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Actualités - INTERVIEWS

Reconstruction - Un entretien avec le représentant du Pnud au Liban Yves de San : le Liban a de grandes capacités, mais demeure vulnérable

Dans les mois à venir, le Liban-Sud figurera sans aucun doute en tête des projets du gouvernement. La construction de routes, le déblayage des décombres, la mise en place de réseaux de télécommunication et d’autres travaux urgents ont été proposés par l’État libanais au cours de la réunion préparatoire du Congrès des pays donateurs, tenue jeudi dernier au Grand Sérail. Dans un premier temps, ce sont probablement des projets de taille moyenne ou petite qui seront mis en place. «Les projets urgents, même de taille réduite, feront la différence auprès des habitants», a indiqué dans une interview à L’Orient-Le Jour le représentant du Programme des Nations unies au Liban, Yves de San. Pour le responsable onusien, «la priorité au Liban-Sud est humaine et non politique». Il faudra donc prévoir entre autres le retour des déplacés, le déminage de la zone, la création d’emplois… Notant que, «dans chaque pays qui a connu l’occupation, le même problème se pose : il faut réintégrer l’ancienne zone occupée au territoire», il a souligné, cependant, l’importance de «ne pas traiter le Liban-Sud comme étant une zone différente du reste du pays». Et M. de San de souligner que, « de même que le Liban-Sud ne peut être séparé du Liban, le Liban ne peut être séparé de la zone dans laquelle il se trouve, le Moyen-Orient, qui regroupe, entre autres, la Syrie et Israël, et où le processus de paix piétine». Évoquant les projets qui pourraient être financés par les bailleurs de fonds, M. de San a déclaré qu’il «ne faut surtout pas que la communauté internationale prenne des initiatives qui risquent de créer une cassure au niveau du pays, en mettant en place, par exemple, des structures séparées du reste du Liban». «Il est nécessaire que les structures institutionnelles, les mécanismes d’aide au développement, soient des mécanismes qui s’appliquent à tout le pays», a-t-il ajouté. Et de poursuivre que «la zone méridionale n’est pas nécessairement plus pauvre que les autres régions du Liban». M. de San a estimé que le timing de la réunion préparatoire au Congrès des pays donateurs est important, car « il faut réintégrer au plus vite l’ancienne zone occupée au reste du pays». «C’est une première étape très importante symboliquement», a-t-il indiqué. À la question de savoir si, à l’issue de la réunion préparatoire, de grands projets de développement verront le jour ou bien si un tel programme attendra la signature de la paix, le représentant du Pnud a répondu que «le financement de certains grands projets existe, cependant, dans les mois à venir, il est nécessaire de mettre en place des projets de petite et de moyenne taille qui feront la différence auprès de la population». Souvent les bénéfices d’un grand projet exécuté à long terme ne sont pas immédiats. Or la population du Liban-Sud a besoin d’une aide rapide. Quel genre de projets les pays donateurs décideront-ils de financer ? «Beaucoup de donateurs commenceront à agir, d’ailleurs certains ont déjà pris des initiatives», a noté M. de San. Ils exécutent de petits projets relatifs à la création d’emplois, aux domaines de la santé et de la réinsertion sociale, au déminage, etc. Ces projets créent à long terme l’infrastructure nécessaire, du point de vue institutionnel, pour la mise en place de programmes plus importants. La réunion de jeudi dernier encouragera également certains pays, qui veulent contribuer à la reconstruction du Liban-Sud sans pour autant effectuer d’importants investissements, à agir. Le rôle des organismes internationaux, comme le Pnud, consiste à assurer le mécanisme de suivi. «Il ne faut pas attendre la fin du statu quo au Liban-Sud pour entamer les projets, qui amélioreront la situation», souligne le représentant du Pnud. Qualifiant le rôle du Pnud «d’ingrat et d’exigeant», M. de San explique que l’institution qu’il représente «est en même temps très imbriquée dans le système libanais et dans le système international. Elle risque donc d’être critiquée des deux côtés». «La seule manière d’échapper aux critiques est de rester inactif, or nous sommes extrêmement actifs et donc vulnérables des deux côtés», a-t-il ajouté. L’organisme onusien tente d’édifier les bases solides d’un développement durable dans le pays. «Il faut qu’un jour le Liban se passe de notre aide», a indiqué le représentant du Pnud. Combien de temps cela prendra-t-il ? «Contrairement à la plupart des pays où nous sommes opérationnels, au Liban l’on voit la fin du tunnel. On réalise que le pays possède de grandes capacités ; le Liban demeure cependant vulnérable pour des raisons géostratégiques et économiques», a déclaré M. de San.
Dans les mois à venir, le Liban-Sud figurera sans aucun doute en tête des projets du gouvernement. La construction de routes, le déblayage des décombres, la mise en place de réseaux de télécommunication et d’autres travaux urgents ont été proposés par l’État libanais au cours de la réunion préparatoire du Congrès des pays donateurs, tenue jeudi dernier au Grand...