Vient de paraître - Le syndicalisme libanais a-t-il vécu son âge d'or et serait-il en régression ? Militantisme revendicatif ou participation au développement ?(photo)

La Fondation libanaise pour la paix civile permanente vient de faire paraître, en coopération avec la Fondation Konrad Adenauer, et sous la direction du professeur Antoine Messarra, un ouvrage sous le titre : Syndicats et organisations professionnelles au Liban : initiative et participation au développement et à la chose publique, Librairie Orientale, 2000, 256 p. Le coordinateur du projet nous présente une synthèse de l’ouvrage. «Beaucoup moins de revendications et plus d’initiatives», tel pourrait être l’objectif du programme de la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, en coopération avec la Fondation Konrad Adenauer, sur le thème : «Syndicats et organisations professionnelles : initiatives et participation au développement et à la chose publique». Les cinq exigences qui justifient la recherche sur les syndicats au Liban sont : - la fin de la politique ouvrière exclusivement revendicative à une époque où les problèmes sociaux deviennent globaux et se posent en termes de coopération et de partenariat, - la nécessité de préparer les acteurs sociaux au Liban à la concertation collective au sein du Conseil économique et social, - le renforcement des rapports entre les syndicats et la société et non seulement avec les adhérents et le pouvoir, - la nécessité de réhabiliter la politique qui est la gestion de la chose publique, et non exclusivement lutte pour le pouvoir et trafic d’influence, - l’engagement dans le changement social pacifique, parce que tant de moyens par le passé, dont la grève, ont perdu de leur efficience. Des rapports avec la société Présenter une liste de revendications de plusieurs mètres, c’est manquer à la fois de réalisme et de stratégie. En tant que partie intégrante de la société civile, les syndicats et organisations professionnelles exercent une pression sur les pouvoirs publics, non seulement par leur importance numérique et leur insertion dans les circuits économiques du pays, mais aussi par leur apport à la société globale, leur légitimité sociale et leur crédibilité. Les syndicats et organisations professionnelles au Liban ont noué des relations conflictuelles, complices ou revendicatives avec le pouvoir, mais n’ont pas encore consolidé leurs rapports avec la société globale, des rapports non limités aux adhérents et engagés dans une perspective de développement, de participation et d’espace public. L’ouvrage rassemble les travaux de trois séminaires organisés en 1999, à Tripoli en coopération avec le Mouvement culturel de Tripoli, à Saïda en coopération avec la Chambre de commerce et d’industrie du Sud, et à Zahlé. Le syndicalisme libanais a-t-il vécu son âge d’or et serait-il en régression ? Ce sentiment général, partagé par plus de 120 syndicats et organisations professionnelles de tous les mohafazats qui ont participé aux trois séminaires est cependant atténué grâce à la présentation de plusieurs initiatives syndicales qui contribuent au développement humain dans plusieurs régions et dans une perspective plus large que les revendications exclusivement salariales. Quelle est la situation actuelle du syndicalisme libanais ? Quelles sont ses fonctions au-delà de la défense des intérêts professionnels de ses adhérents ? Quelles sont les perspectives d’avenir ? Quelle est la nature des rapports avec le pouvoir et la société ? Les travaux rassemblés dans l’ouvrage se caractérisent par une volonté d’écoute et le souci de déterminer les jalons d’un syndicalisme libanais plus engagé dans la chose publique et au-delà des intérêts immédiats du salariat et du patronat. De fait, l’amélioration de la condition des travailleurs n’est pas exclusivement d’ordre pécuniaire. Il y a l’adaptation aux mutations du travail, la formation des travailleurs, la qualité et la compétitivité du travail, l’éthique professionnelle, l’impact social du travail… Quant aux ordres professionnels, jusqu’à quand l’Ordre des médecins peut-il rester étranger aux problèmes de l’éthique médicale ? L’Ordre des ingénieurs à la détérioration du patrimoine architectural du Liban ? Le syndicat des enseignants au relèvement du niveau de l’enseignement et au droit à un enseignement de qualité pour tous… Une réelle diffusion du savoir n’est pas exclusivement du rôle des universités, mais aussi des organisations professionnelles. Initiatives et modèles Les syndicats et organisations professionnelles sont partie intégrante de la société civile et, à l’instar des ONG, ils peuvent stimuler la participation et l’engagement. Ils ont établi des liens épisodiques, lors des élections, avec leurs membres, et des relations tendues ou complices avec le pouvoir, mais pas assez avec la société. Afin de sortir du discours à l’orientale et des pérégrinations à la libanaise, plusieurs initiatives syndicales, pionnières et de terrain, sont exposées. Elles s’inscrivent dans une perspective publique et de développement humain. Il s’agit notamment d’éthique médicale, d’éthique de l’ingénieur, d’information et d’éducation médicale, d’une campagne de prévention, de révision législative, de services sociaux aux syndicalistes, d’amélioration des relations professionnelles, de promotion agricole… Avec la globalisation des problèmes sociaux, les changements accélérés du travail et l’extension de la dimension éthique dans les rapports professionnels, les syndicats libanais doivent impérativement s’engager dans une perspective renouvelée et plus large que celle de la seule défense des intérêts immédiats des membres. * Un précédent ouvrage a paru en 1999 dans les publications de la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, en coopération avec la Fondation Konrad Adenauer sous le titre : Syndicats et organisations professionnelles au Liban : stratégie de participation et de démocratie sociale (Librairie Orientale, 1999, 256 p.).