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Actualités - CHRONOLOGIE

Législatives - Première analyse des résultats au Metn-Nord Les voix de Bourj-Hammoud ont compromis les chances de succès de Samaha et de Madayan

Il est certes prématuré de procéder à une analyse exhaustive des résultats des élections législatives au Metn-Nord puisque les chiffres officiels viennent à peine d’être publiés. Mais d’ores et déjà une série de commentaires peuvent être formulés sur les scores obtenus par les candidats des deux listes qui se sont affrontées dimanche dans la deuxième circonscription du Mont-Liban, le principal étant que la liste de l’Entente nationale du ministre de l’Intérieur Michel Murr aurait facilement pu être percée par trois candidats de la liste rivale, la Liberté, de Nassib Lahoud. Mais, à l’instar de ce qui s’était passé en 1996, ce sont les Arméniens qui ont, encore une fois, déterminé l’issue du scrutin, en accordant en bloc près de 8 000 voix à chacun des candidats de la liste Murr. Du coup Michel Samaha et Rafi Madayan qui enregistraient chacun une nette avance sur leurs adversaires respectifs, Antoine Haddad et Sebouh Hovnanian, voient leurs chances d’accéder à la Chambre anéanties. Avant le dépouillement des voix de Bourj-Hammoud, Samaha avait recueilli 28 938 voix contre 24 927 pour son rival. Madayan en a obtenu 26 773 contre 23 572 pour Sébouh Hovnanian qui a toutefois arraché aux Arméniens 8 564 voix, ce qui lui a permis d’améliorer sensiblement son score. La différence entre les candidats rivaux est devenue de 4 426 voix à l’avantage de Hovnanian. Les urnes de Bourj-Hammoud n’ont donné que 937 voix à Madayan. Idem pour Michel Samaha. Bourj-Hammoud ne lui a donné que 1 235 voix contre 8 165 pour Antoine Haddad qui a donc fini par être élu avec 33 092 voix et avec un écart de 2 919 voix entre lui et son rival. «Pour moi, c’est quand même une victoire, parce que si l’on fait abstraction des urnes de Bourj-Hammoud, c’est moi qui représente le Metn», a déclaré Samaha à L’Orient-Le Jour. L’ancien ministre de l’Information fait état d’«irrégularités» qui ont entaché le dépouillement des voix à Jdeidé et Bourj-Hammoud «où j’ai dû moi-même intervenir pour empêcher des chefs de bureaux de vote d’échanger les bulletins déposés dans certaines enveloppes». Samaha suspecte l’existence d’une fraude, sans être toutefois catégorique : il s’étonne de ce qu’une urne de Bourj-Hammoud, portant le numéro 57, n’a été amenée au Sérail de Jdeidé que peu après minuit, contrairement à toutes les autres qui ont été réceptionnés vers 20h. La 57, dit-il, ne contenait que 4 ou 5 voix en sa faveur. Les autres lui avaient donné 1 235. Il reconnaît toutefois que quel que soit le nombre de voix qu’il aurait pu recueillir de l’urne 57, il n’aurait pas réussi à réduire l’écart entre lui et son rival. Quoi qu’il en soit, pour Samaha, il est prématuré de parler d’un projet de recours devant le Conseil constitutionnel pour obtenir l’invalidation des résultats des élections, surtout qu’il avait relevé, dimanche, plusieurs irrégularités au niveau de la consultation populaire à Bourj-Hammoud et notamment dans les bureaux de vote destinés aux électeurs non arméniens. «Il faut examiner l’objectif politique d’une telle démarche et penser aussi à la réaction du Conseil constitutionnel», dit-il. Dans les milieux proches de la liste de la Liberté, on songe aussi à s’accorder quelques jours de réflexion pour étudier l’opportunité d’un recours en invalidation sur base des irrégularités constatées avant de prendre une décision quelconque. Une analyse de comportement Ce délai sera aussi mis à profit par les deux listes pour peser chacune son poids dans les différents secteurs du Metn et analyser aussi bien le comportement des électeurs face aux alliances conclues (Moukheiber-Murr, PSNS-Kataëb, Lahoud-Gemayel) que les chiffres obtenus par chacun des candidats des deux listes, sur base d’une comparaison entre les chiffres de 1996 et de 2000. Force est de constater que les candidats de l’opposition ont presque tous enregistré un score supérieur à celui de 1996, à l’exception de Walid Khoury et d’Auguste Bakhos – ce dernier était sur la liste Murr en 1996 – qui ont respectivement obtenu 3 591 et 14 676 voix de moins qu’il y a quatre ans. Michel Samaha et Rafi Madayan ont été battus avec 30 173 et 27 710 voix alors qu’ils n’avaient récolté en 1996 que 25 535 et 4 779 voix. Chaker Abou Sleiman, sur la liste Murr, a été par contre battu avec le même nombre de voix (29 399) qui l’avait propulsé en 1996 place de l’Étoile (29 063), alors que Ghassan Achkar a été élu avec 4 740 voix de moins qu’il y a quatre ans. Selon certaines sources, cette différence serait due au panachage auquel les partisans des Kataëb de Mounir el-Hajj se seraient livrés et qui explique également le score relativement bas obtenu par ce dernier (28 106). À en croire certains observateurs, il faut penser qu’au sein de chaque liste, les quatre candidats maronites ont eu recours au panachage mutuel afin que chacun d’eux favorise ses chances de succès. Ce qui explique, entre autres raisons, l’important écart entre le nombre de voix obtenues par chacun des deux têtes de liste et ses colistiers respectifs. Entre Michel Murr et Émile Lahoud (deuxième score au Metn), la différence de voix est de 10 029 voix. Entre Nassib Lahoud et Auguste Bakhos à titre d’exemple, l’écart est de 19 364 voix. Il est de 2 509 entre Nassib Lahoud et Pierre Gemayel. Dans les cercles proches de M. Lahoud, on estime toutefois que l’échange de voix entre la liste de la Liberté et Gemayel n’était pas équilibré. La différence constatée au niveau des résultats enregistrés par le jeune candidat indépendant et par Lahoud et ses colistiers démontre que les partisans de Gemayel n’ont pas accordé suffisamment de voix à la liste Lahoud. Le classement des voix par village et par secteur metniote devra jeter davantage la lumière sur le mécanisme du vote au Metn. D’ores et déjà, on sait à titre d’exemple, sur base de résultats officieux, obtenus d’une machine électorale, que Baabdate, village natal d’Émile et de Nassib Lahoud, a plutôt favorisé ce dernier. Baabdate a donné, selon la même source, 728 voix à Nassib Lahoud contre 466 à Émile Lahoud, 291 à Michel Murr, 705 à Auguste Bakhos, 731 à Michel Samaha, 468 à Walid Khoury, 606 à Pierre Gemayel, 114 à Ghassan Achkar, 125 à Mounir el-Hajj, 207 à Chaker Abou Sleiman, 605 à Riad Abou Fadel, 253 à Albert Moukheiber, 177 à Antoine Haddad, 704 à Rafi Madayan et 165 à Sebouh Hovnanian.
Il est certes prématuré de procéder à une analyse exhaustive des résultats des élections législatives au Metn-Nord puisque les chiffres officiels viennent à peine d’être publiés. Mais d’ores et déjà une série de commentaires peuvent être formulés sur les scores obtenus par les candidats des deux listes qui se sont affrontées dimanche dans la deuxième...