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Actualités - ANALYSE

Un match de cath où tous les coups bas sont permis

Ravi du spectacle, mais légèrement choqué sinon scandalisé, le bon public libanais s’écrie en chœur : c’est du jamais vu ! Du jamais entendu surtout. Car les invectives, doux euphémisme, volent de partout en rase-mottes. Les règles de ce jeu de cirque ? Il n’y en a que trois, du reste complémentaires : frapper le premier très fort, pour précipiter l’autre à terre et le traîner dans la boue. Aucun fair-play, aucune retenue, aucune éthique et souvent, aucun respect de la loi. Quand tout ira devant les tribunaux, qui commencent à être saisis de plaintes et de contre plaintes en diffamation, on se demande ce que cela va donner. Le «discours politique» tourne à la fange et ne peut inspirer, passé le premier moment d’amusement, que du dégoût. Le plus étrange est que dans leurs échanges d’amabilités, les protagonistes se reprochent réciproquement le niveau, ou plutôt le caniveau, atteint. Et même largement dépassé dans les profondeurs. Ce laisser-aller déplorable, cette anarchie verbale, certains le jugent comme étant l’un des chapitres du scénario élaboré par les réalisateurs de ces élections. Autrement dit par ces fameux «fantômes» que tout le monde dénonce mais que nul n’identifie clairement. Le but visé serait double : – Jeter de la poudre aux yeux, pour faire oublier un peu les montages savants entrepris, ce que l’on appelle les listes fabriquées. – Discréditer encore plus les Libanais aux yeux du monde, sinon à leurs propres yeux, pour bien faire comprendre qu’ils ne sont pas encore assez mûrs pour être vraiment indépendants et s’autogouverner. C’est peut-être aller un peu trop loin dans les déductions, car il est peu probable que le monde s’intéresse aux turpitudes locales. Mais il n’en reste pas moins que l’expérience en cours jette un doute sérieux sur la «démocraticité», si l’on peut dire, du Libanais. Cela vaut pour la base autant que pour les politiciens, puisque nul ne peut en principe valoir mieux que ses représentants. Actuels ou virtuels. Une question se pose dès lors: pourquoi la justice n’intervient-elle pas pour y remettre bon ordre ? Les flèches de Parthes partent de tous côtés. Personne n’épargne personne. Un exemple entre mille : un ancien président du Conseil basé en province tire à boulets rouges sur un ministre en fonctions, qu’il présente comme un «pirate» ayant à son actif le détournement, via ses sociétés, de centaines de millions de dollars. Seule retombée de cette charge publique en prévarication : non pas une enquête judiciaire, mais «un coup de fil» à l’ancien Premier ministre pour le prier de mettre une sourdine à ses accusations, de ne plus égratigner la dignité d’autrui. Au même pôle, les conseilleurs (qui ne sont jamais les payeurs, on ne le sait que trop) ont demandé d’atténuer également le ton confessionnaliste de ses déclarations. Mais le leader concerné aurait décidé de passer outre à ces remarques et de reprendre de plus belle ses diatribes contre le ministre qui est sa bête noire. Ce dernier, pour sa part, affirme qu’il est résolu à garder son calme et à ne pas rompre de lances avec son tourmenteur. Sur un autre front, un député sortant s’en prend violemment à un autre ministre, accusé d’abus divers. Ministre, qui de son côté, se distingue par la verdeur de ses jugements de valeur concernant ses concurrents. Et ainsi, de pulsions agressives en états d’âme plus ou moins délicats, le show va son petit bonhomme de chemin. Il est à craindre, dans ces conditions, qu’on ne soit tenté de le pimenter encore plus par des rixes ou même des clashes armés. Une fois la rue chauffée, il devient difficile de la contenir. Surtout à l’approche de l’heure H. H, comme catch.
Ravi du spectacle, mais légèrement choqué sinon scandalisé, le bon public libanais s’écrie en chœur : c’est du jamais vu ! Du jamais entendu surtout. Car les invectives, doux euphémisme, volent de partout en rase-mottes. Les règles de ce jeu de cirque ? Il n’y en a que trois, du reste complémentaires : frapper le premier très fort, pour précipiter l’autre à terre et...