Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Taux d'intérêt La Banque du Japon joue sa crédibilité face au gouvernement

La Banque du Japon tient une réunion très attendue aujourd’hui, au cours de laquelle elle pourrait décider d’abandonner sa politique monétaire extrêmement souple en dépit de la forte opposition du gouvernement. Jugée peu probable au début du mois par les économistes, une hausse du taux au jour le jour est progressivement devenue plausible au fil des déclarations des responsables économiques. Le gouverneur de la BoJ, Masaru Hayami, considéré comme un orthodoxe en matière monétaire, s’est en effet montré très offensif en souhaitant un changement de politique «le plus rapidement possible». Le gouvernement a tenté de le contrer en multipliant les avertissements tout en reconnaissant une certaine impuissance, la BoJ ayant arraché son indépendance en avril 1998. Le ministre des Finances, Kiichi Miyazawa, a ainsi suggéré mercredi qu’une hausse des taux serait «inopportune» et a donc laissé entendre que le gouvernement souhaitait que la BoJ la reporte de quelques semaines ou mois. Ces pressions pourraient cependant avoir un effet inverse sur les neuf membres du Comité de politique monétaire, «très jaloux de l’indépendance de la BoJ», selon Richard Jerram, économiste à ING Barings. «Je pense que les hommes politiques ont placé les responsables de la BoJ au pied du mur et ceux-là n’ont d’autre choix que d’agir pour préserver leur crédibilité», selon lui. Le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun a indiqué que M. Hayami faisait campagne, auprès de ses huit collègues, pour garantir une majorité favorable à un resserrement monétaire. Le gouverneur a qualifié ce changement éventuel de «minime» puisque le taux au jour le jour, auquel se refinancent les banques pour une courte durée, serait porté à 0,25 %. Il retrouverait ainsi son niveau d’avant février 1999, date à laquelle il avait été abaissé près de zéro dans un contexte de récession et de crise bancaire. Aujourd’hui, M. Hayami estime que cette situation «exceptionnelle» n’a plus lieu d’être car la deuxième économie mondiale «est bien engagée sur la voie de la reprise» et que «les risques de déflation se sont évanouis». Au contraire, «le gouverneur est persuadé qu’il est temps d’agir pour prévenir les menaces d’inflation», selon Ikuo Masuda, analyste au Sakura Institute of Research. Pour le Premier ministre Yoshiro Mori et sa majorité, cet abandon de la politique laxiste intervient trop tôt. «L’économie japonaise est actuellement à un point charnière» et «le gouvernement entend faire le maximum pour l’aider à prendre le chemin d’une reprise totale», a ainsi expliqué le Premier ministre. L’éventualité d’un durcissement de la politique monétaire a profité hier au yen, qui s’est renforcé à 107,61-63 yens pour un dollar dans l’après-midi à Tokyo contre 108,07 la veille. Le marché boursier est resté très attentiste, le Nikkei reculant de 0,4 % à 15 975,65 points. Quoi qu’il en soit, un léger relèvement des taux devrait avoir un impact économique très limité, selon les analystes. Pour ING Baring, il réduirait le PIB de 0,2 % au cours des prochains 18 mois et son effet sera aisément compensé par la forte progression de la rentabilité des groupes nippons. De plus, la BoJ n’entend pas changer dans l’immédiat son taux officiel d’escompte, au niveau historiquement bas de 0,50 depuis septembre 1995.
La Banque du Japon tient une réunion très attendue aujourd’hui, au cours de laquelle elle pourrait décider d’abandonner sa politique monétaire extrêmement souple en dépit de la forte opposition du gouvernement. Jugée peu probable au début du mois par les économistes, une hausse du taux au jour le jour est progressivement devenue plausible au fil des déclarations des...