus facilement payer leur «ticket de bus». La démocratie, souligne avec force le prélat, est bafouée, l’électeur minoritaire n’étant pas libre de désigner vraiment ses représentants, puisque l’alliance Amal-Hezbollah assure par son paquet de voix chiites le succès des candidats chrétiens qu’elle a cooptés. En réaction, certains électeurs de Jezzine ont l’intention de ne voter que pour les candidats de la région, c’est-à-dire de ne pas donner de voix à une liste. Mais bien évidemment, vu leur nombre limité, cette forme de protestation ne va pas changer beaucoup les résultats. Du reste, l’idée est rejetée par les pôles de la région, le député Nadim Salem soulignant que Jezzine est un symbole de la coexistence qui doit voter pour toutes les communautés. Ce prélat répète qu’on aurait dû adopter, au Sud, comme ailleurs, le caza, qui donne une représentation de proximité pointue. Il s’élève contre les jumelages artificiels comme Bécharré-Akkar, Zghorta-Tripoli ou Baabda-Aley. En relevant que des immixtions déterminées visent à fabriquer des coalitions d’éléments forts dans certaines régions ou à les dresser les uns contre les autres dans d’autres régions, tout cela dans le but d’assurer le succès du plus grand nombre de «favoris», en écartant les «indésirables». Des manœuvres qui se font souvent au prix d’une exacerbation des tensions confessionnelles, ce qui revient à jouer avec le feu et à laisser ce pays mariner dans un climat de discorde, pour mieux le contrôler. Ce prélat rappelle également combien l’on avait chanté «le brassage», pour justifier le recours à des circonscriptions mélangées, soulignant que c’était là «un grand mensonge», puisque au lieu d’unir les Libanais cette formule les divise. Reprenant les termes du dernier manifeste des évêques maronites, cette personnalité répète que «la participation aux élections législatives est un devoir national quand elle assure la désignation au Parlement d’hommes compétents défendant les constantes et les valeurs de la patrie, en influant positivement sur sa situation. Sans quoi, les citoyens se montrent indifférents à une échéance qui masque le vrai problème, celui du manque de liberté dans la formation des listes et de la volonté de recevoir l’approbation des parties dominantes». Enfin, ce prélat relève qu’il aurait fallu organiser le dossier des dépenses électorales. Et surtout qu’il aurait fallu confier la supervision des élections à un gouvernement ne comprenant pas de candidats.
On ne peut construire du solide sur du sable, et encore moins sur le marécage putride d’une loi électorale tronquée, discriminatoire. C’est la thèse que développe en substance un prélat pour qui les élections prochaines n’ont aucune chance de produire une vraie représentation des couches de la population, «puisque de l’erreur ne peut sourdre que le faux». Ce...