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Actualités - ANALYSE

Plaidoyer pour un retour à la petite circonscription

Les vaincus autant que les vainqueurs conviennent que le scrutin de dimanche dernier a été régulier, qu’il n’y a pas eu de fraude, ni d’incidents majeurs. Mais il n’empêche que le processus électoral s’est trouvé pollué, vicié, au cours des étapes préliminaires. La partialité du pouvoir, qui se voulait écrasante, s’est manifestée tout d’abord au niveau du découpage des circonscriptions, effectué en base d’un partage du gâteau entre certains leaderships. Les services sont ensuite intervenus d’une manière flagrante pour imposer des listes invincibles qui ont néanmoins été percées ou même battues à plate couture, au Liban-Nord et surtout au Mont-Liban. On sait d’autre part que la neutralité de l’État aurait dû se manifester par un Cabinet des élections formé de non-candidats, ce qui est loin d’être le cas. Certes, certains relèvent que dans la plupart des pays évolués, le gouvernement en place ou le parti au pouvoir n’hésite pas à découper les circonscriptions à sa convenance, à contracter des alliances pour conforter sa majorité parlementaire. Mais c’est un jeu qui se déroule entre deux ou trois partis, non entre mille. Et dans ces pays, l’on ne voit jamais les gouvernants faire du trafic d’influence en période électorale, les organismes de contrôle étatiques, qui restent indépendants des autorités politiques, empêchant toute immixtion abusive. Parallèlement, les électeurs ne sont généralement pas motivés dans ces pays par des considérations d’intérêts particuliers, mais par des choix d’ordre politique général. La comparaison avec ces systèmes n’est donc pas possible. Le Liban est édifié sur de toutes autres bases, confessionnelles, tribales et empiriques. Généralement, les services ne sont pas assurés automatiquement par l’État à tous et c’est le député, ou le ministre, qui assure le relais. Un critère de courtage qui garde localement une importance extrême et fausse souvent les conclusions politiques qu’on peut tirer d’un scrutin. En donnant un avantage peu négligeable à des candidats qui sont présumés efficients au niveau des services, soit qu’ils sont proches des dirigeants ; soit, ce qui est bien mieux, qu’ils sont proches des fonctionnaires. Toujours est-il que par un étonnant paradoxe, loyalistes et opposants se rejoignent aujourd’hui pour réclamer une réforme en profondeur du processus électoral. On peut relever à ce propos que les idées qui sont «tendance» comme on dit, s’articulent d’abord autour du critère de la représentation de proximité. Ce qui signifie que la préférence va en général à la petite circonscription, le caza par exemple, où l’électorat est homogène, confessionnellement et socialement. Cette formule évite le risque de heurts entre communautés. Elle prévient également les parachutages incongrus et les immixtions abusives pour la formation des listes dites «bulldozers». Les défenseurs du caza affirment également qu’il permet de modérer le discours politique et de faire barrage aux extrémismes, puisqu’il n’y a pas de confrontation entre les communautés. Et de donner l’exemple du Kesrouan, où tous les sièges sont réservés aux maronites et où l’on ne dénote aucun candidat à langage fanatisé. Une autre nécessité qui a beaucoup d’adeptes : la distribution effective, à tous, de la carte électorale magnétisée, qui permet de voter là où on se trouve. Ce qui présente l’avantage, entre autres, de laisser les Libanais se trouvant à l’étranger exercer leur droit civique dans les ambassades ou les consulats. Enfin, maintenant tout le monde ou presque convient qu’il est objectivement préférable de confier la supervision des élections à un Cabinet ne comprenant pas de candidats.
Les vaincus autant que les vainqueurs conviennent que le scrutin de dimanche dernier a été régulier, qu’il n’y a pas eu de fraude, ni d’incidents majeurs. Mais il n’empêche que le processus électoral s’est trouvé pollué, vicié, au cours des étapes préliminaires. La partialité du pouvoir, qui se voulait écrasante, s’est manifestée tout d’abord au niveau du...